Définition de LASSER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : lâ-sé

DÉFINITIONS

1
Causer la lassitude physique.
Un voyage si long doit vous avoir lassée
Il ne faut pas que le roi se persuade que ce palais superbe qui occupe aujourd'hui tant d'esprits et qui lasse tant de mains, éternise son nom
de Gilles MÉNAGE dans Préface aux oeuvres de Malherbe
Dès qu'il [Charles XII] put monter à cheval, il reprit ses fatigues ordinaires, toujours se levant avant le soleil, lassant trois chevaux par jour, faisant faire l'exercice à ses soldats
Nature : Absolument. Cette danse lasse beaucoup.
Sémantique : Fig.
La moisson de nos champs lassera nos faucilles, Et les fruits passeront les promesses des fleurs
de François de MALHERBE dans II, 1
Ainsi ce roi qui seul a durant quarante ans Lassé tout ce que Rome eut de chefs importants
Le malheur qu'il sait vaincre et qu'il ne peut lasser
2
Causer la lassitude morale.
Ne vous suffit-il pas de lasser la patience des hommes, sans lasser encore celle de mon Dieu ?
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Isaïe, VII, 13
Moi-même revêtu d'un pouvoir emprunté.... J'ai cent fois dans le cours de ma gloire passée Tenté leur patience [des Romains] et ne l'ai point lassée
Les maux ont lassé mon courage
Qui peut avoir sitôt lassé votre justice ?
3
Ennuyer, dégoûter.
Je m'accoutume à faire de longues lettres, et j'ai peur de vous lasser
Traître, je suis lassé d'entendre tes leçons
Tant de précaution commence à me lasser
Je ne trouve qu'en vous je ne sais quelle grâce Qui me charme toujours et jamais ne me lasse
Les dieux n'étaient pas encore lassés de me persécuter
Nature : Absolument.
Il ne faut point détourner l'esprit ailleurs, sinon pour le délasser, mais dans le temps où cela est à propos ; le délasser quand il faut et non autrement ; car qui délasse hors de propos, il lasse
Rien ne lasse comme les choses extraordinaires devenues communes ; il n'y a que les besoins renaissants qui puissent donner du plaisir tous les jours
4
Se lasser, Nature : v. réfl. Devenir physiquement las. Ils se sont lassés à force de courir.
La barbarie des bourreaux se lasse sur un corps formé par l'Esprit saint
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Passion.
Sémantique : Fig.
Auguste s'est lassé d'être si rigoureux
Qui se lasse d'un roi peut se lasser d'un père
On se lasse bientôt de l'amour d'une femme, Mais la soif de régner règne toujours sur l'âme
Il n'est pas encor temps que l'amitié se lasse
Le ciel s'est donc lassé de m'être impitoyable
de Pierre CORNEILLE dans ib. V, 2
Ce grand homme [César], a-t-on dit, était persuadé que la beauté du langage dépend beaucoup plus d'user des meilleurs mots que de les diversifier, et, s'il était content d'une expression, il ne s'en lassait point, et ne craignait pas non plus d'en lasser les autres
de MÉRÉ dans Oeuvres posthumes, p. 45
De travailler pour lui [l'estomac] les membres se lassant
Un mari qui vous adore, qui ne peut se lasser d'être auprès de vous
Néron de vos discours commence à se lasser
Peut-être la fortune est prête à vous quitter.... Prévenez son caprice avant qu'elle se lasse
Dieu même, disent-ils, s'est retiré de nous.... Et sa miséricorde à la fin s'est lassée
Enfin, pour ne pas parler de tous les anciens historiens, est-il un homme sensé qui se lasse de la lecture de Plutarque ?

REMARQUE

1
Se lasser régit tantôt la préposition à, tantôt la préposition de devant un infinitif. Dans le premier cas, il signifie faire une chose avec effort jusqu'à la lassitude :
L'autre en vain se lassant à polir une rime....
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Disc. au roi

HISTORIQUE

1
XIe s.
[Se] Lasserat Charles, si recreront si Franc [ses Français refuseront d'aller plus loin]
dans Ch. de Rol. LXVII
2
XIIe s.
Du cheval [il] descendi, où il n'ot que lasser
dans Sax. XII
3
XIIIe s.
Ensi reposerent ceus de l'ost, qui moult erent lassés celle nuit
Les chevaus estoient lassez, et le jour estoit eschaufé
4
XVe s.
Jeune, gente, nompareille princesse, Puisque ne puis veoir vostre jeunesse, De m'escrire ne vous veuillez lasser
de Charles D'ORLÉANS dans Bal 38
5
XVIe s.
Il survint une grosse pluye qui les rompit et lassa encore plus que la besongne qu'ils avoient faitte
de Jacques AMYOT dans Syll. 39

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. lassar ; catal. llassar ; ital. lassare ; du lat. lassare (voy. LAS 1).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
LASSER (la-sé), Nature : v. a. Prendre, saisir avec le lasso.
Aussitôt qu'il l'a lancé [le lasso], les deux gauchos montés lancent leurs chevaux de manière à entraîner les boeufs lassés jusqu'à ce que leurs têtes viennent se choquer contre la barrière
dans Journ. offic. 19 mars 1877, p. 2162, 1re col.
2
Espagn. lasso, lacs.

Synonymes de LASSER

Termes proches de LASSER

Phonétiquement proche de LASSER