Définition de ENNHMIMRE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : mé-na-j'

DÉFINITIONS

1
L'ordre et la dépense d'une maison, ou, dans le langage scientifique, l'économie domestique. Il conduit bien son ménage. Ménage de ville. Ménage de campagne. Ménage de garçon. Être dans son ménage. Les détails du ménage. Son ménage lui coûte tant.
Un tonnelier et sa femme Nanon Entretenaient un ménage assez mince
de Jean de LA FONTAINE dans Cuv.
Que vous jouez au monde un petit personnage, De vous claquemurer aux choses du ménage !
C'est un homme qui ferait les Géorgiques de Virgile, si elles n'étaient déjà faites, tant il sait profondément le ménage de la campagne !
Conduis bien ton ménage, Divertis-toi, bois, dors, sois tranquille, sois sage
À profit de ménage, en économisant sur les dépenses de la maison.
Nous avons fait deux admirables feux devant cette porte, c'était la veille et le jour de la Saint-Jean.... mais c'étaient des feux à profit de ménage ; nous nous y chauffions tous, on ne couche plus sans fagot, on a repris ses habits d'hiver
Toile de ménage, toile dont le fil est fait dans les maisons particulières, et qui a plus de corps que celle que les marchands vendent ordinairement.
Pain de ménage, pain que l'on cuit dans les maisons particulières. Pain de ménage, se dit aussi du pain blanc, non de luxe, que font les boulangers à l'imitation des pains que l'on cuisait chez soi.
Liqueurs de ménage, liqueurs qu'on fait chez soi.
Jambons de ménage, jambons qu'on fait chez soi.
Sémantique : Familièrement. Avoir ménage en ville, entretenir une maîtresse.
2
Ensemble de plats, de vases, d'ustensiles de cuisine et autres, nécessaires au ménage. Son ménage s'en va pièce à pièce par la négligence de ses domestiques.
Car avec rien on montait un ménage
de Jean de LA FONTAINE dans Herm.
Sémantique : Fig. On lui remue son ménage, se dit de celui dont on vend les biens par autorité de justice.
Petit ménage, ustensiles de ménage en diminutif que l'on donne aux enfants, et, particulièrement, aux petites filles, pour faire la dînette.
Je ne sais si je tombe en enfance ; mais le petit ménage d'argent que vous avez envoyé à Mlle de la Tour me plaît autant qu'à elle
L'appartement et l'ensemble des meubles.
Je ne saurais plus voir mon ménage propre avec cet attirail de gens que vous faites venir chez vous
3
Soin qu'on donne à l'arrangement et à la propreté des meubles d'un appartement. Cette servante est plus propre au ménage qu'à la cuisine.
Femme de ménage, femme qui vient du dehors pour prendre soin des choses du ménage.
Sémantique : Par extension, dans le style familier. Je loge au quatrième étage ; C'est là que finit l'escalier ; Je suis ma femme de ménage, Mon domestique et mon portier, DÉSAUGIERS.
Faire des ménages, se dit de la femme de ménage qui vient faire ce qui est nécessaire pour le service du ménage. Cette femme gagne sa vie à faire des ménages.
4
Conduite économique que l'on tient dans l'administration des biens, de l'argent.
Ma grand'mère paternelle était de la maison d'Ellebeuf, où il y avait alors cinq ou six terres nobles, desquelles, par mauvais ménage, il en est bien à peine demeuré une aux mains de l'héritier
de François de MALHERBE dans Instruction à son fils, édit. LALANNE, 1862, t. I, p. 332
Les deniers des recettes en partie se perdaient par mauvais ménage, et en partie étaient mangés par les principaux de la ville qui les partageaient entre eux....
de François de MALHERBE dans le XXXIIIe livre de Tite Live, ch. 46
Lui, berger, pour plus de ménage Aurait deux ou trois mâtineaux Qui, lui dépensant moins, veilleraient aux troupeaux
Certain butor conseillait par ménage Qu'on abolît ces travaux précieux
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Apol. du luxe.
Vivre de ménage, vivre avec économie.
Le maître du logis veut selon son pouvoir Regaler l'étranger ; il vivait de ménage, Mais donnait de bon coeur, comme on donne au village
de ANDRIEUX dans Imit. d'Horace.
Il vit de ménage, se dit, par plaisanterie, d'un homme dérangé qui vend pour vivre ses meubles et ustensiles, et qui, de la sorte, vit en effet de son ménage.
Un débauché.... qui me vend, pièce à pièce, tout ce qui est dans le logis ! - C'est vivre de ménage
Sémantique : Fig. Ménage de bouts de chandelle, épargne sordide dans de petites choses.
5
Toutes les personnes dont une famille est composée. Il y a trois ou quatre ménages logés dans cette maison.
6
L'association d'un homme et d'une femme mariés ensemble.
Certain riche bourgeois s'étant mis en ménage
de Jean de LA FONTAINE dans Contr.
Lorsqu'on met une fille en ménage
de Jean de LA FONTAINE dans Cal.
Madame X***, après deux ans de ménage avec Fromenteau, l'a enfin déclaré son mari
Jamais vous n'avez vu une mariée si douce, elle va droit à son ménage et dit déjà mon mari
Vous voilà, ma chère enfant, dans votre ménage ; je prie Dieu de le bénir
Pour une petite fantaisie qui vous passe par la tête, vous venez troubler la paix d'un ménage, cela n'est pas bien
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Colin-maillard, sc. 14
Je me rappelai ce que disent les sages, que l'amitié fait plus de bons ménages que l'amour
Faire bon ménage, mauvais ménage, se dit d'un mari et d'une femme qui vivent en bonne, en mauvaise intelligence.
À votre père ai-je dit ce secret ? En avons-nous fait plus mauvais ménage ?
de Jean de LA FONTAINE dans Aveux.
Sémantique : Fig. Faire bon ménage avec quelqu'un, vivre avec lui en bonne intelligence.
J'attaquerai un de ces jours ce coadjuteur, je lui rappellerai le bon ménage que nous faisions à Paris
Nous sommes en assez bon ménage [l'archevêque d'Arles et moi] pour que je puisse lui dire mon sentiment sur un sujet dont il me parle le premier
Je n'ai jamais vu des soins et des amitiés comme ceux de M. et de Mme de Coulanges pour moi ; c'est le parfait ménage à mon égard
Hospice des Ménages, hospice de Paris destiné aux époux âgés et indigents.
7
Sémantique : Fig. Sage manière de conduire, de faire les choses.
Les grâces que je reçois se dispensent avec tant de ménage, que je ne puis racheter un oeil que par une jambe
On ne parle ici que de la merveilleuse conduite du roi, du grand ménage de M. Colbert, et du procès de M. Fouquet
de Jean RACINE dans Lett. 16 à Levasseur.
L'opéra, jusqu'à ce jour, n'est pas un poëme, ce sont des vers ; ni un spectacle, depuis que les machines ont disparu par le bon ménage d'Amphion [Quinault] et de sa race ; c'est un concert....
Sémantique : Ironiquement. Désordre, ruine.
Ces deux troupes partant d'Élatée désolèrent tout par où elles passèrent ; il n'y eut lieu qui ne fût ruiné, homme ni femme qui n'abandonnât sa maison ; ce piteux ménage ayant donné de meilleures pensées aux Béotiens, ils envoyèrent vers Quintius
de François de MALHERBE dans Le XXXIIIe livre de T. Live, ch. 29
L'escarbot indigné Vole au nid de l'oiseau, fracasse, en son absence, Ses oeufs, ses tendres oeufs, sa plus douce espérance.... L'aigle étant de retour et voyant ce ménage Remplit le ciel de cris
C'est que je ne puis voir tout ce ménage-ci, Et que de me complaire on ne prend nul souci
Il a fait là un beau ménage, se dit de quelqu'un qui a brisé des objets ou fait quelque désordre dans sa maison.

SYNONYME

1
MÉNAGE, ÉPARGNE. Le ménage est le bon emploi de l'argent ; par le ménage on ne dépense pas plus qu'il ne faut ; par l'épargne on met de côté, en réserve, certaines sommes d'argent.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Ostel ou maisnage [logis]
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXIV, 18
Il n'y a si fol ne si sage, S'il a guere esté en mesnage....
dans Choses qui faillent en ménage
2
XIVe s.
Jehans de Condet, qui estoit De son maisnage [d'un comte] et qui viestoit Des robes de ses esquiiers
de J. DE CONDET dans p. 93
Escuelles, nappes, draps et autre mesnage du dit hostel
Un mesnage qui appartenoit à Pierre Adigart, assis en la parroisse Nostre Dame de Saint-Lo
3
XVe s.
Le suppliant, qui est demourant près Angiers, où il a accoustumé de gaingnier la poure vie de lui, ses femme et mesnage, à labourer et perroyer
Se je di : gardez le mesnaige ; Or [ma femme] me faint un pelerinaige
de Eustache DESCHAMPS dans Miroir de mariage, p. 12
4
XVIe s.
Si nous ne trouvons belle place et à plaisir pour nostre mesnage, faudra il point dire que nous sommes bien despourveus de sens ?
Thalès accusant quelquefois le soing du mesnage et de s'enrichir
de Michel de MONTAIGNE dans I, 141
Tout sert en mesnage
de Michel de MONTAIGNE dans I, 168
Mon goust ne s'accommode aulcunement au mesnage [soins domestiques]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 281
Je veois avecques despit, en plusieurs mesnages, monsieur....
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 105
Par ce nom de mesnage est entendue toute la famille : particulierement en plusieurs endroits de ce roiaume, les petits enfans sont appellés mesnage ; mesnage aussi appelle on les meubles et ustensiles de la maison
de Olivier DE SERRES dans 818
Quand à un regiment de dix enseignes, on assigneroit seulement quatre mille escus pour les avantages par chacun an, seroit-ce un si mauvais mesnage ?
Sachez que presque tous les hommes en sont reduits à ce point, ou d'estre en mauvais mesnage avec la conscience ou avec les affaires du siecle
Il faut bien de ces menages [épées de combat] à un pauvre cavalier qui est exterminé [déterminé] à ne souffrir d'aucun
Ung petit menage d'argent pour enfans, tout complet de buffet, pots, plats, escuelles et telle autre chose, comme on les faict à Paris, pour envoyer à l'enfant de Mme la duchesse de Baviere, accouchée puis n'aguères
dans Lett. de Claude de France, duchesse de Lorraine, à Pierre Hottmann, orfèvre, DE LABORDE, Émaux, p. 387
L'autre cause de leur mauvais mesnage [querelle] fut le comté de Dampmartin
dans Sat. Mén éd. LABITTE, p. 135

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, manège ; namur. mainnage ; Berry, meinage ; bourguig. mannaige ; languedocien et gascon, maynatge ; bas-lat. masnaticum, mansionaticum dérivé de mansio, habitation (voy. MAISON). Dans l'historique, mesnage a plus d'une fois le sens de logis, habitation.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
MÉNAGE. - HIST. Ajoutez :
2
XIVe s.
Et quant aucuns devenroit si viel qu'il ne pourroit plus aler avant le pays, il debvoit avoir son mainage et ses despens ou dit hostel
de J. LE BEL dans les Vrayes chroniques, t. II, p. 174