Définition de CHOQUER

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : cho - ké

DÉFINITIONS

1
Donner un choc contre.
Il ne voit point d'écueil qu'il ne l'aille choquer
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VIII
L'oiseau de Jupiter.... Choque de l'aile l'escarbot
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. II, 8
Ayant choqué celui qu'ils virent les armes à la main contre lui, ils l'avaient porté à terre
de Paul SCARRON dans Rom. com. II, 14
La phalange aussi choqua la bataille [le corps de bataille] des Indiens, qui fut rompue tout d'un coup
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. 491
Quelque jour ce jeune lion Choquera la rébellion, En sorte qu'il en sera maître
de François de MALHERBE dans VI, 16
Sémantique : Familièrement. Choquer le verre, trinquer.
Et pour choquer, Nous provoquer, Le verre en main, en rond nous attaquer
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Trinquons.
Nature : Absolument, en ce sens. Choquons. Voulez-vous choquer avec moi ?
2
Sémantique : Fig. Offenser, blesser, déplaire.
Soit qu'il plaise à mes yeux, soit qu'il me choque en l'âme
de Pierre CORNEILLE dans Othon, II, 5
Ah ! rien de votre part ne saurait me choquer
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. V, 5
Ou si ce nom vous choque ailleurs qu'en Arménie
de Pierre CORNEILLE dans ib. III, 2
En faveur des chrétiens s'il choquait son courroux
de Pierre CORNEILLE dans Poly. V, 1
Encor que de ma part tout vous choque et vous blesse
de Jean de ROTROU dans Vencesl. I, 1
On ne le peut heurter qu'on ne me choque en lui
de Jean de ROTROU dans Bélis. IV, 6
Dès que les hommes choquent notre goût
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Pardon.
Les dominicains sont trop puissants, et la société des jésuites est trop politique pour les choquer ouvertement
de Blaise PASCAL dans Prov. 2
Des décrets qui choquent vos sentiments
de Blaise PASCAL dans ib. 18
Toujours au plus grand nombre il faut s'accommoder, Et jamais il ne faut se faire regarder ; L'un et l'autre nous choque ; et tout homme bien sage Doit faire des habits ainsi que du langage
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Éc. des maris, I, 1
L'hippogriffe n'a rien qui me choque l'esprit
de Jean de LA FONTAINE dans Coupe.
Une robe toujours m'avait choqué la vue
de Jean RACINE dans Plaid. II, 6
Ce qui me choque de ces beaux esprits, c'est qu'ils ne se rendent pas utiles à leur patrie
de MONTE dans Q. Lett. pers. 36
J'ignore comment il faut présenter au roi le détail de Fontenoi et les autres événements qui ne peuvent choquer que sa modestie
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. duc de Choiseul, mars 1762
Nature : Absolument.
On vous dira de là-haut qu'on peut quelque chose de difficile, puisqu'on peut embrasser tout ce qui choque
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans la Vallière.
Un remède infaillible pour empêcher que les hardiesses ne choquent, c'est de ne les employer que dans la passion
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Longin, sublime, 31
3
Être contraire ou agir contrairement à.
Si on choque les principes de la raison
de Blaise PASCAL dans Rel. 2
Elles ont quelque chose qui choque la bienséance
de Pierre CORNEILLE dans Ex. du Cid.
De notre Sparte il choquera les lois
de Pierre CORNEILLE dans Agésil. II, 6
Vous prétendez choquer ce que j'ai résolu
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Sgan. 1
Quatre choses choquaient la liberté de Rome
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XI, 14
Ce dessein, don Juan, ne choque point ce que je dis
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans le Festin, V, 3
S'ils choquent les bonnes moeurs, ils seront notés d'infamie
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. à Mlle Clairon, 27 août 1761
Choquer l'oreille, produire des sons, joindre des mots qui offensent l'oreille ; et figurément, tenir des propos qui déplaisent.
4
Sémantique : En termes de marine, choquer un cordage tendu, le filer avec précaution.
Choquer du câble, en filer dehors.
5
Se choquer, Nature : v. réfl. Recevoir et donner un choc. Ces deux voitures se sont choquées.
Il conçut que ces grands corps, qui semblaient en se choquant préparer leur communes ruines, étaient au fond des institutions salutaires
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Babouc.
Les astres brisant leurs orbites Se choquent dans l'immensité
de Casimir DELAVIGNE dans Paria, IV, 7
Sémantique : Par extension, former un hiatus.
Que vous songiez à accommoder des consonnes qui se choquent et à mesurer des périodes....
de Vincent VOITURE dans Lett. 186
En venir aux mains, en parlant d'hommes ou de troupes qui s'abordent pour se combattre.
Tant qu'on ne s'est choqué qu'en de légers combats
de Pierre CORNEILLE dans Hor. I, 1
Faut-il faire tomber le fer de la main de deux armées prêtes à se choquer
de Esprit FLÉCHIER dans II, 89
On s'aborde, on se choque, on fait feu de part et d'autre
de Paul Louis COURIER dans 1re lettre particulière.
S'offenser. C'est un homme qui se choque de tout.
Être en désaccord, aller mal ensemble.
Ses vers.... bouffis de grands mots qui se choquent entre eux
de Nicolas GILBERT dans le XVIIIe siècle.

SYNONYME

1
CHOQUER, HEURTER. Choquer, venant de souche ainsi qu'on le voit à l'étymologie de choc, signifie proprement faire trébucher, comme celui qui heurte du pied une souche. Heurter veut dire proprement porter un coup ; c'est pour cela qu'on dit heurter à une porte, et non la choquer ; la choquer, ce serait y frapper à l'effet de l'enfoncer. Une légion romaine qui allait choquer l'ennemi, le chargeait pour le faire trébucher, mais elle ne le heurtait pas : car ici heurter aurait un sens moins précis. En suivant la nuance on trouve que choquer indique plutôt une action faite par une cause extérieure sur un objet, et heurter une action involontaire :
Un heurt survient : adieu le char ; Voilà messire Jean Chouart Qui du choc de son mort a la tête cassée
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 11

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Il allait chocquant sa teste contre la muraille
de Michel de MONTAIGNE dans I, 23
Un de ses ancestres mourut-il pas chocqué par un pourceau ?
de Michel de MONTAIGNE dans I, 74
Pour avoir choqué contre la porte de....
de Michel de MONTAIGNE dans ib.
Des vices qui chocquent la conscience
de Michel de MONTAIGNE dans I, 122
C'est une incivile importunité de chocquer tout ce qui n'est pas de nostre appetit
de Michel de MONTAIGNE dans I, 166
Ils disent que ses arguments sont foibles, et entreprennent de les chocquer ayséement
de Michel de MONTAIGNE dans II, 150
Et ainsi alla de grande roideur chocquer les ennemis, lesquels soustinrent ce premier choc vaillamment
de Jacques AMYOT dans Timol. 37

ÉTYMOLOGIE

1
Choc ; espagn. chocar.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Se choquer de, être offensé par.
Notre vanité aura beau se choquer des souvenirs, gratter les fleurs de lis....
de François René CHATEAUBRIAND dans Mém. d'outre-tombe, t. X, p. 16, 1850

Synonymes de CHOQUER

Termes proches de CHOQUER