Définition de QUERELLER

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ke-rè-lé

DÉFINITIONS

1
Faire querelle à quelqu'un.
Il ne vous suffit que votre libelle me déchire en public ; vos lettres me viennent quereller jusque dans mon cabinet
de Pierre CORNEILLE dans Lett. apolog.
C'est pour me quereller donc, à ce que je voi, Que vous avez voulu me ramener chez moi ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. II, 1
Non, je n'ai de ma vie eu tant d'envie de quereller quelqu'un
de Pierre de MARIVAUX dans Sec. surpr. de l'am. II, 7
S'emporter contre.
Querellez ciel et terre, et maudissez le sort
de Pierre CORNEILLE dans Hor. II, 4
Et, de tous les soldats les âmes étonnées Craignant de voir contre eux retourner leurs coignées [coupant un bois sacré], Il [César] querelle leur crainte, il frémit de courroux
de BRÉBEUF dans Phars. III
Surpris, je l'avouerai, de leur fureur commune, Querellant les amants, l'amour et la fortune, J'étais de ce palais sorti désespéré
de Jean RACINE dans Bajaz. III, 2
Vous, qui, de l'Asie embrassant la conquête, Querellez tous les jours le ciel qui vous arrête
de Jean RACINE dans Iphig. IV, 6
2
Provoquer, entamer une querelle (sens vieilli).
Mais ce n'est pas ici qu'il faut le quereller
de Pierre CORNEILLE dans Ment. II, 4
Quereller signifie aujourd'hui reprendre, faire des reproches, réprimander ; il signifiait alors insulter, défier et même se battre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Comm. Corn. Rem. Ment. II, 4
3
Sémantique : Terme d'ancienne coutume. Porter plainte en justice ; attaquer un testament, une convention.
De là vient le sens de disputer à, sens qui a vieilli et n'est plus usité.
Ne lui querelle point un bien que tu possèdes
de Pierre CORNEILLE dans la Suiv. IV, 8
Vous ne lui voulez pas quereller Célidée ?
de Pierre CORNEILLE dans Galer. du Pal. V, 6
4
Gronder, réprimander.
C'est toi, pendard, qui m'as bu mon vin d'Espagne, et qui as été cause que j'ai tant querellé la servante, croyant que c'était elle qui m'avait fait le tour
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Scapin, II, 5
5
Il se dit absolument, soit dans le sens de faire querelle, soit dans le sens de gronder.
Je ne querelle point
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. II, 1
Argante : Laisse-moi un peu quereller en repos. - Scapin : Vous voulez quereller ? - Argante : Oui, je veux quereller. - Scapin : Hé ! qui, monsieur ? - Argante : Ce maraud-là
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Scapin, I, 6
Oh bien ! querellez donc, si cela peut vous plaire
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Phil. marié, II, 5
C'est un amant qui querelle avec sa maîtresse ; n'allez pas prendre un moment d'humeur pour une rupture
de Denis DIDEROT dans Claude et Nér. II, 5
6
Se quereller, Nature : v. réfl. Disputer l'un contre l'autre avec des paroles aigres.
Se sont-ils querellés ?
de Pierre CORNEILLE dans Poly. III, 2
Hé quoi ! toujours se quereller ! vous n'aurez pas la paix dans votre ménage ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans la Jalous. du Barb. 5
Nous nous parlions quelquefois, mais pour nous quereller
de Pierre de MARIVAUX dans Pays. parv. 4e part.
Avec ellipse du pronom personnel.
Et tant mieux ! j'aime à voir quereller les méchants, C'est un repos du moins pour les honnêtes gens
de Jean-François COLLIN D'HARLEVILLE dans Vieux célib. V, 1
Fig. (aussi avec ellipse du pronom personnel).
Ils ne savent jamais que se charger de chaînes.... Et faire quereller les sens et la raison
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. II

SYNONYME

1
QUERELLER, GRONDER. On querelle ceux qu'on n'a pas le droit de gronder ; on gronde ses amis, ses enfants, ses gens. Gronder suppose une sorte d'autorité, de supériorité, ou du moins de droit ; il faut que celui que l'on gronde soit au moins censé avoir tort. Pour quereller, il suffit d'avoir de l'humeur ; on querelle son égal et même son supérieur : " On querelle les malheureux, dit Vauvenargues, pour se dispenser de les plaindre. " Celui qu'on gronde ne peut répondre que par des excuses ; celui que l'on querelle peut quereller à son tour (GUIZOT).

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Cil qui mesfait as clers, Deus le het e querele
dans Th. le mart. 74
Se clers de tenement volsist lai [laïque] quereler [faire procès à un laïque pour fief]....
dans ib. 60
De mainte chose l'a li reis achaisuné [accusé], E il aveit le rei durement querelé
dans ib. 115
2
XVe s.
Le roy luy restitua toutes ses terres et toutes celles qu'il querelloit
de Philippe de COMMINES dans V, 15
3
XVIe s.
Pallas, querellant le patronage du païs d'Attique à l'encontre de Neptune, produisit l'olivier
de Jacques AMYOT dans Thém. 38
Il les encouragea jusques à ne pas ceder facilement la victoire, mais aussi à la debatre et quereller vertueusement
de Jacques AMYOT dans Pélop. et Marcel comp. 3
....Ainsi en prend à ceux Qui veulent quereller à gens plus vaillans qu'eux
de Pierre de RONSARD dans 855
Quereller en mariage n'accroist grain, bien, n'heritage
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 379

ÉTYMOLOGIE

1
Prov. querelhar ; espagn. querellar ; ital. querelare ; du lat. querelare, de querela (voy. QUERELLE).

Synonymes de QUERELLER

Termes proches de QUERELLER