Définition de ARCHOLOGIQUE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ou-ir. Des grammaires disent que ce mot a une demi-aspiration ; cela est contre l'usage qui élide l'

DÉFINITIONS

1
Recevoir les sons par l'oreille, entendre.
Il m'est avis que je l'ois qui tient ce langage à la fortune
de François de MALHERBE dans Traité des bienf. de Sénèque, I, 9
Et le peuple, qui tremble aux frayeurs de la guerre, Si ce n'est pour danser n'orra plus de tambours
de François de MALHERBE dans II, 1
C'est un miracle que je n'entends point ; et, quand j'ai ouï les religieuses de Loudun parler latin et grec, je n'ai pas été si étonné
Si j'ois maintenant quelque bruit, si je vois ce soleil
Aussitôt on ouït d'une commune voix Se plaindre de leur destinée Les citoyennes des étangs
Quel charme de s'ouïr louer par une bouche Qui, même sans s'ouvrir, nous enchante et nous touche ?
de Jean de LA FONTAINE dans Filles de Minée.
Et nous n'oyions jamais passer devant chez nous Cheval, âne ou mulet....
Hé, je vous en conjure de toute la dévotion de mon coeur, que nous oyions quelque chose qu'on ait fait pour nous
Et voilà de quoi j'ouïs l'autre jour se plaindre Molière
Oyez-vous la friponne ? elle parle pour soi
de Thomas CORNEILLE dans le Charme de la voix, II, 2
J'ai ouï dire à notre grand prince qu'à la journée de Nordlingue, ce qui l'assurait du succès, c'est qu'il connaissait M. de Turenne dont l'habileté consommée....
Et vous, sainte compagnie, qui avez désiré d'ouïr de ma bouche le panégyrique de votre père
Quelle partie du monde habitable n'a pas ouï les victoires du prince de Condé et les merveilles de sa vie ?
On vit souffrir Mme d'Aiguillon, mais on ne l'ouït pas se plaindre
De son triomphe affreux je le verrai jouir, Et conter votre honte à qui voudra l'ouïr
A-t-on jamais ouï parler d'aventures si merveilleuses ?
Des terres presque inconnues ouïrent la parole de vie
Prêt à verser son sang, qu'ai-je ouï ? qu'ai-je vu ?
Oyez n'est plus usité qu'au barreau ; on a conservé ce mot en Angleterre ; les huissiers disent ois, sans savoir ce qu'ils disent
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Comment. Corn. Poly. III, 2
J'avais toujours ouï dire qu'il est difficile de mourir ; je touche à ce dernier moment, et je ne trouve pas cette résolution si pénible
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Règne de Louis XIV, Oeuv. t. V, p. 148
On n'oyait dans ce gouffre de vapeurs [du haut du Vésuve] que le sifflement du vent et le bruit lointain de la mer, sur les côtes d'Herculanum
de François René CHATEAUBRIAND dans Italie, le Vésuve.
Ouïr la messe, assister à la messe.
J'oyais un de ces jours la messe à deux genoux
2
Écouter, prêter attention, donner audience. Un juge doit ouïr les deux parties.
Oyons : - Dorante : Sa courtoisie est extrême et m'étonne
Quoi ! mon père étant mort et presque entre mes bras, Son sang criera vengeance et je ne l'orrai pas
Oyez ce que les dieux vous font savoir par moi
Il ne faut jamais dire aux gens : Écoutez un bon mot, oyez une merveille
Je condamnai les dieux, et, sans plus rien ouïr, Fis voeu, sur leurs autels, de leur désobéir
Le parlement de Provence commença par condamner dix-neuf habitants de Mérindol, leurs femmes et leurs enfants, à être brûlés, sans ouïr aucun d'eux
La nuit revient son ombre [du ménétrier] : Oyez ces sons lointains
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Ménétr. de Meud.
3
Écouter favorablement, exaucer. Daignez ouïr nos voeux.
4
Recevoir une déposition.
Nous venons d'ouïr un martyr qui fait gloire d'avoir bien servi les empereurs à la guerre
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 5e avertiss. § 12
Sémantique : En termes de procédure, ouïr des témoins, recevoir leurs dépositions.
Les témoins sont ouïs, son procès est tout fait
de Thomas CORNEILLE dans Comte d'Ess. II, 2
Le demandeur faisait ouïr ses témoins pour établir sa demande ; le défendeur faisait ouïr les siens pour se justifier
Ancien terme de procédure criminelle. Être assigné pour être ouï, être assigné pour répondre en personne devant le juge. Décret d'assigné pour être ouï, ordonnance judiciaire qui assignait un prévenu à comparaître en personne.
5
Substantivement, l'oyant compte (voy. OYANT).

HISTORIQUE

1
XIe s.
Signor, dist Guenes, vous en orrez nouveles
dans Ch. de Rol. XX
Respont Rolans : orguel oi et folage
dans ib. X
De cels de France odum [nous oyons] les grailes [trompettes] clers
dans ib. CLVIII
2
XIIe s.
Pour la [l'espée] Charlon, dont il oï parler
dans Ronc. 125
Jà de cruel au desseure [dans le triomphe] [vous] N'orrez dire bon recort
dans Couci, IV
Et qu'il vous plaist à oïr ma priere
de ID. dans XVIII
Liquels parlera les poances [puissances] del Segnor ? oïdes ferad tutes les loenges de lui ?
dans Liber psalm. p. 158
Il parla hautement, oyant tout le barnage
dans Sax. XXVI
3
XIIIe s.
Cil Alexis.... se fist empereour par tel traïson come vous oez
Et avoit grant ire de ce qu'il audoit que Acomat fust escanpés
de MARC POL dans p. 748
Mais je n'os [ose] por [à cause de] ces bestes qu'en ces bois glatir o [j'entends]
dans Berte, XXXII
[Ils] Ne purent une messe entierement oïr
dans ib. LXIII
Bien avez oÿ dire et mainte fois retraire....
dans ib. LXIX
La ooit Symons messe et toute sa maisnie
dans ib. CIX
Car il n'est fame tant soi bonne, Vieille ou jone, mondaine ou nonne.... Se l'en va sa biauté loant, Qui ne se delite en oant
dans la Rose, 9982
Fai, se tu pues, chose qui plaise As dames et as demoiselles, Si qu'el oient bones noveles Dire de toi et raconter
dans ib. 2132
Il est contraires à li meismes quant il dist : je sai de certain, ce qu'il ne set que par oïr dire
de Philippe de BEAUMANOIR dans XL, 12
Seez vous ci bien près de moy, pour ce que en ne nous oie
N'est si mal sourt com cil qui ne vuelt oïr goute
4
XIVe s.
Il semble que ire n'oe aucunement raison
5
XVe s.
Ceux qui le liront [ce livre], verront et orront ...
6
XVIe s.
Lors ouyssiez, par ung ardant desir, France cryer : brief, c'estoit un plaisir....
Dieu guarde de mal qui veoid bien, et ne oyt goutte
Ceste année, les aveugles ne verront que bien peu, les sourds oyront assez mal, les muetz ne parleront gueres
Qui a aureilles pour ouir, qu'il oye
J'ouy aultrefois tenir à un prince que....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 54
Ils ont voulu les instruire non par ouïr-dire, mais par l'essay de l'action
de Michel de MONTAIGNE dans I, 152
C'est une chose non encore ouye, et du tout ridicule, d'estre lieutenant de soy-mesme
de Vincent CARLOIX dans II, 8
Ouïr dire va par ville ; et en un muid de cuider, n'y a point plein poing de sçavoir
de Antoine LOYSEL dans 771
Oy, voy, et te tais, si tu veux vivre en paix
de Randle COTGRAVE dans
Qui demande ce qu'il ne devroit, Il oit ce qu'il ne voudroit
de Randle COTGRAVE dans
Tout ouir, tout voir, et rien dire, Merite en tout temps qu'on l'admire
de Randle COTGRAVE dans
Qui bien oyt bien parle, et qui mal oyt mal parle

ÉTYMOLOGIE

1
Picard, aouir, auir, aoir ; wallon, oiî ; j'aus ben, j'entends bien ; provenç. ausir ; esp. oir ; port. ouvir ; ital. udire ; du lat. audire ; comparez OREILLE. Audire paraît être un dénominatif de auris, oreille, qui est pour ausis. Voltaire (Comm. Corn. Poly. III, 2) prétend qu'à l'infinitif nous disions autrefois oyer, et que les sessions de l'échiquier de Normandie s'appelaient oyer et terminer. C'est une erreur ; oyer à l'infinitif serait un barbarisme dont il n'y a pas de trace dans notre historique ; oyer et terminer est non pas du normand, mais de l'anglo-normand ; enfin oyer, terminer sont non des infinitifs mais des substantifs.

Synonymes de OUÏR