Définition de CRIME

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : kri-m'

DÉFINITIONS

1
Très grave infraction à la morale ou à la loi, ou punie par les lois, ou réprouvée par la conscience. Le crime de meurtre, de faux. Un crime politique. Crime de trahison, de lèse-majesté.
Il y a quatre sortes de crimes : ceux de la première espèce choquent la religion ; ceux de la seconde, les moeurs ; ceux de la troisième, la tranquillité ; ceux de la quatrième, la sûreté des citoyens
Les crimes contre la religion doivent être punis par la privation des biens que la religion procure ; les crimes contre les moeurs, par la honte ; les crimes contre la tranquillité publique, par la prison ou l'exil ; les crimes contre la sûreté, par les supplices
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Anal. Espr. des lois, Oeuvres, t. VI, p. 310, dans POUGENS.
Toute l'horreur du crime a sa source dans l'âme
Règne, de crime en crime enfin te voilà roi
Celui-là fait le crime à qui le crime sert
C'est ce qu'on nomme crime et ce qu'il a puni
Non qu'en un coup d'État je n'approuve le crime ; Mais, s'il n'est nécessaire, il n'est point légitime
À tout prix un grand coeur achète un grand crédit, Et tout crime est permis lorsqu'il vous agrandit
Ainsi que les vertus, les crimes enchaînés Sont toujours ou souvent l'un par l'autre traînés
Et pour ce coeur instruit par une âme si noire, Des crimes éclatants ressemblent à la gloire
de BRÉBEUF dans Phars. VIII
Le crime heureux fut juste et cessa d'être crime
J'ai conçu pour mon crime une juste terreur ; J'ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur
Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes
de Jean RACINE dans ib. IV, 2
Je veux de tout le crime être mieux éclairci
de Jean RACINE dans ib. V, 4
Si de vos flatteurs vous suivez la maxime, Il vous faudra, seigneur, courir de crime en crime
A-t-on tant de vertus après un si grand crime ?
.... Les crimes secrets ont les dieux pour témoins
Quand le crime est sans fruit, on n'aime plus le crime
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Gracques, II, 3
Est-ce un dieu qui trompe le crime ? Toujours d'une auguste victime Le sang est fertile en vengeur ! Toujours, échappé d'Athalie, Quelque enfant que le fer oublie, Grandit à l'ombre du Seigneur
La fortune toujours du parti des grands crimes, Les forfaits couronnés devenus légitimes
de Alphonse de LAMARTINE dans ib. I, 7
Crime contre nature, se dit des crimes qui outragent la nature, le parricide par exemple, et quelquefois, plus particulièrement, des débauches contre nature.
Cette soif insatiable de l'or a donné naissance au plus infâme, au plus atroce de tous les commerces, celui des esclaves ; on parle des crimes contre nature et l'on ne cite pas celui-là comme le plus exécrable
Crime d'État, crime commis contre la sûreté de l'État et aussi crime politique, crime qui a pour but de conserver ou de prendre le pouvoir.
Quand le crime d'État se mêle au sacrilége, Le sang ni l'amitié n'ont plus de privilége
Tous ces crimes d'État qu'on fait pour la couronne
J'en saurai près de lui faire un crime d'État
On n'attend point alors qu'il s'ose tout permettre, C'est un crime d'État que d'en pouvoir commettre
Sémantique : Fig. Faire un crime d'État de quelque chose, y attacher un blâme excessif, injuste.
Et d'un mot innocent faire un crime d'État
Sémantique : Terme de jurisprudence. Infraction punie d'une peine afflictive ou infamante et jugée par la cour d'assises, par opposition à délit ou simple contravention.
2
En général, faute, acte répréhensible. L'ingratitude est un crime. Jésus-Christ a porté la peine de nos crimes.
Hélas ! si jeune encore, Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur ?
Des offenses d'autrui malheureuses victimes, Que nous servent, hélas ! des regrets superflus ? Nos pères ont péché, nos pères ne sont plus, Et nous portons la peine de leurs crimes
de Jean RACINE dans ib.
Vous qui deviez être mon sauveur, vous devenez mon crime
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Av. Disp.
Vous nous dites si souvent que votre conscience ne vous reproche pas de grands crimes, que vous n'êtes ni bon ni mauvais, et que votre seul péché c'est l'indolence et la paresse
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Jag. univ.
Le crime est d'obéir à des ordres injustes
3
Sémantique : Par exagération, action blâmable. C'est un crime d'avoir abattu de si beaux arbres.
Le clergé a trouvé des terres incultes : il y a fait croître des moissons.... il a appliqué ses revenus à des monuments publics, vous l'accusez à la fois du crime de deux bienfaits
Faire un crime à quelqu'un d'une chose, 'en blâmer et souvent avec injustice.
Ô ciel ! m'auriez-vous fait un crime De cette insensibilité ?
Il vous fait un crime des choses les plus innocentes
Mais les républicains ne se font pas un crime D'immoler un tyran
Gourmands, cessez de nous donner La carte de votre dîner ; Tant de gens qui sont au régime Ont droit de vous en faire un crime
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Gourm.
Voir du crime à une chose, blâmer, incriminer une chose innocente ou indifférente.
Un détail que certaines gens qui voient du crime à tout ne manqueraient pas d'accuser d'irréligion
Imputer à crime, accuser quelqu'un de quelque chose comme d'un crime.
Son crime est, tout son crime est, se dit de légers manquements qu'on veut atténuer contre des gens qui les exagèrent. Tout mon crime est d'avoir parlé avec trop de franchise.
Ce n'est pas un grand crime, est-ce donc un grand crime ? se dit pour atténuer un reproche excessif au sujet de quelque infraction que nous regardons comme légère ou même comme indifférente.
Tenir à crime, regarder comme un crime.
Mais je tiendrais à crime une telle pensée
4
Sémantique : Fig. Au sing. nom collectif de ceux qui sont criminels.
Je ne sais de tout temps quelle injuste puissance Laisse le crime en paix et poursuit l'innocence
C'est ainsi que le crime, à lui-même odieux, Jusque dans son repos se trahit à ses yeux
5
Vie de désordre. L'habitude du crime. Être porté au crime. Être endurci dans le crime.
Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés
Le crime quelques fois suit de près l'innocence
Du crime ainsi toujours le crime ouvre la route
de LEMERC. dans Agam. V, 11

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Pour quelque crim ou excès, se le crim n'est capital
dans Ordonn. des rois de France, t. V, p. 706
2
XVe s.
Cas de crime est trop vilain
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 256
3
XVIe s.
Le roy voyant la grant crime et forfaict Que Genevoys envers luy avoient faict

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. et catal. crim ; espagn. crimen, portug. crime ; ital. crimine ; du latin crimen, en grec, jugement, de juger (voy. CRISE).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
CRIME. - HIST. Ajoutez : XIIe s.
De tanz crimnes [un archevêque] fu acusez E de tanz lais vizes provez Que la croce ne pout tenir
de Benoît de Sainte-Maure dans Chronique des ducs de Normandie, V. 35 109, t. III, p. 116
2
XIIIe s.
Cis rois Clotaires fu douzimes, Et moult haï, felons et crismes
de PH. MOUSKES dans Chronique, V. 1564

Synonymes de CRIME

Termes proches de CRIME