Définition de ENVELOPPER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : an-ve-lo-pé

DÉFINITIONS

1
Mettre autour d'une chose quelque objet qui la couvre. Envelopper des étoffes, des habits, des marchandises. S'envelopper la tête d'un linge, le corps d'un manteau.
Il se dit de la chose qui enveloppe. La toile qui enveloppe ces marchandises.
Sémantique : Par extension.
Mais, seule, sur la proue invoquant les étoiles, Le vent impétueux qui soufflait dans ses voiles, L'enveloppe ; étonnée et loin des matelots, Elle tombe, elle crie, elle est au sein des flots
de André CHÉNIER dans Élég. 20
Sémantique : Fig.
Et vous ne deviez pas envelopper d'un crime Ce que votre victoire ajoute à votre estime
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. II, 2
Dans un coin du jardin sous un épais nuage Je l'enveloppe encor d'un sommeil assez doux
de Pierre CORNEILLE dans Tois. d'or, v, 6
Et dans une embrassade on leur a, pour conclure, Fait vite envelopper toute la procédure
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. IV, 1
2
Environner, entourer. Envelopper l'ennemi.
César, de tant d'objets en même temps frappé, Le laisse entre les mains qui l'ont enveloppé
de Jean RACINE dans Brit. v, 8
Mais les prêtres bientôt nous ont enveloppés ; On nous a fait sortir
de Jean RACINE dans Athal. II, 2
3
Prendre comme dans un filet.
Admirables sans doute pour envelopper une dupe
de Jean de LA BRUYÈRE dans IX.
Je savais bien que vous aviez une manière particulière de raisonner, et d'envelopper si adroitement ceux à qui vous aviez affaire dans des arguments dont ils ne prévoyaient point la conclusion, que vous les ameniez où il vous plaisait
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Dial. III, Morts anc. et mod.
4
Comprendre dans. Envelopper quelqu'un dans une accusation.
Créon bannit médée, et ses ordres précis Dans son bannissement enveloppaient ses fils
de Pierre CORNEILLE dans Médée, III, 2
Et [elle] m'envelopperait dans le juste courroux Qu'elle aurait pour le roi, qu'elle prendrait pour vous
de Pierre CORNEILLE dans Tois. d'or, IV, 1
Dans sa ruine même il peut l'envelopper
de ID.. dans Cinna, I, 1
Voulant perdre Poppée, il enveloppa dans sa ruine Valérius
de PERROT D'ABLANCOURT dans Tacite, Annales, dans RICHELET
Je veux dans mon exil n'envelopper que moi
de QUIN. dans Arm. II, 1
Pour l'envelopper dans sa perte
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 1
Une condition qui l'enveloppe dans la condamnation générale
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Samar.
5
Obscurcir, voiler.
Tout à coup une noire tempête enveloppa le ciel
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. VI
Sémantique : Par extension. Une nuit obscure enveloppe son esprit.
Bientôt, quoi qu'il [un héros] ait fait, la mort d'une ombre noire Enveloppe avec lui son nom et son histoire
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. I
6
Cacher, déguiser, dissimuler. On a enveloppé cette vérité de fables ridicules.
L'allégorie que pouvaient envelopper ces absurdités est entièrement perdue
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. II, 12
7
Nature : V. n. Sémantique : Terme de chasse. Quand on est en défaut, on enveloppe avec des chiens au-dessus et au-dessous de l'endroit où le défaut a commencé.
8
S'envelopper, Nature : v. réfl. Mettre autour de soi quelque chose qui entoure. S'envelopper dans son manteau.
Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe, Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. III
À peine la déesse eut achevé ce discours, qu'elle s'éleva dans les airs et s'enveloppa d'un nuage d'or et d'azur, où elle disparut
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XXIV
Sémantique : Fig.
Un naturel bénin, doux, facile, arrêté, Qui, ne ressentant point en soi de grands obstacles, S'enveloppe et s'endort dans sa tranquillité
de Pierre CORNEILLE dans Imit. I, 25
S'il faut s'envelopper des ombres du mystère, C'est lorsqu'on craint surtout d'offenser la misère
de Jean-François DUCIS dans Abufar, I, 6
S'obscurcir.
Une raison qui déjà s'enveloppe
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Impén.
Être compris, renfermé.
Tout cela s'enveloppe sous le nom de campagne
de Blaise PASCAL dans dans COUSIN
S'exprimer avec obscurité, avec ambages.
On leur reproche d'avoir provoqué les combats par une politesse insidieuse, de s'être enveloppés dans des discours indignes de la France
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. XVIII, 49

HISTORIQUE

1
XIe s.
Envolupé d'un paile Alexandrin
dans Ch. de Rol. XX
2
XIIe s.
Les meins [moins] honestes menbres [du clergé] deit l'un plus honurer Sulunc l'apostle, e plus d'onur envoluper
dans Th. le mart. 88
L'anfant a pris la dame au cors vaillant ; Si l'envoslespe an un chier boquerant [une étoffe chère]
dans Raoul de Cambrai, 4
3
XIIIe s.
.... Tu fais prester à usure, Pour avoir l'envoiseüre [la parure] En qui l'on envelope orgueil
dans les Vers du Monde
4
XVIe s.
La foy, cependant que nous sommes pelerins au monde, est tousjours enveloppée de beaucoup de nuées d'erreurs : nous ne comprenons pas tout ce qui seroit à souhaiter
de Jean CALVIN dans Inst. 419
Si quelcun confond ce vocable d'election en ces passages, il s'enveloppera povrement ; s'il le sait distinguer, il n'y a rien plus facile
de Jean CALVIN dans ib. 780
Enveloppez en leur suaire
de Michel de MONTAIGNE dans I, 61
Ce reproche semble envelopper [impliquer] la couardise
de Michel de MONTAIGNE dans III, 78
Pyrrhus estoit de telle nature, qu'il amassoit et envelopoit continuellement esperances sur esperances
de Jacques AMYOT dans Pyrrhus, 69
Pour engarder que les ennemis ne les peussent envelopper par derriere
de Jacques AMYOT dans Sylla, 39

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguig. angliopai ; provenç. envelopar, envolopar, envolupar ; ital. inviluppare ; de in, et d'un radical qui se trouve dans l'ancien français voleper, anc. espagn. volopar, ital. viluppo (voy. DÉVELOPPER).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Nature : V. n. Ajoutez :
On dit aussi, en termes de chasse, activement : envelopper un défaut.

Synonymes de ENVELOPPER

Termes proches de ENVELOPPER