Définition de MERI

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DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : a-bi-mé

DÉFINITIONS

1
Précipiter dans un abîme. Jehova abîma Sodome. Un tremblement de terre abîme parfois une maison.
Nous ne pouvons abîmer Télémaque dans les flots de la mer
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XIX.
Dieu résolut enfin.... D'abîmer sous les eaux tous ces audacieux
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. XI
2
Sémantique : Fig. Abîmer dans la douleur, dans les dettes. Cette nouvelle l'abîma en de graves réflexions.
En l'esclavage un autre hymen l'abîme
de Pierre CORNEILLE dans Sert. 1
Faites qu'elle aime ailleurs et punisse son crime Par ce désespoir même où son change m'abîme
de Pierre CORNEILLE dans Perth. II, 1
L'inceste où malgré vous tous deux je vous abîme, Recevra de ma main sa première victime
de Pierre CORNEILLE dans Oed. v, 10
3
Ruiner, endommager, gâter, tacher. Les procès ont abîmé sa fortune. L'ouragan abîme les blés. Les pluies abîment les chemins. Son chapeau est tombé dans la boue ; il est tout abîmé. Le soleil abîme certaines étoffes.
Maux qui sont capables d'abîmer l'État
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. XXXIV
Pour soutenir tes droits.... Abîme tout plutôt, c'est l'esprit de l'Église
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutrin, I
Un procès, une saison cruelle, une taxe qui vous abîme
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Visit.
4
Dans une discussion. Abîmer son adversaire, ne lui laisser rien de bon à répondre.
On voit en tous ces endroits comme il les abîme [ces théologiens]
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Avertiss. VI
S'ABÎMER, v. réfl.
5
Tomber dans un abîme. Le vaisseau s'abîma dans la mer. Une grande partie s'abîma dans le fleuve. L'infanterie s'abîma dans un marais. Troie s'abîma dans les flammes.
Au fond de l'eau bouillante elle s'est abîmée
de Jean de ROTROU dans M. de Chrispe, v, 10
Mourez ; tout doit mourir, et nos saints monuments S'abîment avec nous sans laisser plus de trace
de Casimir DELAVIGNE dans Paria, IV, 7
Terre où je n'ai plus rien que mon coeur puisse aimer, Ouvre-toi ! Dans tes flancs puissé-je m'abîmer !
de LEMERC. dans Fréd. et Br. IV, 4
6
Sémantique : Fig. Tout s'abîme dans l'oubli. S'abîmer dans l'étude. Il s'abîme dans de tristes pensées. S'abîmer dans le désespoir.
Toi donc qui vois les maux où ma muse s'abîme
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. II
Et dans les doux torrents d'une allégresse entière Tu verras s'abîmer tes maux les plus amers
de Pierre CORNEILLE dans T. d'or, Prol.
Que les tristes pensers où votre âme s'abîme, Ne vous empêchent pas de prévenir son crime
de Jean de MAIRET dans Sol. II, 8
Ces tristesses profondes où vous vous abîmez
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. III, p. 65
Occupé de tout cela, rempli d'admiration à la vue de tout cela, on voudrait de quelque manière s'abîmer et s'anéantir
de Louis BOURDALOUE dans ib. p. 386
Boufflers s'abîma en respects, et répondit [au roi] que de si grandes marques de satisfaction le récompensaient au-dessus de ce qu'il pouvait mériter
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 214, 144
Je m'abîme dans ces pensées
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 12, 6
Château, chapelle, donjon, tout s'en va, tout s'abîme
de Paul Louis COURIER dans 1, 176
7
Être gâté ou endommagé. Certaines étoffes s'abîment au soleil.
ABÎMER, Nature : v. n. Tomber dans un gouffre, se perdre. Sodome abîma en une nuit. Toute sa fortune abîmera quelque jour. Sa maison a abîmé dans le tremblement de terre.
Il semblait que le monde dût abîmer
de PERROT D'ABLANCOURT dans dans FERAUD
Jurant à faire abîmer la ville de Valence
de Paul SCARRON dans Rom. com. II, 14
Peu usité en cet emploi.

REMARQUE

1
Ce mot offre une idée de profondeur. Pourquoi, dit Voltaire dans ses remarques sur Corneille, dit-on abîmé dans la douleur, dans la tristesse ? C'est que l'on peut y ajouter l'épithète de profonde. Des grammairiens ont reproché à l'Académie d'avoir admis abîmer avec le sens de gâter : un habit abîmé. L'Académie n'a fait en cela que constater un usage, peu élégant sans doute, mais qui est très réel. En tout cas, cet usage n'a point amoindri le mot abîmer, qui garde dans sa plénitude sa grande signification.

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Il estoit homme désordonné, dissolu et desbordé en despense et abysmé de dettes
de Jacques AMYOT dans Galba, 26
En toute autre sumptuosité de faire jouer jeux et donner festes publiques, il abysma, par manière de dire, la magnificence de tous ceulx qui s'estoient efforcés d'en faire auparavant
de Jacques AMYOT dans César, 6
Si que les nefs sans crainte d'abismer Nageoient en mer à voiles avallées
de Clément MAROT dans II, 249
Dont plus n'auront crainte ne doute, Et deust trembler la terre toute, Et les montagnes abismer Au milieu de la haute mer
de Clément MAROT dans IV, 291
Sers-moi de phare et garde d'abismer [que ne s'abîme] Ma nef qui flotte en si profonde mer
de Pierre de RONSARD dans 595
Dont il est necessaire que les uns soient par desespoir jettés en un gouffre qui les abysme
de Jean CALVIN dans Inst. 662
Tous ensemble forment une indissoluble amitié pour abysmer les Lutheriens
de Vincent CARLOIX dans VIII, 16
Oh ! quantes fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple endurcy !
de Joachim DU BELLAY dans III, 93, verso.

ÉTYMOLOGIE

1
Abîme ; Berry, abisser ; provenç. abissar ; anc. catal. abisar ; espagn. abismar ; ital. abissare. Le patois du Berry, ainsi que d'autres, ont suivi abyssus et non abyssimus.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
ABÎMER. Ajoutez :
2
En général, maltraiter.
Saint Augustin et les deux lettres auxquelles on nous renvoie y sont abîmés
de BAYLE dans La France toute catholique, à la fin

Synonymes de ABÎMER

Termes proches de ABÎMER

Phonétiquement proche de ABÎMER