Définition de PROSTERNER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : pro-stèr-né

DÉFINITIONS

1
Coucher à terre en signe d'adoration ou de respect.
Oui, tandis que le roi va lui-même en personne Jusqu'aux pieds de César prosterner sa couronne
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. III, 1
Exauce cette indigne et vile créature Que prosterne à tes pieds un humble repentir
de Pierre CORNEILLE dans Imit. IV, 9
Entrez ; à ses genoux prosternez vos douleurs
de André CHÉNIER dans Élég. II, 13
Sémantique : Fig.
Une fausse science fait les athées ; une vraie science prosterne l'homme devant la divinité
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. litt. Lettre au prince de ***, IV, Th. Chubb.
Représenter prosterné.
L'artiste a prosterné les deux soeurs aux pieds du Christ
de Denis DIDEROT dans Salon de 1763, dans GODEFROY, Lex. de Corneille.
2
Dans le sens latin, renverser, jeter bas. Les âmes faibles que prosterne le ton hardi de la confiance, L'ABBÉ HOUTTEVILLE, dans DESFONTAINES.
Grégoire de Tours dit que Dieu prosternait tous les jours ses ennemis [de Clovis]
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XXX, 24
Ces arbres ne dépassent pas la hauteur d'un homme, le vent océanique les prosterne à l'instar des fougères
de François René CHATEAUBRIAND dans Mém. d'outre-tombe, t. II, p. 169
3
Se prosterner, Nature : v. réfl. S'abaisser jusqu'à terre en posture de suppliant ou d'adorant.
Moïse et Aaron, ayant entendu ceci, se prosternèrent en terre à la vue de toute la multitude des enfants d'Israël
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Nomb. XIV, 5
Je me suis souvenue de la manière d'enterrer des feuillantines ; toutes ces saintes filles se prosternèrent trois fois avant que de jeter ma pauvre cousine dans sa fosse
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 611
S'il [Alexandre] voulait qu'étant le vainqueur et le maître des Perses, on le saluât à la persane, qu'on se prosternât devant lui dans certaines occasions....
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Alexandre.
Avec l'ellipse du pronom personnel.
Il [le comte de Toulouse] parut devant le légat.... à la porte de l'église de Saint-Gilles ; là le diacre lui mit une corde au cou, et un autre diacre le fouetta.... après quoi on fit prosterner le prince à la porte de cette église pendant le dîner du légat
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 62
Sémantique : Fig.
On se moque de temps en temps de l'idole de boue devant laquelle on se prosterne ; mais on se prosterne
de Denis DIDEROT dans Claude et Nér. II, 28
Familièrement et fig. Se prosterner devant quelqu'un, reconnaître, avouer sa supériorité. J'ai juré, dit le vent, d'abattre le superbe Qui me résiste ainsi que toi ; Et je laisse en paix le brin d'herbe Qui se prosterne devant moi. Tâche de désarmer ma haine, Ou j'achève à l'instant de te déraciner. - Je puis tomber, reprit le chêne ; Je ne saurais me prosterner, le Chêne et le Vent, fable attribuée à BOISARD, et que l'on prétend se rapporter au refus de Louis XVIII sollicité par Bonaparte de renoncer pour lui et sa famille au trône de France.

REMARQUE

1
L'Académie ne donne prosterner que comme verbe réfléchi ; mais les meilleurs auteurs l'ont, comme on voit, employé activement.

HISTORIQUE

1
XVe s.
Elle [une grande inondation] prosterna plusieurs gros villages et maisons
de Jean JUVÉNAL DES URSINS dans Hist. de Charles VI, p. 172, dans LACURNE
2
XVIe s.
Après que la force et puissance de l'ame estoit toute prosternée
de Jacques AMYOT dans Démétr. 52
Il feit continuellement prieres pour elle à Juno, en se prosternant à terre devant son image
de Jacques AMYOT dans Artax. 33
Lesquels [parents] encore qu'ils soient riches et aisez, et qu'ils aient moien de les nourrir [leurs enfants] et entretenir, neanmoins ils les prosternent, abandonnent....
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans prosternari.

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. prosternere, de pro, en avant, et sternere, étendre (voy. STRATE).

Synonymes de PROSTERNER