Définition de ENVENIMER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : an-ve-ni-mé

DÉFINITIONS

1
Infecter de venin. Certains sauvages enveniment leurs flèches.
Peu usité en ce sens propre. On dit plutôt empoisonner.
2
Donner un caractère malin à une plaie. Il a envenimé sa plaie en la grattant.
Sémantique : Par extension. Cette herbe m'a envenimé la bouche.
3
Sémantique : Fig. Donner un caractère odieux. Envenimer un fait, un récit.
Ils venaient d'envenimer la sainteté de ses paroles
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Médisance.
Ne vous est-il jamais arrivé qu'on ait envenimé vos discours les plus innocents ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Pardon.
C'est là-dessus que Zozime fonde le récit si propre à envenimer les motifs de la conversion de Constantin
4
Inspirer des sentiments d'aigreur, de haine, comparés à un venin. Envenimer l'esprit de quelqu'un. Il l'a envenimé contre moi.
Point de colère qui l'emporte [le chrétien], point de ressentiment qui l'envenime, point de plaisir qui le tente
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. 1, p. 365
En un sens analogue, rendre plus cuisant, plus vif, en parlant de sentiments, de querelles, etc. Envenimer une querelle.
.... N'envenime point le cuisant souvenir, Que le commandement devrait m'appartenir
Des deux princes d'ailleurs la haine est trop puissante .... Moi-même je saurai si bien l'envenimer
5
S'envenimer, Nature : v. réfl. Devenir envenimé.
La plaie qui s'envenimait dans leur coeur
Être tourné par la malveillance en un mauvais sens.
Et puis le monde est plein d'échos ; tout se répète, tout s'envenime
de IMBERT dans Jaloux sans amour, II, 7

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Et peires [père] fu de la menzonge, quant il l'envelimeie semence de sa falseteit gittoit en l'omme
de ST BERN. dans P. 523
2
XIIIe s.
Car cis qui sor soi la portoit [la pierre], Nesuns [aucuns] venins ne redotoit ; Nus nel pooit envenimer
dans la Rose, 1079
Laquele nate sur quoy il sot [sut] que le soudanc s'asseoit tous les jours, il l'envenima
3
XIVe s.
Bestes qui sont envenimées, si comme chien enragié
de Henri DE MONDEVILLE dans f° 80 bis, verso
Le pechié envenime et art le cuer de l'envieux
dans Ménagier, I, 3
4
XVe s.
Cil Vautre.... mauvais garçon et envenimé estoit
Ne s'en put mie garder jadis Hercules le fort, quant il vestit la chemise envenimée dont il ne se donnoit de garde
dans Boucic. I, 23
5
XVIe s.
Car quant l'honneur de nous envenimez [souillez], Vous offensez Dieu, la loy et nature
Son coeur est tant envenimé de peché, qu'il ne peut produire que toute perversité
Aucunes fleches sont envenimées, les autres non
de Ambroise PARÉ dans IX, 18
Et ce qu'il parloit peu, et qu'il s'en alloit triste, morne et pensif, monstroit plustost un courage envenimé au dedans, que non pas humilié par son bannissement
de Jacques AMYOT dans Marius, 76
Je n'ose envenimer ma langue à .l a satyre
de Pierre de RONSARD dans 668

ÉTYMOLOGIE

1
Berry et norm. envelimer ; bourguig. envairimé ; picard, invrimé ; provenç. enverinar, everinar, esverenar ; ital. invenelire, courroucer ; du lat. in, en, et venenum (voy. VENIN).

Synonymes de ENVENIMER

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