Définition de ENNUYER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : an-nui-ié, an prononcé comme dans antérieur

DÉFINITIONS

1
Nature : Impersonnellement, il ennuie à, c'est-à-dire de l'ennui est éprouvé (l'emploi neutre et impersonnel est le premier, à cause de l'étymologie de ennui, in odio, en haine). Il ennuie à qui attend.
Est-il possible qu'il vous ennuie si fort en Asie, qui est le théâtre de vos exploits ?
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. 559
Il t'ennuie avec moi
de Pierre CORNEILLE dans Mélite, III, 6
Lorsque j'étais aux champs, n'a-t-il point fait de pluie ? - Non. - Vous ennuyait-il ? - Jamais je ne m'ennuie
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Éc. des f. II, 6
Il vous ennuyait d'être maître chez vous
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans G. Dand. I, 3
Il m'ennuie de ne plus vous avoir
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 19
Il m'ennuyait de leur absence
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 517
Depuis deux jours que je suis de retour, il m'ennuie déjà de ne point vous voir
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Corresp. du Peyrou, t. III, p. 59, dans POUGENS
Marquez-moi si je puis compter sur votre libraire, il m'ennuierait fort d'en chercher un autre
de Paul Louis COURIER dans Lett. I, 58
2
Nature : V. a. Causer de l'ennui.
Nous pardonnons souvent à ceux qui nous ennuient ; mais nous ne pouvons pardonner à ceux que nous ennuyons
de François, duc de LA ROCHEFOUCAULD dans Max. 304
Le sage quelquefois évite le monde de peur d'être ennuyé
de Jean de LA BRUYÈRE dans V
On lit peu ces auteurs faits pour nous ennuyer, Qui toujours sur un ton semblent psalmodier
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. I
Nature : Absolument.
Un homme habile sent s'il convient ou s'il ennuie
de Jean de LA BRUYÈRE dans V
À quelque prix que ce puisse être, Sauve-moi l'affront d'ennuyer
de LAMOTTE dans Odes, t. I, p. 155, dans POUGENS
Mais malheur à l'auteur qui veut toujours instruire ; Le secret d'ennuyer est celui de tout dire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Discours VI
3
S'ennuyer, Nature : v. réfl. Éprouver de l'ennui. S'ennuyer de tout.
Enfin ce galant homme s'ennuya de les ennuyer : il les délivra de sa fâcheuse visite
de Paul SCARRON dans Rom. com. I, 13
Nous nous vantons souvent de ne nous point ennuyer ; nous sommes si glorieux que nous ne voulons pas nous trouver de mauvaise compagnie
de François, duc de LA ROCHEFOUCAULD dans Max. 141
Qu'on leur die Qu'ils se font trop attendre et qu'Attila s'ennuie
de Pierre CORNEILLE dans Attila, I, 1
Et vous qui vous plaisez aux folles passions, Profanes amateurs de spectacles frivoles, Dont l'oreille s'ennuie au son de mes paroles
de Jean RACINE dans Esther, Prologue.
Il [Stilicon] s'ennuya de n'être que le tuteur, le beau-père, le favori et le maître même de l'empereur, et entreprit de mettre l'empire dans sa maison
de Esprit FLÉCHIER dans Hist. de Théod. IV, 75
Parce qu'Alexandre s'ennuie, Il va mettre le monde aux fers
de LAMOTTE. dans Fabl. I, 16
S'ennuyer à, avec l'infinitif. S'ennuyer à attendre.
Faire ennuyer, avec suppression du pronom personnel, faire qu'on s'ennuie.
Et ceux qui l'ont tiré de l'exercice de sa charge pour le promener à Paris ne prétendent autre chose que de le faire ennuyer
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans VIII, Lett. 47

HISTORIQUE

1
XIe s.
Nos cheval sont et las et ennuiez
dans Ch. de Rol. CLXXVI
2
XIIe s.
Les Frans de France trouverez enuiez De coups ferir....
dans Ronc. p. 69
Baron, dit l'anfes [l'enfant], ne vous doit anuier....
dans ib. p. 187
Mout annuia Tierri quant se sentit navré
dans ib. p. 195
Tant [je] ne porroie servir [ma dame] Qu'il me peüst ennuyer
dans Couci, XI
Gilemer, dit li dus, mout nous doit anuier Que tant nous veut cist rois pener et travaillier
dans Sax. XVI
3
XIIIe s.
Seignor, or escoutez, pour Dieu [que cela] ne vous ennuit
dans Berte, XXXVI
Mout forment luy ennuye de sa fille Bertain, De qui la gent se plaignent de toutes pars à plain
dans ib. LXXIII
Ci se volt taire Faus-semblant ; Mais amors ne fait pas semblant Qu'il soit ennoiés de l'oïr
dans la Rose, 11417
4
XVe s.
Tous maulx suis content de porter, Fors ung seul qui trop fort m'ennuye, C'est qu'il me faut loing demourer De celle que tiens pour amye
de Charles D'ORLÉANS dans Ball. 40
Par la raison que vous avez ouye cy dessus, et aussi que les choses longues luy ennuyoient
de Philippe de COMMINES dans III, 3
Ceste armée d'Angleterre mist bien ung an à estre preste ; il ennuya à monseigneur de Bourgogne
de Philippe de COMMINES dans IV, 1
5
XVIe s.
Veu que tous ceux qui le plus fort s'appuyent Sur leurs plaisirs, de leurs plaisirs s'ennuyent
de Clément MAROT dans I, 383
Vous pouvés penser combien la longueur de son mal luy ennuye
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans Lett. 143
Il luy ennuyoit de veoir les choses en paix et repos
de Jacques AMYOT dans les Gracq. 44

ÉTYMOLOGIE

1
Ennui ; Berry, ennier, ennueyer ; prov. enoiar, enujar, enuiar, enuejar, enueiar ; anc. catal. enojar, ennujar ; catal. mod. enujar ; espagn. et portug. enojar ; ital. annoiare.

Synonymes de ENNUYER

Termes proches de ENNUYER