Définition de ABÎME
Prononciation : a-bî-m'
DÉFINITIONS
1
Cavité profonde ou sans fond. Les abîmes de la terre. Il s'est formé plusieurs abîmes. Rouler dans un abîme. Il n'est guère de hauteur qui ne soit voisine d'un abîme.Sondez cet abîme, si vous le pouvez
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Conf.
.... du fond de l'abîme entr'ouvert sous ses pas
de Jean RACINE dans Ath. III, 5
Je frémis quand je voi Les abîmes profonds qui s'ouvrent devant moi
de Jean RACINE dans Esth. III, 1
Sur cent premiers peuples célèbres, J'ai plongé cent peuples fameux Dans un abîme de ténèbres, Où vous disparaîtrez comme eux
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Temps.
Pour se rabaisser jusqu'aux derniers abîmes du néant
de Blaise PASCAL dans Conv. du péch.
Tout à coup le terrain s'affaisse et ouvre un abîme
2
L'abîme, les flots, l'océan. Il se précipita dans l'abîme.3
L'enfer, dans le langage de l'Écriture. Les puits de l'abîme.Ils tombent dans les abîmes éternels
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Prédic. I
Puisqu'il suit l'âme jusque dans le fond de l'abîme, où il la tient captive et asservie, quand, malgré lui, sera-t-elle en état d'en sortir ?
de Louis BOURDALOUE dans Pens. t. III, p. 69
L'Hébreu.... invoque l'abîme et les cieux et Dieu même
Sémantique : Par exagération poétique.
Sa sombre tyrannie entassait les victimes, Et des prisons d'État il peuplait les abîmes
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Ch. IX, III, 1
4
Ce qui est extrême, le dernier degré ; précipice, ruine, perte. C'est un abîme de vices. Se jeter dans un abîme de débauches. Cette maison est un abîme. Le luxe est un abîme qui engloutit tout. Tomber du faîte des grandeurs dans l'abîme. Mes ennemis me poussent dans l'abîme. Nous dormons sur les bords de l'abîme.L'homme impatient est entraîné dans un abîme de malheurs
Il est toujours dans l'abîme de la douleur
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 219
Pour moi qui ne vois rien dans le trouble où je suis, Qu'un gouffre de malheurs, qu'un abîme d'ennuis
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. v, 4
Sous mes pas, c'est creuser un abîme
de Pierre CORNEILLE dans ib. v, 1
Didon regarde avec horreur autour d'elle et ne voit que des abîmes
Mes frères, quel abîme qu'une grande place !
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Louis.
Ses yeux s'étaient fermés sur les bords de l'abîme
Dans l'abîme effroyable où je suis descendu
.... sur le bord de l'abîme Où votre aveuglement vous conduit par le crime
Dans quel abîme affreux vous me précipitez !
de Jean RACINE dans Mithr. II, 6
De piége en piége et d'abîme en abîme
de Jean RACINE dans Ath. IV, 3
Vous qui portez sur la conscience les abîmes d'une vie entière de désordre
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Av. Bonh.
L'homme n'est qu'un abîme de faiblesse
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Prière, 1
Faut-il que vous soyez un abîme de contradictions ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Délai.
Fait-elle monter de l'abîme de sa douleur les cris d'un repentir sincère ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Impén.
Cet abîme de soins et d'embarras ne lui laissait pas le loisir de chercher dans les prophéties d'Isaïe....
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Bonh.
Si vous ne sortez pas de l'abîme où vous vivez
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Conv.
Les Juifs tombèrent dans un autre abîme
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Erreur.
Replonger dans de nouveaux abîmes
de Jean de LA BRUYÈRE dans 1
5
Dans un sens favorable. Cet homme est un abîme de science, il est très savant. Les habitants de l'Élysée sont plongés dans cet abîme de délices.comme les poissons dans la mer
L'âme va se perdre dans le vaste abîme de ses perfections
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Excel. de Dieu.
6
Lieu, chose impénétrable, mystère. La nature a caché la vérité au fond d'un abîme. L'âme humaine a des abîmes impénétrables. L'infini est un abîme pour l'esprit humain.Il se figure des abîmes inconnus dans sa conscience
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Tiéd. J.
Ô mon Dieu ! je n'ose regarder d'un oeil fixe les abîmes de vos jugements et de votre justice
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Nombre des élus.
Je ne viens pas, Seigneur, sonder les abîmes de vos jugements
de Esprit FLÉCHIER dans Tur.
Dieu, dont les jugements sont des abîmes
de Esprit FLÉCHIER dans ib.
Dieu seul de nos esprits pénètre les abîmes
de Jean de ROTROU dans Bél. v, 5
Des plus affreux complots il perce les abîmes
Je n'ai jamais d'Helmonde approfondi le crime ; Mes yeux ont toujours craint de percer cet abîme
de Jean-François DUCIS dans Lear, I, 2
7
Sémantique : Terme de blason. Centre de l'écu lorsqu'il porte une ou plusieurs pièces qui ne chargent aucune des autres. Il porte trois besans d'or, avec une fleur de lis en abîme.8
Géolog. Cavité naturelle presque perpendiculaire, d'une grande profondeur et ne renfermant aucun liquide.9
Chand. Auge de bois contenant le suif fondu.Prov. L'abîme appelle l'abîme, un malheur en appelle un plus grand.
Un abîme attire un autre abîme, et une médisance une autre médisance
de Louis BOURDALOUE dans Pens. t. III, p. 167
REMARQUE
1
On n'écrit plus abyme, malgré l'étymologie.HISTORIQUE
1
XIIe s.Molt est griés chose d'eschevir l'abisme des vices
de S. BERN. dans p. 167
Li quatre venz eissent d'abisme
de Benoît de Sainte-Maure dans II, 2055
2
XIIIe s.Et puis recheoit [le navire] si profond que avis estoit qu'elle cheïst en l'abisme et avenoit priès la tere el fons
dans Ch. de Rains, 47
3
XIVe s.Son jugement [de Dieu] est un abisme ; N'est homs qui en sache la disme
de MACHAULT dans p. 97
4
XVe s.Tant sur terre comme en abysmes [en mer]
de Jean FROISSART dans Buiss. de jeun.
Pourquoi ne dirons-nous abysme de hardement et de prouesse estre en celui vaillant mareschal et sa noble compaignie
dans Bouc. II, 22
5
XVIe s.Toi qui du coeur les abysmes connois
de Joachim DU BELLAY dans II, 35, recto.
Je vois sortir des abysmes Une orque pour m'abysmer
de Joachim DU BELLAY dans II, 37, recto.
Certainement il entendoit combien estoit grande l'abysme de nos pechés
de Jean CALVIN dans Inst. 498
Que l'abysme de ta misericorde engloutisse l'abysme de nos pechés
de Jean CALVIN dans ib. 500
Il a les grand'eaux amassées En la mer comme en un vaisseau ; Aux abysmes les a massées, Comme un tresor en un monceau
de Clément MAROT dans IV, 272
Là de la terre et là de l'onde Sont les racines jusqu'au fond De l'abysme la plus profonde
de Pierre de RONSARD dans 356
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. abis et abisme ; espag. abismo ; ital. abisso ; de abyssus, du grec, de alpha priv. et d'un terme grec signifiant fond, sans fond. Le terme grec qui signifie fond, sans fond est de même radical que bout (voy. ce mot). Abisme en français et en provençal, abismo en espagn. est un substantif superlatif représentant abyssimus, le gouffre le plus profond, comme en latin oculissimus, dominissimus. Les formes provençales et italiennes abis et abisso reproduisent directement le latin abyssus. Ce mot a été féminin dans le XVIe siècle, sans aucune raison, si ce n'est la terminaison en e muet.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
En abîme, de haut en bas et à une grande profondeur.Un autre dessin déploie le panorama de Paris vu en abîme du plateau de la butte Montmartre
de TH. GAUTIER dans Journ. offic. 30 août 1871, p. 3083, 2e col.
Synonymes de ABÎME
- AMPLITUDE
- AVARIE
- CALANQUE
- CAVITÉ
- ÉCARTE
- ENFER
- ENTAILLE
- ESPACE
- ÉTENDUE
- FAISANDE
- FANE
- FOULE
- GÂCHE
- GÉHENNE
- GOUFFRE
- GRANDEUR
- IMMENSITÉ
- INFINITUDE
- LIMBES
- MONDE
- MULTITUDE
- PALI
- PLANÈTE
- PRÉCIPICE
- PROFONDEUR
- PUTRIDE
- QUANTITÉ
- RAVIN
- RAVINE
- RONGE
- SOMBRE
- TERRE
- UNIVERS
- USAGE
- VAL
- VALLÉE
- VALLON