Définition de INCLINER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : in-kli-né

DÉFINITIONS

1
Mettre dans une situation qui fait un angle avec une certaine direction, surtout par rapport à l'horizon. Incliner un vase pour verser la liqueur qu'il renferme.
2
Baisser, courber vers la terre.
C'est une extrême folie de n'oser incliner la tête devant ce précieux monument de la gloire de Jésus-Christ
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. sur l'ador. de la croix.
Mon frère, étais-tu fait pour incliner la tête Sous le poids des torrents vomis par la tempête ?
de Jean-François DUCIS dans Lear, IV, 5
Sujet et courtisan, Cours au pied d'un despote incliner ton turban
de Jean-François DUCIS dans Abufar, III, 4
3
Sémantique : Fig. Porter à, disposer à.
Où le ciel nous incline, à quoi sert la menace ?
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Élég. II
Et je sais encor moins comment votre cousine Peut être la personne où son penchant l'incline
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. IV, 1
Nos besoins nous inclinent à adhérer à ce qui est bon
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermons, Culte dû à Dieu, 1
Vous ne pouvez pas encore concevoir comment est-ce que le Tout-Puissant peut mouvoir et incliner les volontés libres
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. III, p. 272
Ces penchants heureux qui inclinent notre âme à la miséricorde
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Myst. Misér.
Quels que soient les secours étrangers qui vous ont incliné vers le bien....
de Denis DIDEROT dans Essai sur la vertu.
Nature : Absolument.
Le vent berçait et inclinait à rêver
de Denis DIDEROT dans dans le Dict. de POITEVIN.
4
Nature : V. n. Être incliné, courbé vers.
Et l'éternelle croix qui, surmontant le faîte [du Colisée de Rome], Incline comme un mât battu par la tempête
de Alphonse de LAMARTINE dans Méd. II, 20
Sémantique : Fig. Incliner vers sa fin, approcher de la fin, de la chute, de la ruine.
La grandeur de Carthage incline vers la fin
de Jean de MAIRET dans M. d'Andr. II, 3
La victoire incline de ce côté, se dit en parlant de l'armée qui commence à obtenir l'avantage dans une bataille.
Où chacun, seul témoin des grands coups qu'il portait, Ne pouvait discerner où le sort inclinait
de Pierre CORNEILLE dans Cid, IV, 3
5
Avoir de l'inclination, de la prédilection pour quelque chose, être porté à quelque chose.
Le coeur de la fille Inclinait trop pour notre jouvenceau
de Jean de LA FONTAINE dans Remède.
La dame Pour l'autre emploi inclinait dans son âme
de Jean de LA FONTAINE dans Remois.
De quelque côté qu'il incline, c'est sa volonté qui l'y porte
de Blaise PASCAL dans Prov. 8
Les confesseurs inclinent toujours à la miséricorde
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermons, Sur la satisfaction, 3
Pendant que Rome incline vers l'aristocratie
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. v, 8
Valérius se présente devant Claude et se défend ; Claude incline à l'absoudre
de Denis DIDEROT dans Claude et Nér. I, 84
Incliner, Nature : v. n. se conjugue avec l'auxiliaire avoir, quand on veut marquer l'action : Dans son avis, il a incliné pour la rigueur ; et avec l'auxiliaire être, quand on veut marquer l'état : Il était incliné pour la rigueur.
6
S'incliner, Nature : v. réfl. Être dans une certaine situation faisant angle avec une direction donnée, spécialement avec l'horizon. L'étoile polaire s'incline de plus en plus sur l'horizon à mesure qu'on marche vers l'équateur.
7
Se baisser, se courber. L'arbre plie et s'incline, battu par les vents.
On vit la mère du grand Condé venir présenter requête à la porte de la grand'chambre, et implorer la protection de tous les conseillers en s'inclinant devant eux à mesure qu'ils passaient
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Hist. parl. ch. LVI
Quand il avait débité sa science, Serrant le bec et parlant en cadence, Il s'inclinait d'un air sanctifié
de Jean-Baptiste Louis GRESSET dans Vert-vert, II
Et mon riche habit me conseille D'apprendre à m'incliner bien bas
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Habit de cour.
Sémantique : Fig. Se prosterner par respect, par crainte.
Voyez.... comme elle abaisse cette tête auguste devant laquelle s'incline l'univers
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.

REMARQUE

1
Du temps de Vaugelas, quelques-uns, même à la cour, disaient encliner ; c'est un archaïsme ; Balzac l'a encore dit : à quoi il voyait que tous enclinoient, le Prince, 22.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Li rois paiens profondement l'encline [s'incline devant lui]
dans Ch. de Rol. LXXV
2
XIIe s.
Et chascuns d'eux inclina à Mahon
dans Ronc. p. 128
Marsille l'ot [ouït], s'a la teste enclinée
dans ib. p. 146
Prendons garde de com grant force il fut, cui li amors de tant oir [de tant d'héritiers] n'enclinat à avarisce d'eritage
dans Job, p. 443
3
XIIIe s.
De joie s'est la vieille vers le roy enclinée
dans Berte, XVI
Dès que les vi, vers eus [je] m'enclin, Saluai les le chief enclin
dans la Rose, 10097
Nos devons encliner nostre ame au contraire de nos desirriers jusqu'à tant que li mi [le milieu] viegne
de Brunetto LATINI dans Trés. p. 274
4
XIVe s.
L'en ly doit faire reverence selon ce que il appartiont à son age, si come en soy lever ou encliner contre eulz, ou en teles choses
de Nicolas ORESME dans Eth. 262
Il est tout cler que telles petites fortunes ne font pas incliner la vie d'un bon homme en mal ou en misere
de Nicolas ORESME dans ib. 24
5
XVe s.
Le comte de Flandre passoit outre sans parler et les inclinoit moult petit de chef
de Jean FROISSART dans II, II, 60
Le jeune Edouard s'adonnoit le plus et s'inclinoit de regard et d'amour sur Philippe [fille de Guillaume de Hainaut] que sur les autres
de Jean FROISSART dans I, I, 15
6
XVIe s.
À leur requeste ne furent aucunement enclinez les fouaciers
de François RABELAIS dans Garg. I, 25
À genoulx, teste nue, encliné en un petit coing de son cabinet
de François RABELAIS dans ib. I, 32
Mais en grande peine s'inclinoyt pour prendre à tout la langue quelque lippée
de François RABELAIS dans Pant. II, 4
On eust failly moins dommageablement s'inclinant vers l'indulgence
de Michel de MONTAIGNE dans I, 183
Ils se donnent loy d'incliner l'histoire à leur fantaisie
de Michel de MONTAIGNE dans II, 110
Sa providence [de Dieu] incline l'evenement d'une bataille comme le sault d'une puce
de Michel de MONTAIGNE dans II, 268
Cette once de verisimilitude qui incline la balance
de Michel de MONTAIGNE dans II, 318
Ja sur l'aage inclinant ce prince le trouva
de Joachim DU BELLAY dans VIII, recto.
Par sa grace [de Dieu] la volonté est incitée à aimer le bien, inclinée à le desirer, et esmeue à le cercher et s'y adonner
de Jean CALVIN dans Inst. 218
Ceux qui veulent recevoir aucune chose que l'on verse d'un vase en un autre, enclinent et tournent leurs vases la bouche devers ce que l'on y verse
de Jacques AMYOT dans Comment il faut ouïr, 5
Il y eut plusieurs des senateurs qui flechirent, inclinans à vouloir faire la paix
de Jacques AMYOT dans Pyrrh. 38
Ismenias, lui estant commandé qu'il s'inclinast pour faire la reverence au roi, laissa cheoir son anneau
de Jacques AMYOT dans Art. 30

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. enclinar, inclinar ; esp. inclinar ; ital. inchinare ; du lat inclinare, de in (voy. IN.... 2), et clinare, pencher (voy. CLIN).

Synonymes de INCLINER

Termes proches de INCLINER