Définition de STROGRAPHIQUEMENT

DÉFINITIONS - PROVERBES - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : or

DÉFINITIONS

1
Métal d'un jaune brillant, d'une pesanteur très grande, dont on fait les monnaies de la plus haute valeur.
L'or est un charme étrange, un métal précieux, Qui corrompt toute chose et tenterait les dieux
de Jean de ROTROU dans Antig. V, 5
Qu'il ne s'ingère pas d'oser écrire encor Des lettres qu'il envoie avec des boîtes d'or
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Éc. des mar. II, 7
Quand je vois.... nos vaisseaux, domptant l'un et l'autre Neptune, Nous aller chercher l'or malgré l'onde et le vent
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Disc. au roi.
À quoi bon ravir l'or au sein du nouveau monde ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épître V
Telle qu'une bergère.... sans mêler à l'or l'éclat des diamants, Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornements
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. II
C'est pour eux [ses amants] qu'elle étale et l'or et le brocart
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. X
Que de l'or le plus pur son autel soit paré
de Jean RACINE dans Esth. III, 9
L'or et l'argent étaient très rares en Europe ; et l'Espagne, maîtresse tout à coup d'une très grande quantité de ces métaux, conçut des espérances qu'elle n'avait jamais eues
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XXI, 22
Lorsque les nations policées sont les maîtresses du monde, l'or et l'argent augmentent tous les jours
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans ib. XXII, 4
L'or est de toutes les matières du globe la plus pesante, la plus inaltérable, la plus tenace, la plus extensible ; et c'est par la réunion de ces caractères prééminents que, dans tous les temps, l'or a été regardé comme le métal le plus parfait et le plus précieux
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Min. t. IV, p. 218
En général, on trouve l'or dans quatre états différents, tous relatifs à sa seule divisibilité, savoir en poudre, en paillettes, en grains et en filets séparés ou conglomérés
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans ib. t. IV, p. 223
L'or le plus fin, c'est-à-dire le plus épuré par notre art, est, comme l'on sait, à 24 carats ; mais on n'a jamais trouvé d'or à ce titre dans le sein de la terre ; et dans plusieurs mines il n'est qu'à 20 et même à 16 et à 14 carats
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans ib. t. IV, p. 226
Dans les premiers temps de la civilisation de l'espèce humaine, l'or, qui, de tous les métaux, s'est présenté le premier à la surface de la terre ou à de petites profondeurs, a été recueilli, employé et travaillé
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans ib. t. IV, p. 295
En 1461, on fit le commerce de l'or de la Mina [or de la mine] au cinquième degré de latitude nord, sur cette même côte qu'on a depuis nommée la côte d'Or
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans ib. t. IV, p. 326
L'or, l'argent et le cuivre sont les premiers métaux que les hommes ont connus ; on les trouvait souvent à la surface de la terre sans les avoir cherchés
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Comm. gouv. I, 13
Au Japon, l'or est à l'argent comme un à huit, tandis qu'il est en Europe comme un à quatorze et demi ou comme un à quinze
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans ib. I, 19
L'or et l'argent ne sont pas des richesses ; ils représentent seulement des richesses
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. VIII, 34
Pour avoir de l'or, vous avez franchi les mers ; pour avoir de l'or, vous avez envahi les contrées ; pour avoir de l'or, vous avez massacré la plus grande partie des habitants
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans ib. VII, 24
Avant l'arrivée des Castillans, les Mexicains n'avaient d'or que ce que les torrents en détachaient des montagnes
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans ib. VI, 19
Il y a des corps capables de transmettre une couleur, et d'en réfléchir une autre ; tel est l'or, qui paraît jaune par réflexion, et bleu verdâtre par transparence
de BRISSON dans Traité de phys. t. II, p. 409, dans POUGENS
Il en est de l'or comme de l'argent : l'époque de sa découverte se perd dans la nuit des temps, et la tradition ne fournit parmi les hommes aucune trace des événements qui le leur ont fait connaître pour la première fois
de FOURCROY dans Connaiss. chim. t. VI, p. 346, dans POUGENS
La densité de l'or est telle qu'on l'a cru longtemps le corps le plus pesant de la nature ; on sait aujourd'hui qu'il ne tient que le second rang, et qu'il cède la première place au platine
de FOURCROY dans ib. t. VI, p. 351
L'or s'applique sur le bois, sur le carton, sur le cuir, ou sur tout autre corps qui ne peut éprouver l'action du feu, au moyen d'un mordant qui est tantôt une huile grasse et siccative, tantôt une colle animale
de Alexandre BRONGNIART dans Traité de min. t. II, p. 349, dans POUGENS.
La Thrace et la Macédoine fournissaient beaucoup d'or aux anciens
de Alexandre BRONGNIART dans ib. t. II, p. 271
On ne trouve l'or minéralisé par aucune substance ; en sorte que ce genre n'est composé que d'une seule espèce
de Alexandre BRONGNIART dans ib. t. II, p. 265
On ne trouve en général des mines d'or que dans les terrains primitifs, les terrains d'alluvion et le lit des rivières ; les premiers le contiennent en filons, et les autres en paillettes
de THENARD dans Traité de chimie, t. I, p. 322, dans POUGENS
Faire de l'or, nom donné à toutes les opérations par lesquelles les alchimistes ont essayé de transformer les métaux vils en or.
Le premier auteur qui parle de faire de l'or est Zozime, qui vivait dès le commencement du cinquième siècle
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Maison rust. t. II, p. 186, dans POUGENS
Ce n'est qu'or et azur, se dit d'une maison bien parée.
Or en barre, or en lingot, or qui a la forme de barre, de lingot.
Sémantique : Fig. C'est de l'or en barre, se dit d'une marchandise de bon aloi et dont on peut faire argent sans peine, d'un billet dont on aura de l'argent comptant quand on voudra.
Géronte : Voilà certainement un effet fort bizarre ! - Hector : Oh ! s'il n'était pas mort, c'était de l'or en barre
de Jean-François REGNARD dans le Joueur, III, 4
C'est l'histoire de la dent d'or, se dit d'une prétendue merveille qu'il faudrait vérifier avant d'y croire ; une prétendue dent d'or venue à un enfant ayant servi de texte à beaucoup d'explications, avant qu'on eût examiné si la dent était d'or réellement.
En 1593, le bruit courut que, les dents étant tombées à un enfant de Silésie, âgé de sept ans, il lui était venu une dent d'or.... il ne manquait autre chose à tant de beaux ouvrages [écrits pour expliquer ce phénomène], sinon qu'il fût vrai que la dent était d'or ; quand un orfévre l'eut examinée, il se trouva que c'était une feuille d'or appliquée à la dent avec beaucoup d'adresse
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Oracles, I, 4
Juste comme de l'or ou comme l'or, se dit d'un poids très juste, à cause que l'or se pèse très exactement.
Tous vos discours sur Charleroi sont justes comme l'or
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 353
2
Or se dit au pluriel pour signifier les différentes couleurs qu'on peut donner à l'or. Une boîte de deux ors. Des ors de différentes couleurs.
3
Sémantique : Terme de commerce. Ce métal considéré suivant sa pureté ou ses emplois. Or de coupelle, ou or affiné, celui que le feu a purgé de toutes sortes de mélanges.
Or au titre, l'or à bijoux au titre de 834 millièmes environ.
Or bas, or au-dessous de 750 millièmes.
Or vierge, celui qui n'a pas souffert le feu, et tel qu'il est sorti de la mine.
Or moulu, celui dont on dore, au feu, le bronze et le cuivre.
Or de coquille, celui avec lequel on écrit en lettres d'or, et qui sert aux enlumineurs.
L'or en coquille est de l'or en oxyde pourpre, précipité de sa dissolution et délayé avec une eau mucilagineuse ou une dissolution de gomme
de FOURCROY dans Connaiss. chim. t. VI, p. 397
On nomme or en chaux, celui que l'on prépare [pour la dorure] en broyant avec du miel les rognures de feuilles d'or.... pour faire l'or en drapeaux, on trempe des morceaux de vieux linge fin dans une dissolution nitro-muriatique d'or ; on les fait sécher et on les brûle ; quand on veut s'en servir, on trempe un bouchon mouillé dans les cendres de ces chiffons ; on en frotte l'argent sur lequel l'or très divisé s'applique facilement
de FOURCROY dans ib.
Lettres d'or, lettres écrites avec l'or de coquille.
Souviens-toi de m'écrire ces mots ; je les veux faire graver en lettres d'or sur la cheminée de ma salle
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Avare, III, 5
Or mat, celui qui n'est pas poli et dont la surface est inégale.
Il serait fort à propos que ladite bordure fût d'or mat tout simplement ; car il s'unit très doucement avec les couleurs, sans les offenser
de POUSSIN dans Lett. 28 avr. 1639
Or bruni, celui qui est poli avec la dent de loup.
Or de la mosaïque, celui qui est partagé en petits carreaux pour paraître de relief.
Or d'orfévrerie, or solide et massif, qui doit être mis en oeuvre.
Or en pâte, or prêt à fondre dans le creuset.
Or en feuilles, or disposé dans un petit cahier et dont se servent les peintres décorateurs et les fabricants d'éventails.
Or vert, composé de couleur verte formé par la combinaison de 708 parties d'or pur avec 292 parties d'argent pur.
Or vert, or en feuilles appliqué sur ce que les doreurs nomment l'assiette, après l'avoir brunie.
Or d'épée, celui dont on se sert pour damasquiner.
Or de pistolet, celui qu'emploient les armuriers.
Or d'apothicaire, celui dont on fait usage pour peindre et écrire.
4
Le veau d'or, voy. VEAU.
5
Or, la monnaie, les espèces d'or. Il m'a payé tout en or. Nos pièces d'or contiennent 29 centigrammes d'or par franc, plus 1/9 de cuivre, qui est ainsi le dixième du poids total.
Il leur jette de l'or ensuite à pleines mains
de Pierre CORNEILLE dans Théod. IV, 4
Nous n'avons pas les yeux à l'épreuve des belles, Ni les mains à celle de l'or
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 7
L'or est comme une femme ; on n'y saurait toucher Que le coeur, par amour, ne s'y laisse attacher
de Jean-François REGNARD dans le Joueur, IV, 13
Platon, qui naquit peu d'années avant la mort de Périclès, nous apprend qu'il y avait plus d'or et plus d'argent à Lacédémone que dans tout le reste de la Grèce
de LÉVESQUE dans Instit. Mém. scienc. mor. et polit. t. III, p. 366
Il a coûté plus d'or qu'il n'est gros, c'est-à-dire on a dépensé beaucoup d'argent pour l'élever, pour l'entretenir.
6
Or, vaisselle d'or.
Que dans l'or mangent les grands ; Il ne faut à deux amants Qu'un seul verre, qu'une assiette
de Pierre Jean de BÉRANGER dans B. vin.
7
Or, fil d'argent doré dont on fait des passements, des galons, des franges, etc. Toile d'or. Drap d'or. Or de Paris, de Lyon.
Ce n'est qu'or et que pourpre dans votre armée
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. III, dans RICHELET
M. de Langlé a donné à Mme de Montespan une robe d'or sur or, rebrodé d'or, rebordé d'or, et par-dessus un or frisé rebroché d'un or mêlé avec un certain or, qui fait la plus divine étoffe qui ait jamais été imaginée
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 326
L'or éclate en ses vêtements
de Jean RACINE dans Esth. II, 9
Défendre l'or et l'argent, défendre de porter des étoffes, des dentelles, tissues en fil d'argent doré.
Or clinquant, or de Paris, clinquant d'or, fil de cuivre aplati en lame et employé, comme le fil d'or, pour lamer et broder les étoffes ; seulement l'or clinquant n'était porté que par les laquais, les bateleurs et les masques
de Léon de LABORDE dans Émaux, p. 411
Or tremblant, feuilles d'or clinquant cousues sur des vêtements de mascarade, de manière à trembler au moindre mouvement
de Léon de LABORDE dans Émaux, p. 413
Or trait, c'était de l'or ou de l'argent doré, étiré, et d'une grande ténuité
de Léon de LABORDE dans ib.
Les mûriers n'étaient encore cultivés qu'en Italie et en Espagne ; l'or trait ne se fabriquait qu'à Venise et à Milan
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 121
Sémantique : Terme de passementerie. Or fin, argent doré ou vermeil. Or faux, cuivre doré. Or demi-fin, cuivre qui a été doré trois fois ou plus.
Sémantique : Fig. Il est tout cousu d'or, il est très riche.
Son voisin au contraire était tout cousu d'or
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 4
Sémantique : Poétiquement. Des jours filés d'or et de soie, des jours brillants et heureux.
La Parque à filets d'or n'ourdira point ma vie
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. XI, 4
8
Sémantique : Fig. Richesses, opulence.
Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heureux
de Jean de LA FONTAINE dans Phil. et Baucis.
Car, si l'éclat de l'or ne relève le sang, En vain l'on fait briller la splendeur de son rang
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. V
L'or même à la laideur donne un teint de beauté
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib. VIII
Si l'or seul a pour vous d'invincibles appâts, Fuyez ces lieux charmants qu'arrose le Permesse ; Ce n'est point sur ses bords qu'habite la richesse
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. IV
Un roi sage, ainsi Dieu l'a prononcé lui-même, Sur la richesse et l'or ne met point son appui
de Jean RACINE dans Ath. IV, 2
Si l'or prolongeait la vie, Je n'aurais point d'autre envie Que d'amasser bien de l'or ; La mort me rendant visite, Je la renverrais bien vite, En lui donnant mon trésor
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Dial. 4, morts anc.
César avait bien raison de dire qu'avec de l'or on a des hommes, et qu'avec des hommes on a de l'or ; voilà tout le secret
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Roi.
Au moment où l'on put arriver à tout avec de l'or, on voulut avoir de l'or
de Denis DIDEROT dans Salon de 1767, Oeuv. t. XIV, p. 159, dans POUGENS
Malgré la voix de la sagesse, Je voudrais amasser de l'or
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Beauc. d'amis.
Sémantique : Fig. et familièrement. Il ne ferait cela ni pour or ni pour argent, il ne ferait pas cela pour tout l'or du monde, pour tout l'or du Pérou, c'est-à-dire il ne le ferait pas à quelque prix que ce soit.
Je veux mourir si pour tout l'or du monde Je voudrais être aussi savant que vous
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Ép. II, 13
On n'en peut avoir ni pour or ni pour argent, se dit d'une chose très rare, qu'on ne peut se procurer.
Acheter, vendre quelque chose au poids de l'or, l'acheter, le vendre très cher.
Êtes-vous en état de les acheter au poids de l'or ?
de Alain René LESAGE dans Estev. Gonz. ch. 31
Promettre des monts d'or, faire de grandes promesses.
Faire un pont d'or à quelqu'un, voy PONT.
9
Sémantique : Fig. et poétiquement. Il se dit de ce qui est jaune et brillant.
L'aurore aux cheveux d'or, au visage de roses, Déjà comme à demi découvrait toutes choses
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Ép. I
C'est l'or de tes cheveux qui doit parer ton visage, et non cette rose qui les cache et que ton teint flétrit
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. II, 25
L'or flottant des moissons, et le vert des feuillages, Et le changeant émail qui peint les coquillages
de Jacques DELILLE dans Trois règnes, I
10
Sémantique : Fig. Il se dit de ce qui a moralement une valeur comparable à celle de l'or.
Me voici encore, ma fille, à dépenser.... mon pauvre esprit en petites pièces de quatre sous ; il n'y a pas un grain d'or à tout ce qu'on dit
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 10 août 1680
Tous les jours à la cour un sot de qualité Peut juger de travers avec impunité, à Malherbe, à Racan préférer Théophile, Et le clinquant du Tasse à tout l'or de Virgile
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Quelquefois du bon or je sépare le faux
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. IV
Son livre [d'Homère] est d'agréments un fertile trésor ; Tout ce qu'il a touché se convertit en or
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib. III
Comment en un plomb vil l'or pur s'est-il changé ?
de Jean RACINE dans Athal. III, 7
C'est un coeur d'or, c'est-à-dire c'est un excellent coeur.
Il parle d'or, il dit d'or, c'est-à-dire il dit ce qu'il y a de mieux à dire en la circonstance, ou ce qu'il y a de plus satisfaisant pour celui à qui il parle.
Ma foi, vous dites d'or ; tout ira bien, courage !
de Noël LEBRETON, sieur de HAUTEROCHE dans Bourg. de qualité, I, 7
Je parle d'or
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 16 juill. 1677
Par la mardi, vous parlez d'or, vous m'ôtez plus de cent pesant de dessus le corps, et vous prenez bien la chose
de Pierre de MARIVAUX dans Surpr. de l'amour, II, 5
Il dit d'or, et si il n'a pas le bec jaune, il parle bien et à notre avantage.
Un homme d'or, un homme très utile, très précieux pour ce qu'il y a à faire.
Je vous trouve pour le service Un homme d'or
de IMBERT dans Jaloux sans amour, I, 3
C'est un livre d'or, se dit d'un livre excellent, et particulièrement d'un petit livre qui contient beaucoup d'idées justes et d'une utilité pratique.
Voyez ces lignes, elles sont toutes d'or
de Blaise PASCAL dans Prov. IV
Ce livre tout d'or, qu'il [Vincent de Lerins] a intitulé Commonitorium ou mémoire sur l'antiquité de la foi
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Proj. de réunion, 2e part. lett. XXXIII
Il vaut son pesant d'or, se dit d'un homme qu'on veut louer, d'un homme excellent.
Sémantique : Poétiquement. Une bouche d'or.
Les poëtes célèbrent les dieux avec une bouche d'or, et sont les plus simples des hommes
de François René CHATEAUBRIAND dans René.
Sémantique : Populairement. Saint Jean bouche d'or, se dit d'un homme qui ne peut garder les secrets, ou qui ne déguise pas sa pensée,
Une affaire, un marché d'or, qui présente de grands avantages.
Vous pouvez faire des affaires d'or d'ici à demain
de Louis-Benoît PICARD dans Duhautc. I, 9
11
Sémantique : Terme de mythologie. L'âge, le siècle d'or, les temps où, sous le règne de Saturne, les hommes vivaient dans l'innocence et le bonheur.
Je transportais dans les asiles de la nature des hommes dignes de les habiter.... je me faisais un siècle d'or à ma fantaisie
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans 3e Lett. à M. de Malesherbes
Je le dis sans blesser personne, Notre âge n'est pas l'âge d'or
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Âge futur.
C'est un homme de l'âge d'or, un homme de moeurs pures, d'une grande vertu.
On dit dans le même sens : il a les moeurs de l'âge d'or.
Sémantique : Par extension.
Le dix et le onzième siècle passent pour les plus barbares du christianisme, mais il [Leibnitz] prétend que ce sont le treize et le quatorzième, et qu'en comparaison de ceux-ci, le dixième fut un siècle d'or, du moins pour l'Allemagne
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Leibnitz.
12
Nombre d'or, voy. NOMBRE.
13
Eau ou liqueur d'or, l'eau-de-vie de Dantzick, sorte de ratafia dans lequel on a mis quelques paillettes d'or.
14
Sémantique : Terme de blason. Couleur jaune qui représente le premier métal ou le premier des émaux, et qui s'exprime, dans la gravure, par une infinité de petits points. Il porte un lion d'or.
15
Sémantique : Terme de chimie. Or fulminant, oxyde d'or obtenu en précipitant le chlorure par un excès d'ammoniaque, et qui détone par la chaleur ou la pression.
L'or fulminant causa la mort de son inventeur
de SENNEBIER dans Ess. sur l'art d'observ. t. I, p. 420, dans POUGENS.
Or potable, liquide huileux et alcoolique qu'on obtient en versant une huile volatile dans une dissolution de chlorure d'or, et qu'on regardait autrefois comme un cordial et un élixir de santé ; il est sans vertu.
Il fallait que ce fût quelque goutte d'or potable. - Cela pourrait bien être
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Méd. m. lui, I, 5
Il [Villebrune] a eu de grandes conversations avec M. de Vardes sur l'or potable ; il est fort estimé dans notre Bretagne
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 291
Je suis toujours fort en peine de Corbinelli ; il a été rudement traité de la fièvre tierce, le délire, et tout ce qui peut effrayer : il a pris de l'or potable, nous en attendons l'effet
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 360
Toutes les recettes d'or potable, de teintures et d'élixirs aurifiques, tous les moyens prétendus de le diviser, de l'atténuer, de le dissoudre ont été pour les véritables chimistes autant de faits sur ses affinités et ses combinaisons
de FOURCROY dans Connaiss. chim. t. VI, p. 348
16
Nom de différentes substances qui n'ont rien de commun avec l'or.
Or blanc, ancien nom du platine.
Or de chat, nom vulgaire du mica lamelliforme ou ammochryse.
Or graphique, tellurure d'or argentifère.
Or paradoxal ou problématique, tellure.
Or de Manheim, synonyme de similor (il faut prononcer manèmm, qui rime à Jérusalem).
Or musif ou mussif, voy. MUSIF.
Or de Judée, synonyme d'or mussif.
Or faux, chrysocale. Bijoux en or faux.
Or d'Allemagne, feuille très mince de cuivre jaune.
17
Or de couleur, sorte de vernis.
Ce qu'on appelle or de couleur n'en a que l'apparence ; ce n'est qu'un simple vernis qui ne contient point d'or
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Min. t. IV, p. 289
Sémantique : Terme de doreur. Or couleur, couleur grasse et gluante dont les doreurs se servent pour appliquer les feuilles d'or battu.
Or à huile, or en feuilles, or appliqué sur l'or couleur.
Or de rapport, celui qu'on enchâsse dans du fer pour produire les damasquinures.
18
Sémantique : Terme d'alchimie. Or vif des philosophes, le feu qui est dans la matière de la pierre.
Fleur de l'or, la couleur qui suit la citrinité.
Or blanc, le mercure hermétique.

PROVERBES

1
Exemple : C'est de l'or de Toulouse qui lui coûtera bien cher, c'est-à-dire ce bien ne lui profitera pas ; locution tirée de l'or pillé à Toulouse par les Romains, et qui, d'après la légende, fut cause de malheur à ceux qui l'eurent (voy. JUSTIN, XII, 3).
2
Exemple : Or est qui or vaut, c'est-à-dire nous estimons les gens à proportion du bien qu'ils nous procurent.
3
Exemple : Aux premiers siècles de l'Église, les évêques étaient d'or et avaient des crosses de bois, c'est-à-dire les vertus étaient grandes et la simplicité extrême.
4
Exemple : Tout ce qui reluit n'est pas or, c'est-à-dire il ne faut pas se laisser prendre aux belles apparences.

HISTORIQUE

1
Xe s.
Ne por or, ned argent, ne paramenz
dans Eulalie
2
XIe s.
D'or et d'argent quatre cenz muls chargez
dans Ch. de Rol. III
3
XIIe s.
Coveitus fu d'aur et d'argent
de WACE dans Rou, 6463
Et vaissels d'aur e d'argent
de WACE dans ib. 6568
Sur un escu de fin or reluisant
dans Roncisv. p. 28
Vous porterez ma chartre où li seax d'or pend
dans Sax. XX
4
XIIIe s.
Qui l'escu portoit d'or à un lion d'azur
dans Berte, XLI
Nus ne puet paindre de couleur à or sele derriere, se elle n'est couverte de fin or, c'est à dire d'or sans mesleure d'argent que en apele or parti
dans Liv. des mét. 209
S'il seüst çou [ce] qu'il avint, il ne li eüst otriet [octroyé] pour tout l'or del mont
dans Chr. de Rains, 203
Sire, portés la lance el non sainte Marie ! - Sire, ce dist li dus, ne la porterai mie, Se vous or me doniés tout l'or qu'est en Roussie
dans Ch. d'Ant. VIII, 82
Or li furent remez encor Robes, vessels d'argent et d'or Et dras de soie à or batuz
de RUTEBEUF dans II, 195
N'est pas tout or quanque il reluit
de RUTEBEUF dans Vie Ste Elysab. p. 177
Le cent d'emeraudes, à or et sans or
de Léon de LABORDE dans Émaux, p. 410
5
XIVe s.
À Jehan de Lille, orfevre, pour XV esterlins d'or de touche à faire un collier pour le petit chiennet dudit seigneur [le roi]
de Léon de LABORDE dans ib. p. 412
6
XVe s.
À Mery Baudet, plumasseur, demourant à Tours, pour avoir garni d'or clinquant xxviii plumeaux pour mettre sur les salades des gens du duc [de Bretagne]
de Léon de LABORDE dans ib. p. 411
Une beste tout chargiée de fremailles et d'or tramblant, le plus dru que faire se peut
de Léon de LABORDE dans ib. p. 413
Tous marchans... qui s'entremectront de vendre et faire vendre à Paris or et argent filé, fait à Gennes, que l'on appelle or et argent de Chippre, qui se vend en cannettes, seront tenus de vendre icelui or et argent entresuivant et autel [tel] dessoubz comme dessus
de Léon de LABORDE dans ib. p. 411
7
XVIe s.
Il avoit fait escrire en grosses lettres d'or dessus un escu : à la bonne fortune
de Jacques AMYOT dans Démosth. 27
Son stile estoit un fleuve d'or coulant
de Jacques AMYOT dans Cicéron, 29
Son coeur comme son or est de vice souillé
de Pierre de RONSARD dans 903
En la balance l'or et le fer sont un
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. I, p. 80
Nul or sans escume
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans ib. p. 81
Il est de bas or, il craint la touche
de Antoine OUDIN dans Curios. franç.

ÉTYMOLOGIE

1
Bourg. Ô, devant une consonne ; prov. aur ; espagn. oro ; portug. ouro ; ital. oro ; bas-lat. orum (quod rustici orum dicebant, POMP., FESTUS, p. 75) ; du lat. aurum ; comparez le slave : lith. auksas, or ; prussien, ausin ; la racine est le sanscrit ush, brûler et aussi briller, à cause de l'éclat de l'or ; comparez le lat. aurora ; lithuanien, auszra ; sanscrit, ushas.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Cet or tout mouvant [les champs de blé]
de Jean RACINE dans Lexique, éd. P. Mesnard
2
Ajoutez :
Le pesant d'or, au propre.
[Chez les barbares] le parricide devra se racheter en donnant tout son pesant d'or, ou deux fois son pesant d'argent
de MICHELET dans Orig. du droit, p. 365