Définition de TITRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ti-tr' ; au XVIe s. écrit tiltre, mais prononcé titre, PALSGRAVE, p. 23

DÉFINITIONS

1
Inscription en tête d'un livre, indiquant la matière qui y est traitée, et ordinairement le nom de l'auteur qui l'a composé.
Nous voulons faire un livre qui aura pour titre : Les peines légères et salutaires de l'amitié
.... tous ces vains amas de frivoles sornettes, Montre, Miroir d'amour, Amitiés, Amourettes, Dont le titre souvent est l'unique soutien, Et qui, parlant beaucoup, ne disent jamais rien
Les titres des livres sont comme ceux des hommes aux yeux du philosophe ; il ne juge de rien par les titres
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. hist. Ex. test. pol. Alberoni.
Sémantique : Fig.
Toute secte, comme on sait, est un titre d'erreur ; il n'y a point de secte de géomètres, d'algébristes, d'arithméticiens, parce que toutes les propositions de géométrie, d'algèbre, d'arithmétique sont vraies
Il se dit également des inscriptions placées au commencement des divisions d'un livre.
Sémantique : Terme d'imprimerie. Faux titre, premier titre abrégé, imprimé sur le feuillet qui précède celui où est le titre entier de l'ouvrage.
Titre courant, titre qui est écrit au haut des pages, pour indiquer le sujet d'un livre et quelquefois des chapitres.
Titre-planche, nom qu'on donne au titre d'un livre, lorsqu'il est gravé en taille-douce ou lithographié, avec des ornements historiés et relatifs au sujet de l'ouvrage.
2
Nom de certaines subdivisions usitées dans les codes des lois, dans les ouvrages de jurisprudence. Le titre des Successions, dans le Code civil. Un long titre. Un titre difficile.
Nous avons dans les Décrétales le titre fameux De frigidis et maleficiatis qui est fort curieux
Sémantique : Par extension.
Traiter comme Senaut toutes les passions, Et, les distribuant par classes et par titres, Dogmatiser en vers et rimer par chapitres
3
Marque que l'ouvrier met au chef de chaque pièce de sa fabrique
4
Nom exprimant une qualité honorable, une dignité. Il a le titre de duc, de marquis. Cette terre portait le titre de comté.
Du nom de dictateur, du nom de général, Qu'importe, si des deux le pouvoir est égal ? Les titres différents ne font rien à la chose
Reine, puisque ce titre a pour vous tant de charmes
Je trouve que toute imposture est indigne d'un honnête homme, et qu'il y a de la lâcheté à déguiser ce que le ciel nous a fait naître, à se parer aux yeux du monde d'un titre dérobé, à se vouloir donner pour ce qu'on n'est pas
Celui [le nom] d'Estrées est comblé de tous les titres qui peuvent entrer dans une maison
Charlemagne se fit couronner roi d'Italie, et prit le titre de roi des Français et des Lombards
Sans s'en laisser éblouir [de la dignité de chancelier], le modeste ministre disait seulement que le roi, pour couronner plutôt la longueur que l'utilité de ses services, voulait donner un titre à son tombeau et un ornement à sa famille
Ses rois [de la Grèce], à vous ouïr, m'ont paré d'un vain titre
Il ne reste au sénat qu'à juger sous quel titre De Rome et des humains je dois être l'arbitre
être Bonaparte et se faire sire ! Il aspire à descendre : mais non, il croit monter en s'égalant aux rois ; il aime mieux un titre qu'un nom
Sémantique : Fig.
Je suis homme et soldat ; ce sont là tous mes titres
Exempte d'un culte hypocrite, La raison ne connaît de rangs Que ceux que donne le mérite Et de titres que les talents
de Jean-Baptiste Louis GRESSET dans Épît. Égal.
5
Il se dit de certaines qualifications données par honneur. Le titre de Sire, de Majesté se donne aux rois ; celui de Sainteté se donne aux papes. Le titre d'Altesse. On donne aux cardinaux le titre de Votre Éminence.
Il se dit aussi de certaines églises de Rome et des environs dont les cardinaux prennent le nom. Cardinal du titre de Sainte-Sabine. Cardinal du titre de Saint-Pierre-aux-Liens.
6
Il se dit, en général, de qualifications bonnes ou mauvaises, par comparaison aux titres de dignité. Le titre de bienfaiteur.
Et, si je n'en obtiens la grâce tout entière, Malgré le nom de père et le titre de fils, Je deviens le plus grand de tous ses ennemis
Quelques titres honteux que partout on lui donne, Son misérable honneur ne voit pour lui personne
Notre malheureuse reine, donnons-lui hautement ce titre, dont elle a fait un sujet d'actions de grâces
7
Propriété, exercice de certaines charges, de certaines professions. Il eut cette charge en titre, après l'avoir exercée longtemps par commission. Sa commission fut érigée en titre d'office.
Sémantique : Fig. et familièrement. C'est un fripon en titre d'office, c'est un grand fripon (phrase vieillie).
Professeur en titre, par opposition à professeur suppléant.
Commis en titre, se dit par opposition à surnuméraire.
Sémantique : Fig. En titre, se dit d'une position qu'on occupe comme par un titre.
Je fus aussitôt reconnu dans la société pour l'amant en titre, c'est-à-dire pour le maître de la maison
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuv. t. VIII, p. 168
Ou, sans honte, on voyait une maîtresse en titre Des intérêts des rois devenir seule arbitre
de A. DUVAL dans Man. des grand. III, 8
8
Il se dit de certaines professions qui ne peuvent être exercées qu'en vertu d'un brevet, d'un diplôme, etc. Il attend son titre. Il a le titre de notaire, mais il n'exerce pas encore. Il n'a pas encore reçu son titre de médecin, d'avocat.
Titre nu, charge, par exemple, de commissaire-priseur, achetée sans clientèle qui y soit jointe.
9
En droit, la cause qui rend une possession légalement efficace. Il n'y a point de servitude sans titre.
Qui, les places d'autrui par armes usurpant, Le titre disputaient au premier occupant
Tout le titre par lequel vous possédez votre bien n'est pas un titre de nature, mais d'un établissement humain
de Blaise PASCAL dans Disc. cond. des grands, I
Toutes les occupations des hommes sont à avoir du bien ; et ils ne sauraient avoir de titre pour montrer qu'ils le possèdent par justice ; car ils n'ont que la fantaisie des hommes ; ni force pour le posséder sûrement
de Blaise PASCAL dans ib. III, 12
En fait de meubles, possession vaut titre
dans Code civ. art. 2279
On acquiert à titre universel, par succession ; à titre particulier, quand l'acquisition, par exemple un achat, porte sur un objet particulier.
On acquiert à titre entre-vifs par donation entre-vifs ; à titre à cause de mort, par testament ; le premier est irrévocable, le second révocable.
On acquiert à titre lucratif, quand l'acquéreur ne fournit pas d'équivalent, comme dans la donation, le legs, la succession ; à titre onéreux, quand l'acquéreur fournit un équivalent, comme dans la vente.
10
Titre de rente, reconnaissance d'une rente annuelle que l'État paye au porteur du titre. Les titres de rente sont nominatifs ou au porteur, suivant qu'ils portent ou ne portent pas le nom du propriétaire.
11
Acte écrit, pièce authentique qui établit un droit, une qualité. Il a reçu le titre de baron signé du roi. Les titres et papiers. Les titres de noblesse. Ce titre a été tiré des archives de telle abbaye. Titre de propriété.
Il a produit des titres authentiques, des titres faux C'est un héritier qui trouve les titres de sa maison ; dira-t-il peut-être qu'ils sont faux, et négligera-t-il de les examiner ?
de Blaise PASCAL dans Notes écrites pour la préf. génér. édit. FAUGÈRE.
La noblesse n'existe pas sans titre, et les simples gentilshommes d'autrefois, ceux qui font partie de ce que nos chartes ont appelé l'ancienne noblesse, ont le droit de prendre celui d'écuyer
de BISTON dans De la fausse noblesse, p. 7
Colbert l'employa [Mabillon] à rechercher les anciens titres
Le monde et les courtisans ne croient pas aisément aux vieux titres qu'on ne retrouve que lorsqu'on fait fortune
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Veillées du château t. I, p. 457, dans POUGENS
Sémantique : Fig.
Apprenez qu'un gentilhomme qui vit mal est un monstre dans la nature ; que la vertu est le premier titre de noblesse
Il [Montesquieu] présente à la nature humaine ses titres, qu'elle a perdus dans la plus grande partie de la terre ; il combat la superstition, il inspire la morale
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pol. et lég. Idées républ. 51
Titre nouvel, titre par lequel un nouveau possesseur, un héritier s'engage à payer la rente ou la redevance servie par l'ancien. Passer titre nouvel.
Titre nouvel se dit aussi du nouvel engagement que l'on est en droit d'exiger du débiteur originaire, lorsque le temps de la prescription approche.
En ces emplois, on ne dit pas nouveau.
Titre se dit au sens de document.
Il faut peser l'autorité de cette multitude de différents titres [documents géographiques]
12
Nature : Au plur. Il se disait des provisions d'un office ou d'un bénéfice, et se joignait quelquefois au mot capacités. Il a produit ses titres et capacités.
Titre clérical, contrat par lequel on assignait une recette annuelle, ordinairement de cinquante écus, pour la subsistance de celui qui voulait embrasser l'état ecclésiastique ; il ne pouvait être saisi, ni aliéné.
13
Droit sur lequel on s'appuie pour demander, pour faire, etc.
À quel titre faites-vous cette réclamation ? De son sort qui t'a rendu l'arbitre ? Pourquoi l'assassiner ? qu'a-t-il fait ? à quel titre ?
Sémantique : Fig. Faux titre, mensonge, fausseté.
L'honneur qui sous faux titre habite avecque nous
Quoique je ne fisse pas profession de mépriser la gloire en cynique, je faisais néanmoins fort peu d'état de celle que je n'espérais point pouvoir acquérir qu'à faux titres
Oh ! coeur rempli de feinte, Tu masques tes désirs d'un faux titre de crainte ; Un sceptre est l'objet seul qui fait ton nouveau choix
Et l'orgueil, d'un faux titre appuyant sa faiblesse, Maîtrisa les humains sous le nom de noblesse
À bon titre, à juste titre, avec fondement, avec droit et raison.
Oui, l'honneur que reçoit la vôtre [famille] par ce choix, En pouvait à bon titre immortaliser trois
Je pourrais vous citer cent autres traits.... qui lui ont acquis à bon titre la réputation d'être un homme d'esprit
En un autre sens, à bon titre, foncièrement, avec un caractère réel.
Comme vous agissez en monarque prudent, Elle agit de sa part en coeur indépendant, En amante à bon titre, en princesse avisée
À tant de titres, pour tant de justes motifs.
S'il osait profaner ce qu'il doit honorer à tant de titres
À titre de, loc. préposit. En qualité de, sous prétexte de. Il possède à titre d'héritier. Il s'est introduit dans cette maison à titre de parent.
Et qu'à titre d'esclave il commande en ces lieux
Prétendez-vous longtemps me cacher l'empereur ? Ne le verrai-je plus qu'à titre d'importune ?
À titre de grâce, à titre de dette, comme une grâce, comme une dette.
On dit de même : à titre de don, à titre de prêt.
À titre d'office, en vertu de sa qualité, de sa charge. Présider à titre d'office.
14
Sémantique : Par extension, qualités, capacités, services, travaux qui donnent droit à quelque chose. De tous les candidats, c'est vous qui avez le plus de titres.
Je n'ai point vu Mme de Longueville, on ne la voit point ; elle est malade : il y a eu des personnes distinguées ; mais je n'en ai pas été, et n'ai point de titres pour cela
Il [un miroir] est à vous par bien des titres
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Mme de Grignan, 13 juin 1685
Ce sera, dans nos jours, s'être fait un nom parmi les hommes et s'être acquis un mérite dans les troupes, d'avoir servi sous le prince le Condé, et comme un titre pour commander, de l'avoir vu faire
D'autre part un galant.... Condamne la science, et, blâmant tout écrit, Croit qu'en lui l'ignorance est un titre d'esprit
Qui peut prétendre aujourd'hui au salut par un titre d'innocence ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Élus.
Vous faites donc de votre faiblesse le titre de votre sécurité
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Tiéd. 2
Voltaire est bien ingrat d'avoir calomnié un culte qui lui a fourni ses plus beaux titres à l'immortalité
15
Sémantique : Terme de monnaie. Degré de fin de l'or et de l'argent monnayés. Les monnaies françaises sont au titre de neuf dixièmes de fin, et d'un dixième d'alliage (ce qui se dit aussi titre droit).
Le prince établit le poids et le titre de chaque pièce de monnaie
Un métal est très propre à être une mesure commune, parce qu'on peut aisément le réduire au même titre
Chaque État y met son empreinte [sur la monnaie], afin que la forme réponde du titre et du poids, et que l'on connaisse l'un et l'autre par la seule inspection
Nous ne pouvons employer l'or qu'à dix-huit karats sur cette frontière, attendu que la ville de Genève n'en a jamais employé d'autre, et que l'or de l'Allemagne et de tout le Nord est encore à un plus bas titre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pol. et lég. au roi en son conseil.
On dit de ces alliages qu'ils sont à un titre d'autant plus élevé qu'ils contiennent plus d'argent ; ainsi un lingot qui, sur 1000 parties, contient 950 d'argent, est au titre de 950
de THENARD dans Traité de chimie, t. I, p. 480, dans POUGENS
Titre se dit aussi de la vaisselle et des matières d'or et d'argent non fabriquées. Pour ouvrages d'or et d'argent, la loi du 19 brumaire an VI (9 nov. 1797), encore en vigueur, reconnaît trois titres pour l'or : 920, 840 et 750 millièmes de fin ; et deux titres pour l'argent, savoir : 950 et 800 millièmes de fin.
16
Sémantique : Terme de chimie. Poids fixe d'un réactif qui contient une liqueur titrée.(voy. TITRÉ). Titre alcoolique. Titre saccharimétrique.
17
Sémantique : Terme de chasse. Lieu, relais où l'on poste les chiens, pour courir la bête à propos, quand elle passe.
Mettre les chiens à bon titre, les bien poster pour courre.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Ce ne pot estre que Jehans tiengne un ceval par title d'acat et par title d'emprunt
de Philippe de BEAUMANOIR dans VI, 26
2
XVe s.
Et vouloient.... que on envoyast suffisans hommes devers le roi de France, à savoir si il avoit accordé ni consenti à ardoir en Hainaut.... ni à quels titres cils [les soudoyers] l'avoient fait, pourtant qu'on n'avoit point defié le comte ni le pays
Roi, tu sais comment ton frere, sans nul titre de raison, a mort mon fils et mon heritier
Usurperent ou eurent à bon tiltre, je ne sçai lequel
de Philippe de COMMINES dans I, 3
3
XVIe s.
Lorsqu'il eut ordonné ses gens d'armes de cheval et mise son artillerye en tiltre [qu'il l'eût braquée]
de J. D'AUTON dans ms. f° 74, dans LACURNE
Cettuy-ci, soubs titre de la science, se donna loi de choisir aultrement
de Michel de MONTAIGNE dans I, 60
Je l'appelle [mon valet] un badin, un veau, je n'entreprends pas de luy coudre à jamais ces tiltres
de Michel de MONTAIGNE dans I, 270
L'achat donne tiltre au diamant, et la difficulté à la vertu
de Michel de MONTAIGNE dans I, 312
Nos qualitez n'ont tiltre qu'en la comparaison
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 134
Rome, confederée de si longtemps et par tant de tiltres à notre couronne
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 140
Les uns entendoient à tendre toilles, autres à mettre gros levriers à tiltre, et la plus part à buissonner et à regarder s'ils verroient point des premiers quelque beste au repos
dans D. Flores de Grece, f° VII, dans LACURNE
Le titre ne fait pas le maistre
de Antoine LOYSEL dans Instit. n° 775

ÉTYMOLOGIE

1
Prov. tiltre, titol ; esp. titulo ; ital. titulo ; du lat. titulus, titre ; altéré en ticlus par le peuple (Appendix Probi, dans KEIL, V, 162) ; ticlus aurait dû donner teil ; mais, l'Église ayant conservé titulus, d'où title, le peuple en fit titre, BRACHET.

Synonymes de TITRE

Termes proches de TITRE

Phonétiquement proche de TITRE