L'oeuvre Maximes et Réflexions morales de François, duc de LA ROCHEFOUCAULD

Ecrit par François, duc de LA ROCHEFOUCAULD

Date : 1664, 1678

Citations de "Maximes et Réflexions morales"

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Utilisé pour le motCitation
ÀLa bonne grâce est au corps ce que le bon sens est à l'esprit
ABANDONNERLe moindre défaut des femmes qui se sont abandonnées à faire l'amour, c'est de faire l'amour
ACCENTL'accent du pays où l'on est né demeure dans l'esprit et dans le coeur, comme dans le langage
ACCOUTUMANCELa jeunesse change de goûts par l'ardeur du sang, et la vieillesse conserve les siens par l'accoutumance
AMOURL'amour-propre est le plus grand de tous les flatteurs
CHANGEANT, ANTECe qui nous rend si changeants dans nos amitiés, c'est qu'il est difficile de connaître les qualités de l'âme, et facile de connaître celles de l'esprit
COEURL'homme croit souvent se conduire lorsqu'il est conduit ; et, pendant que par son esprit il tend à un but, son coeur l'entraîne insensiblement à un autre
COEURLa constance des sages n'est que l'art de renfermer leur agitation dans leur coeur
COMMEIl y a des héros en mal comme en bien
COMPAGNIENous nous vantons de ne nous point ennuyer ; nous sommes si glorieux que nous ne voulons pas nous trouver de mauvaise compagnie
CONDUITEOn donne des conseils, mais on n'inspire pas de conduite
CONSTANCENous croyons souvent avoir de la constance dans les malheurs, lorsque nous n'avons que de l'abattement ; et nous les souffrons sans oser les regarder, comme les poltrons se laissent tuer de peur de se défendre
CONSTANCELa constance en amour est une inconstance perpétuelle, qui fait que notre coeur s'attache successivement à toutes les qualités de la personne que nous aimons
CONTRARIÉTÉL'imagination ne saurait inventer tant de diverses contrariétés qu'il y en a naturellement dans le coeur de chaque personne
CONTRIBUERIl faut contribuer autant qu'on le peut au divertissement des personnes avec qui on veut vivre ; mais il ne faut pas toujours être chargé du soin d'y contribuer
CONVERSATIONBien écouter et bien répondre est une des plus grandes perfections qu'on puisse avoir dans la conversation
CONVERSATIONIl est dangereux de vouloir être toujours le maître de la conversation et de pousser trop loin une bonne raison quand on l'a trouvée
COQUETTERIEC'est une espèce de coquetterie de faire remarquer qu'on n'en fait jamais
CORPSIl y a des gens qui plaisent, quelque défaut qu'ils aient au corps et à l'esprit
CROIRELa promptitude à croire le mal sans l'avoir assez examiné est un effet de l'orgueil et de la paresse
DÉCOUVRIRL'inégalité que l'on remarque dans le courage d'un nombre infini de vaillants hommes, vient de ce que la mort se découvre différemment à leur imagination, et y paraît plus présente en un temps qu'en un autre
DÉFAUTNous n'avouons de petits défauts que pour persuader que nous n'en avons point de grands
DÉGUISERLes faux honnêtes gens sont ceux qui déguisent leurs défauts aux autres et à eux-mêmes ; les vrais honnêtes gens sont ceux qui les connaissent parfaitement et les confessent
DÉGUISERNous sommes si accoutumés à nous déguiser aux autres qu'à la fin nous nous déguisons à nous-mêmes
DÉLICIEUX, EUSEIl y a de bons mariages ; mais il n'y en a point de délicieux
DISGRACIÉ, ÉEIl y a des personnes à qui les défauts siéent bien, et d'autres qui sont disgraciées par leurs bonnes qualités
DOGEL'amour prête son nom à un nombre infini de commerces qu'on lui attribue, et où il n'a non plus de part que le doge à ce qui se fait à Venise
ÉCONOMIECe n'est pas assez d'avoir de grandes qualités ; il faut en avoir l'économie
ENNUYERNous pardonnons souvent à ceux qui nous ennuient ; mais nous ne pouvons pardonner à ceux que nous ennuyons
ENNUYERNous nous vantons souvent de ne nous point ennuyer ; nous sommes si glorieux que nous ne voulons pas nous trouver de mauvaise compagnie
ENVIELa jalousie est en quelque manière juste et raisonnable, puisqu'elle ne tend qu'à conserver un bien qui nous appartient ; au lieu que l'envie est une fureur qui ne peut souffrir le bien des autres
ESPRITL'esprit est toujours la dupe du coeur
ESPRITPeu d'esprit avec de la droiture ennuie moins à la longue que beaucoup d'esprit avec du travers
ÉTABLIRPour s'établir dans le monde, on fait tout ce qu'on peut pour y paraître établi
ÉTOFFEUn sot n'a pas assez d'étoffe pour être bon
ÉTOILEIl semble que nos actions aient des étoiles heureuses ou malheureuses, à qui elles doivent une grande partie de la louange et du blâme qu'on leur donne
ÉTONNEROn ne devrait s'étonner que de pouvoir encore s'étonner
EXEMPLERien n'est si contagieux que l'exemple, et nous ne faisons jamais de grands biens ni de grands maux qui n'en produisent de semblables
FARDLa sévérité des femmes est un ajustement et un fard qu'elles ajoutent à leur beauté
FEUIl y a quelque différence entre un esprit de feu et un esprit brillant : un esprit de feu va plus loin et avec plus de rapidité ; un esprit brillant a de la vivacité, de l'agrément et de la justesse
FIDÈLEIl est plus difficile d'être fidèle à sa maîtresse quand on est heureux que quand on est maltraité
FIXEMENTLe soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement
FOLIELa folie nous suit dans tous les temps de la vie ; si quelqu'un paraît sage, c'est seulement parce que ses folies sont proportionnées à son âge et à sa fortune
FORTUNELa fortune nous corrige de plusieurs défauts que la raison ne saurait corriger
GALANTERIEOn peut trouver des femmes qui n'ont jamais eu de galanterie ; mais il est rare d'en trouver qui n'en aient eu qu'une
GARDEROn garde longtemps son premier amant, quand on n'en prend pas un second
GLORIEUX, EUSEIl est aussi honnête d'être glorieux avec soi-même qu'il est ridicule de l'être avec les autres
GUÈRE ou GUÈRESOn ne trouve guère d'ingrats tant qu'on est en état de faire du bien
HONNÊTEUn honnête homme peut être amoureux comme un fou, mais non pas comme un sot
HONTEUX, EUSEIl faut que les jeunes gens qui entrent dans le monde soient honteux ou étourdis ; un air capable et composé se tourne d'ordinaire en impertinence
HUMEURIl y a plus de défauts dans l'humeur que dans l'esprit
HUMILITÉC'est un artifice de l'orgueil qui s'abaisse pour s'élever, et qui n'est jamais plus capable de tromper que lorsqu'il se cache sous la figure de l'humilité
INCOMMODEROn incommode souvent les autres, quand on croit ne les pouvoir jamais incommoder
INDISCRÉTIONLes femmes qui aiment pardonnent plus aisément les grandes indiscrétions que les petites infidélités
JALOUSIELa jalousie est le plus grand de tous les maux, et celui qui fait le moins de pitié aux personnes qui le causent
LÉGÈREMENTNous nous plaignons quelquefois légèrement de nos amis, pour justifier par avance notre légèreté
LIEULes grands noms abaissent au lieu d'élever ceux qui ne les savent pas soutenir
MAGNANIMITÉLa magnanimité est assez bien définie par son nom ; néanmoins on pourrait dire que c'est le bon sens de l'orgueil, et la voie la plus noble pour recevoir des louanges
MAÎTRESSEPlus on aime une maîtresse, plus on est près de la haïr
MAL, ALEIl y a des gens de qui l'on ne peut jamais croire du mal sans l'avoir vu ; mais il n'y en a point en qui il nous doive surprendre en le voyant
MALHEUREUX, EUSEOn n'est jamais si heureux ni si malheureux qu'on se l'imagine
MÉCHANT, ANTEIl y a des méchants qui seraient moins dangereux s'ils n'avaient aucune bonté
MÉCONNAÎTRELes mêmes objets nous paraissent par tant de côtés différents, que nous méconnaissons enfin ce que nous avons vu et ce que nous avons senti
MÉDIOCRELes esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée
MÉDIREIl y a des reproches qui louent et des louanges qui médisent
MÉDISANT, ANTEOn est d'ordinaire plus médisant par vanité que par malice
MÉMOIREPourquoi faut-il que nous ayons assez de mémoire pour retenir jusqu'aux moindres particularités de ce qui nous est arrivé, et que nous n'en ayons pas assez pour nous souvenir combien de fois nous les avons contées à une même personne ?
MÉPRISABLEIl n'y a que ceux qui sont méprisables qui craignent d'être méprisés
MÉRITELa nature fait le mérite, et la fortune le met en oeuvre
NATUREL, ELLERien n'empêche tant d'être naturel que l'envie de le paraître
NÉGOCIATIONCe qui fait que l'on est souvent mécontent de ceux qui négocient, est qu'ils abandonnent presque toujours l'intérêt de leurs amis pour l'intérêt du succès de la négociation, qui devient le leur, par l'honneur d'avoir réussi à ce qu'ils avaient entrepris
NOMLes grands noms abaissent au lieu d'élever ceux qui ne les savent pas soutenir
NOUVEAU ou, devant une voyelle ou une h muette, NOUVEL, NOUVELLENous arrivons tout nouveaux aux divers âges de la vie, et nous y manquons souvent d'expérience malgré le nombre des années
NOUVEAUTÉLa grâce de la nouveauté est à l'amour ce que la fleur est sur les fruits ; elle y donne un lustre qui s'efface aisément et qui ne revient jamais
NOUVEAUTÉLa grâce de la nouveauté et de la longue habitude, quelque opposées qu'elles soient, nous empêchent également de sentir les défauts de nos amis
OBLIGERLes hommes ne sont pas seulement sujets à perdre le souvenir des bienfaits et des injures ; ils haïssent même ceux qui les ont obligés
OCCASIONDans les grandes affaires, on doit moins s'appliquer à faire naître des occasions, qu'à profiter de celles qui se présentent
OCCASIONLes occasions nous font connaître aux autres et encore plus à nous-mêmes
OPINIÂTRERAprès que le temps, qui consume tout, a fait cesser celle [douleur] qu'elles avaient en effet, elles ne laissent pas d'opiniâtrer leurs pleurs, leurs plaintes et leurs soupirs
ORGUEILL'orgueil se dédommage toujours et ne perd rien, lors même qu'il renonce à la vanité
PARDONNEROn pardonne tant que l'on aime
PARESSEC'est se tromper que de croire qu'il n'y ait que les violentes passions, comme l'ambition et l'amour, qui puissent triompher des autres ; la paresse, toute languissante qu'elle est, ne laisse pas d'être souvent la maîtresse
PARESSEPendant que la paresse et la timidité nous retiennent dans notre devoir, notre vertu en a souvent tout l'honneur
PASSERCelui qui croit trouver en soi-même de quoi pouvoir se passer de tout le monde, se trompe fort ; mais celui qui croit qu'on ne peut se passer de lui, se trompe encore davantage
PASSIONLa durée de nos passions ne dépend pas plus de nous que la durée de notre vie
PASSIONDe toutes les passions violentes, celle qui sied le moins mal aux femmes, c'est l'amour
PASSIONDans les premières passions les femmes aiment l'amant ; dans les autres elles aiment l'amour
PASSIONCeux qui ont eu de grandes passions, se trouvent toute leur vie heureux et malheureux d'en être guéris
PAYSQuelque découverte que l'on ait faite dans le pays de l'amour-propre, il y reste encore bien des terres inconnues
PENCHANTIl n'y a guère de personnes qui, dans le premier penchant de l'âge, ne fassent connaître par où leur corps et leur esprit doivent défaillir
PÉNÉTRATIONLe plus grand défaut de la pénétration n'est pas de n'aller point jusqu'au but ; c'est de le passer
PERSÉCUTIONLe mal que nous faisons ne nous attire pas tant de persécutions et de haine, que nos bonnes qualités
PERSÉVÉRANCELa persévérance n'est digne ni de blâme ni de louange, parce qu'elle n'est que la durée des goûts et des sentiments qu'on ne s'ôte et qu'on ne se donne point
PERSONNAGEL'intérêt parle toutes sortes de langues, et joue toutes sortes de personnages, même celui de désintéressé
PERSONNELa modération des personnes heureuses vient du calme que la bonne fortune donne à leur humeur
PERSPECTIVELes hommes et les affaires ont leur point de perspective
PERSUADERNous nous persuadons souvent d'aimer les gens plus puissants que nous, et néanmoins c'est l'intérêt seul qui produit notre amitié
PETIT, ITECeux qui s'appliquent trop aux petites choses, deviennent ordinairement incapables des grandes
PEUAssez de gens méprisent le bien, mais peu savent le donner
PHILOSOPHIELa philosophie triomphe aisément des maux passés et des maux à venir ; mais les maux présents triomphent d'elle
PLAIREPour plaire aux autres, il faut parler de ce qu'ils aiment et de ce qui les touche, éviter les disputes sur des choses indifférentes, leur faire rarement des questions, et ne leur laisser jamais croire qu'on prétend avoir plus de raison qu'eux
PLAIRENous plaisons plus souvent dans le commerce de la vie par nos défauts que par nos bonnes qualités
PLEUREROn pleure pour être plaint ; on pleure pour avoir la réputation d'être tendre ; on pleure pour être pleuré ; enfin on pleure pour éviter la honte de ne pleurer pas
PLUSL'envie est plus irréconciliable que la haine
POLITESSELa politesse de l'esprit consiste à penser des choses honnêtes et délicates
POLITIQUELa clémence des princes n'est souvent qu'une politique pour gagner l'affection des peuples
POLTRON, ONNEIl n'y a guère de poltrons qui connaissent toute leur peur
PRÉCISÉMENTIl n'y a presque personne qui ne pense plutôt à ce qu'il veut dire qu'à répondre précisément à ce qu'on lui dit
PRENDREIl y a des folies qui se prennent comme les maladies contagieuses
PRÈSÀ une grande vanité près, les héros sont faits comme les autres hommes
PRÈSNous sommes plus près d'aimer ceux qui nous haïssent, que ceux qui nous aiment plus que nous ne voulons
PRÉVOIRIl vaut mieux employer notre esprit à supporter les infortunes qui nous arrivent, qu'à prévoir celles qui nous peuvent arriver
PRIXNotre humeur met le prix à tout ce qui nous vient de la fortune
PROPORTIONLes honnêtes gens doivent approuver sans prévention ce qui mérite d'être approuvé, suivre ce qui mérite d'être suivi, et ne se piquer de rien ; mais il y faut une grande proportion et une grande justesse
PROPRIÉTÉLa plupart des hommes ont, comme les plantes, des propriétés cachées que le hasard fait découvrir
QUALITÉLe même orgueil qui nous fait blâmer les défauts dont nous nous croyons exempts, nous porte à mépriser les bonnes qualités que nous n'avons pas
QUALITÉCe n'est pas assez d'avoir de grandes qualités ; il en faut avoir l'économie
QUEIl y a dans la jalousie plus d'amour-propre que d'amour
QUELQUE... QUEQuelques grands avantages que la nature donne, ce n'est pas elle seule, mais la fortune avec elle qui fait les héros
QUITTERQuand nos vices nous quittent, nous nous flattons de la créance que c'est nous qui les quittons
RAILLERIl y a une manière de railler délicate et flatteuse qui touche seulement les défauts que les personnes dont on parle veulent bien avouer, qui sait déguiser les louanges qu'on leur donne sous des apparences de blâme, et qui découvre ce qu'elles ont d'aimable, en feignant de le vouloir cacher
RAILLERIELa raillerie est un air de gaieté qui remplit l'imagination, et qui lui fait voir en ridicule les objets qui se présentent ; l'humeur y mêle plus ou moins de douceur ou d'âpreté
RAPPORTNous ne pouvons rien aimer que par rapport à nous, et nous ne pouvons que suivre notre goût et notre plaisir, quand nous préférons nos amis à nous-mêmes
RECHERCHÉ, ÉEFuyons les expressions trop recherchées, les termes durs ou forcés, et ne nous servons point de paroles plus grandes que les choses
RECHUTEIl y a des rechutes dans les maladies de l'âme comme dans celles du corps
RECONNAISSANCECe qui fait le mécompte dans la reconnaissance qu'on attend des grâces que l'on a faites, c'est que l'orgueil de celui qui donne, et l'orgueil de celui qui reçoit, ne peuvent convenir du prix du bienfait
RECONNAISSANT, ANTETous ceux qui s'acquittent des devoirs de la reconnaissance, ne peuvent pas pour cela se flatter d'être reconnaissants
REGRETTEROn perd quelquefois des personnes qu'on regrette plus qu'on n'en est affligé, et d'autres dont on est affligé, et qu'on ne regrette guère
RELÂCHERIl y a des hommes qui s'exposent volontiers au commencement d'une action, et qui se relâchent et se rebutent par sa durée
REMPLIRLes personnes faibles qui sont toujours agitées de passions, n'en sont presque jamais véritablement remplies
REPENTIRNotre repentir n'est pas tant un regret du mal que nous avons fait, qu'une crainte de celui qui nous en peut arriver
REPROCHEIl y a des reproches qui louent et des louanges qui médisent
RÉPUTATIONQuelque honte que nous ayons méritée, il est presque toujours en notre pouvoir de rétablir notre réputation
RIDICULELe ridicule déshonore plus que le déshonneur
ROMPREOn a bien de la peine à rompre quand on ne s'aime plus
ROUVRIRLes défauts de l'âme sont comme les blessures du corps ; quelque soin qu'on prenne de les guérir, la cicatrice paraît toujours, et elles sont à tout moment en danger de se rouvrir
SAGESSENotre sagesse n'est pas moins à la merci de la fortune que nos biens
SAISONLe mérite des hommes a sa saison aussi bien que les fruits
SANSIl y a des gens si remplis d'eux-mêmes que, lorsqu'ils sont amoureux, ils trouvent moyen d'être occupés de leur passion, sans l'être de la personne qu'ils aiment
SEUL, EULEC'est une grande folie de vouloir être sage tout seul
SIGNALERNous nous consolons aisément des disgrâces de nos amis, lorsqu'elles servent à signaler notre tendresse pour eux
SILENCEIl y a un silence de discrétion et de repos
SIMPLICITÉLa simplicité affectée est une imposture délicate
SINCÉRITÉLa sincérité est une ouverture de coeur qui nous montre tels que nous sommes ; c'est un amour de la vérité, une répugnance à se déguiser, un désir de se dédommager de ses défauts et de les diminuer même par le mérite de les avouer
SOCIÉTÉLes hommes ne vivraient pas longtemps en société, s'ils n'étaient les dupes les uns des autres
SOCIÉTÉMon dessein n'est pas de parler de l'amitié en parlant de la société ; bien qu'elles aient quelque rapport, elles sont néanmoins très différentes : la première a plus d'élévation et d'humilité, et le plus grand mérite de l'autre est de lui ressembler
SOCIÉTÉPour rendre la société commode, il faut que chacun conserve sa liberté ; il ne faut point se voir, ou se voir sans sujétion, et pour se divertir ensemble ; il faut pouvoir se séparer, sans que cette séparation apporte du changement
SOT, OTTEOn peut être sot avec beaucoup d'esprit, et on peut n'être pas sot avec peu d'esprit
TARIRIl y a encore une autre espèce de larmes qui n'ont que de petites sources, qui coulent et se tarissent facilement
TEL, ELLEIl n'y a presque point d'homme qui veuille en toutes choses se laisser voir tel qu'il est
TEMPÉRAMENTLa vanité, la honte, et surtout le tempérament font souvent la valeur des hommes et la vertu des femmes
TEMPÉRERLes vices entrent dans la composition des vertus, comme les poisons entrent dans la composition des remèdes : la prudence les assemble et les tempère
TIÉDEURLes passions de la jeunesse ne sont guère plus opposées au sa lut que la tiédeur des vieilles gens
TIMIDITÉLa timidité est un défaut dont il est dangereux de reprendre les personnes qu'on en veut corriger
TOMBERIl faut demeurer d'accord, à l'honneur de la vertu, que les plus grands malheurs des hommes sont ceux où ils tombent par leurs crimes
TONIl n'y a point de règle générale pour les tons et pour les manières, et il n'y a point de bonnes copies
TORTIl n'y a point de gens qui aient plus souvent tort, que ceux qui ne peuvent souffrir d'en avoir
TORTCe qui fait voir que les hommes connaissent mieux leurs fautes qu'on ne pense, c'est qu'ils n'ont jamais tort quand on les entend parler de leur conduite
TRAHISONL'on fait plus souvent des trahisons par faiblesse que par un dessein formé de trahir
TRAVERSOn trouve des moyens pour guérir de la folie ; mais on n'en trouve point pour redresser un esprit de travers
TRAVERSQuelque soin que l'on prenne de couvrir ses passions par des apparences de piété et d'honneur, elles paraissent toujours au travers de ces voiles
TROMPERIl est aussi facile de se tromper soi-même sans s'en apercevoir, qu'il est difficile de tromper les autres sans qu'ils s'en aperçoivent
TYRANNIEOn a souvent besoin de force et de prudence pour les opposer à la tyrannie de la plupart de nos amis, qui se font un droit sur notre confiance et qui veulent tout savoir de nous
VALEURLa parfaite valeur est de faire sans témoins ce qu'on serait capable de faire devant tout le monde
VALOIRRien ne devrait plus humilier les hommes qui ont mérité de grandes louanges, que le soin qu'ils prennent encore de se faire valoir par de petites choses
VANITÉLa vertu n'irait pas si loin, si la vanité ne lui tenait compagnie
VANITÉOn fait souvent vanité des passions, même les plus criminelles
VARIÉTÉIl faut de la variété dans l'esprit ; ceux qui n'ont que d'une sorte d'esprit ne peuvent pas plaire longtemps
VAUDEVILLEIl y a des gens qui ressemblent aux vaudevilles que tout le monde chante un certain temps, quelque fades et dégoûtants qu'ils soient
VENGEANCELa vengeance procède toujours de la faiblesse de l'âme, qui n'est pas capable de supporter les injures
VÉRITÉLa vérité ne fait pas tant de bien dans le monde que les apparences y font de mal
VERTULa vertu n'irait pas si loin, si la vanité ne lui tenait compagnie
VERTUOn ne méprise pas tous ceux qui ont des vices ; mais on méprise tous ceux qui n'ont aucune vertu
VICEQuand les vices nous quittent, nous nous flattons de la créance que c'est nous qui les quittons
VICELes vices entrent dans la composition des vertus, comme les poisons entrent dans la composition des remèdes
VIELa vie est bonne en soi et le plus grand bien du monde, mais le plus mal ménagé
VIEIL ou VIEUX, VIEILLELe plus dangereux ridicule des vieilles personnes qui ont été aimables, c'est d'oublier qu'elles ne le sont plus
VIEILLARDLes vieillards aiment à donner de bons préceptes, pour se consoler de n'être plus en état de donner de mauvais exemples
VIEILLESSELa vieillesse est un tyran qui défend, sous peine de la vie, tous les plaisirs de la jeunesse
VIOLENCELa violence qu'on se fait pour demeurer fidèle à ce qu'on aime, ne vaut guère mieux qu'une infidélité
VIVACITÉLa vivacité qui augmente en vieillissant ne va pas loin de la folie
VOGUELa plupart des gens ne jugent des hommes que par la vogue qu'ils ont ou par leur fortune
VOIXIl n'y a pas moins d'éloquence dans le ton de la voix, dans les yeux et l'air de la personne, que dans le choix des paroles
VOLONTÉIl s'en faut bien que nous connaissions toutes nos volontés
VOLONTÉNous avons plus de force que de volonté ; et c'est souvent pour nous excuser à nous-mêmes, que nous imaginons que les choses sont impossibles
VRAI, AIEQuelque défiance que nous ayons de la sincérité de ceux qui nous parlent, nous croyons toujours qu'ils nous disent plus vrai qu'aux autres

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