Définition de ACQUITTER

DÉFINITIONS - REMARQUE - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-ki-té

DÉFINITIONS

1
Rendre quitte, libérer une personne ou une propriété. Il a acquitté son ami, sa famille. Il devait sur sa charge, mais il l'a entièrement acquittée. Acquitter un débiteur, payer ses dettes.
Le juste paye ce qu'il ne doit pas et acquitte les pécheurs de ce qu'ils doivent
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 6
Je vous prie de m'acquitter de cette dette
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. CIII
2
Payer. Il a acquitté toutes les dettes de sa famille. Acquitter la dîme, les frais de la condamnation, un legs.
Si je dois à ce prix vous acquitter ma dette
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Étourdi, V, 9
Que Castor et Pollux acquittassent le reste....
de Jean de LA FONTAINE dans Fab. I, 14
3
Acquitter une lettre de change, un billet, un mémoire, en constater le payement en mettant au bas pour acquit et signant au-dessous.
4
Sémantique : Fig. Acquitter un voeu, acquitter une dette de reconnaissance. Rien ne saurait m'acquitter envers vous.
Essayons de lui faire acquitter sa promesse
de François L'Hermite, sieur du Soliers, dit TRISTAN L'HERMITE dans M. de Chrisp. IV, 10
Et, sans lui rappeler des soins dont je l'acquitte, Je lui rends sa parole et protége sa fuite
de VIENNET dans Clovis, III, 8
Xipharès, en un mot, devenant votre époux, Me venge de Pharnace et m'acquitte envers vous
de Jean RACINE dans Mithr. III, 5
5
Acquitter sa conscience, faire ce à quoi la conscience oblige.
6
Acquitter, déclarer non coupable. L'accusé fut acquitté.
S'ACQUITTER, v. réfl.
7
Se libérer de ce qu'on doit. S'acquitter de ses dettes. Il s'est acquitté envers vous. Il songeait à s'acquitter de ce qu'il devait à César.
Hélas ! de tant d'amour et de tant de bienfaits, Mon père, quel moyen de m'acquitter jamais ?
de Jean RACINE dans Ath. IV, 3
Je m'acquitte par là de ce que je vous dois
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Étour. V, 16
8
S'acquitter de. Satisfaire à un devoir, une obligation.
Je lui ai une obligation dont il faut que je m'acquitte avant toutes choses
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans le Fest. de P. III, 6
Souffrez que je lui rende ici ce qu'il m'a prêté, que je m'acquitte de la vie que je lui dois
dans ib. III, 6
Quelques pratiques communes dont ils s'acquittent avec beaucoup de négligence et de tiédeur
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. I, p. 59
Trop heureux d'avoir pu, par un récit fidèle, De leur paix en passant vous conter la nouvelle, Et m'acquitter vers vous de mes respects profonds
de Jean RACINE dans Baj. III, 2
Et moi, je suis venu, détestant la lumière.... m'acquitter, seigneur, du malheureux emploi....
de Jean RACINE dans Phèd. V, 6
Et n'ai-je pris sur moi le soin de tout l'État Que pour m'en acquitter par un assassinat ?
de Jean RACINE dans Andr. IV, 3
Allons, il faut partir, il faut que je m'acquitte Des funestes tributs que sa cendre mérite
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Oed. V, 2
Je m'acquitte en tremblant de cet affreux devoir
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Tancr. V, 5
9
S'acquitter d'une chose, la faire, l'exécuter. Il veut danser, mais il s'en acquitte mal.
On doit être bien aise de s'en acquitter comme vous faites
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 35
10
Au jeu, s'acquitter, regagner ce qu'on avait perdu, et rester quitte à quitte. Il a joué avec lui jusqu'à ce qu'il se fût acquitté.
11
Au jeu de billard, s'acquitter, jouer le premier coup. On dit plus ordinairement, donner l'acquit.

REMARQUE

1
Des grammairiens ont prétendu qu'on ne pouvait pas dire s'acquitter vers quelqu'un ; le fait est qu'on dit ordinairement envers. Mais, comme vers ne contient rien en soi qui en fasse un barbarisme ou un solécisme et l'exclue, c'est l'usage qui doit décider. Or, les meilleurs écrivains se sont exprimés ainsi.
On s'acquitte vers eux par des chants de victoire
de Pierre CORNEILLE dans Hor. IV, 2
Vous prendrez donc le soin de m'acquitter vers lui
de Pierre CORNEILLE dans Oth. III, 3
.... ne sont pas des exploits qui laissent à ton roi Le moyen ni l'espoir de s'acquitter vers toi
de Pierre CORNEILLE dans Cid, IV, 13
À m'acquitter vers toi d'une telle promesse
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans le Dép. I, 2
Vers la couronne et vers vous acquitté, J'implore une faveur de Votre Majesté
de Jean de ROTROU dans Vencesl. V, 9
La mort a respecté ces jours que je te doi, Pour me donner le temps de m'acquitter vers toi
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Alz. II, 2

SYNONYME

1
ACQUITTER, S'ACQUITTER. On acquitte un devoir, un voeu, une promesse, et on s'en acquitte. Rien de plus voisin que ces deux locutions ; la seule différence qui y apparaisse, c'est que, dans la seconde, il y a un retour sur le sujet. J'acquitte ma promesse, c'est-à-dire elle est acquittée ; je m'acquitte de ma promesse, c'est-à-dire j'en suis délivré. Ainsi, tout en comprenant que ces deux expressions sont généralement équivalentes, on choisit l'une de préférence à l'autre, suivant l'idée qui, au moment, prédomine dans l'esprit.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Se de mon cors [je] voeil aquiter [obtenir] la vie
dans Ch. de Rol. 36
2
XIIe s.
J'aqiterai d'Espagne une part grant
dans Roncisv. p. 39
Qu'il l'aura ainz par le champ [combat en champ clos] aqité
dans ib. p. 185
Là li dut li reis faire cinc cenz marz aporter ; Dunt il porreit ses detes à cele hure aquiter
dans Th. le Mart. 119
3
XIIIe s.
Nous ne sommes mie tant de gent que nous puissions estre acquité de nostre passage paier
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans XXXV
Li venderes et li achateres se aquiteront le jour chascun pour un denier
dans Livre des Mét. 345
La Magdelene [il] visita, De toz ses pechiez l'acuita, Et la fist saine
de RUTEBEUF dans II, 5
Et se il le sert tant que il s'aquite, en servant le, vers lui de la dette, il deit estre maintenant quitte et delivre
dans Ass. de Jérus. I, 189
Et je, pour mon serrement aquiter....
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 212
Je promis à ma dame la royne vostre mere, que je feroye cest livre ; et, pour moy aquitier de ma promesse, l'ai je fait
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 192
4
XVe s.
Qu'il lui voulust renvoyer sa femme ; car il [Édouard II] s'en vouloit acquitter à Dieu et au monde, et que ce n'estoit pas sa coulpe qu'elle estoit partie de lui....
de Jean FROISSART dans I, I, 11
Et fit à la porte mesmement trois de ses fils chevaliers, qui aussi se acquitterent moult bien en leur nouvelle chevalerie
de Jean FROISSART dans I, I, 102
Seigneur, il est bien vrai que le roi de France m'a envoyé en ceste ville et en ce chastel pour le garder et defendre à mon loyal pouvoir ; vous savez comment je m'en suis acquitté et voudroie encore faire
de Jean FROISSART dans I, I, 242
Soyez seure, ma doulce amye, Que je vous ayme loyaument ; Or vous requier et vous supplie : Acquittez vous pareillement
de Charles D'ORLÉANS dans Ball. XI
Pour ne s'estre bien acquité à la reformation de l'Eglise comme il devoit....
de Philippe de COMMINES dans VIII, 2
5
XVIe s.
Pour acquitter les voeux qu'il avoit faits
de Jacques AMYOT dans Lys. 38
Je vous absouls et descharge, comme très bien et sainctement acquitez de la foy que vous avez jurée à vostre capitaine
de Jacques AMYOT dans Eum. 36
Il l'acquitta d'une infinie somme de debtes
de Jacques AMYOT dans Pomp. 83
Plusieurs se sont trouvez qui ont maintenu qu'il faloit prendre la moitié de leurs biens pour en acquitter le roy [payer ses dettes], veu que le peuple est incapable pour sa pauvreté d'y satisfaire
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 98
La pluspart de ceux qui doyvent le service s'en acquitent avec l'argent
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 232
Du petit on vient au grand, et qui s'acquite bien de l'un est mieux preparé pour se bien acquiter de l'autre
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 293
J'ai bien esprouvé que, pour cent francs de melancolie, n'acquitterons pas pour cent sols de dette
de Bonaventure DESPÉRIERS dans Contes, 1

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. aquitar ; espagn. aquietar ; bas-latin, acquitare, de ad, à, et quittare, quitter (voy. ce mot).

Synonymes de ACQUITTER

Termes proches de ACQUITTER