Définition de EMBARRASSER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : an-ba-ra-sé

DÉFINITIONS

1
Obstruer par un embarras. Ces voitures, ces pierres embarrassent la rue. Ces moulins embarrassent le cours de la rivière.
S'embarrasser, embarrasser à soi. Il s'embarrassa les jambes dans des cordes.
Sémantique : Fig.
Il est certains esprits dont les sombres pensées Sont d'un nuage épais toujours embarrassées
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. I
2
Empêcher la liberté du mouvement. Votre manteau vous embarrasse, ôtez-le.
Il eut à combattre un grand nombre de nations qui embarrassaient la navigation avec leurs canots, et qui, du rivage, l'accablaient de flèches
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. IX, 11
Son fils, ce faible enfant qu'il porte entre ses bras, D'un cher et doux obstacle embarrasse ses pas
de Jean-François DUCIS dans Oscar, III, 5
3
Entortiller. On embarrasse le boeuf dans une corde.
Dans ce piége sanglant je veux l'embarrasser
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Catil. I, 2
4
Mettre dans l'embarras, dans l'incertitude, dans l'hésitation.
Oui, mais de cette nuit la suite m'embarrasse
de Pierre CORNEILLE dans Sert. I, 1
Ce n'est pas en effet ce qui plus m'embarrasse
de Pierre CORNEILLE dans ib. V, 2
Vous croyez nous embarrasser par cette demande
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Rép.
Modérez des bontés dont l'excès m'embarrasse
de Jean RACINE dans Phèd. I, 2
Un reproche secret embarrasse mon âme
de Jean RACINE dans Esth. II, 5
Quel prodige nouveau me trouble et m'embarrasse ?
de Jean RACINE dans Ath. II, 7
Nature : Absolument.
Le passé fait trembler, l'avenir embarrasse
de BOURSAULT dans Ésope à la cour, III, 3
L'intention qu'on suppose embarrasse souvent plus que la vérité
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théd. d'éduc. le Portrait, I, 3
5
Embarrasser une question, une affaire, la compliquer, l'embrouiller, y faire naître des difficultés.
Puisque M. Jurieu, pour embarrasser la matière, veut nous parler du divorce, ayons la patience de l'entendre
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. 4e avertiss. § 6
6
S'embarrasser, Nature : v. réfl. S'entortiller, s'empêtrer.
Le roi, qui était en bottes, selon sa coutume, s'embarrassa dans ses éperons et tomba
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Charles XII, 6
Sa tête et ses cornes s'embarrassent dans les festons de pampres
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Veillées du chât. t. I, p. 474, dans POUGENS
Sémantique : Fig.
Je m'embarrasse en mes pensées
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Épit. III
Comme en sa propre fourbe un menteur s'embarrasse
de Pierre CORNEILLE dans Ment. V, 7
Ces personnages épisodiques [d'une pièce de théâtre] doivent s'embarrasser si bien avec les premiers, qu'une seule intrigue brouille les uns et les autres
de Pierre CORNEILLE dans Premier disc.
Et pour vos intérêts, que je voulais laisser, En de nouveaux périls [je] viens de m'embarrasser
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Étour. II, 1
S'embarrasser dans ses discours, perdre la suite de ce qu'on dit.
Sa langue s'embarrasse, il ne fait que balbutier.
Son esprit s'embarrasse, ses idées se troublent.
De plus en plus cet esprit s'embarrasse
de Jean de MAIRET dans Sophon. III, 4
7
Se causer une gêne à soi-même.
L'âme, qui s'est éloignée de la source de son être, ne connaît plus ce qu'elle est ; elle s'est embarrassée, dit saint Augustin, dans toutes les choses qu'elle aime
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans la Vallière.
Quant aux soldats, plusieurs s'étant embarrassés des fruits de leur pillage, devinrent moins lestes, moins insouciants
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Napol. VIII, 8
Se causer une gêne réciproque.
Ils s'embarrassent les uns les autres dans cette confusion
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XVI
8
Devenir interdit. À la première question, il s'embarrasse.
9
Prendre souci de.
Il ne fallait pas s'embarrasser de leurs fantaisies
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 7
Il ne s'embarrassait point de mes chagrins
de FÉN dans Tél. XII
De quel frivole soin mon esprit s'embarrasse ?
de Jean RACINE dans Iphig. IV, 8
S'embarrasser de tout, se faire une grande affaire des moindres choses.
C'est un homme qui ne s'embarrasse de rien, c'est-à-dire rien ne lui donne de l'inquiétude, du souci.
Dans une formule de politesse, s'embarrasser de quelqu'un, se charger de lui.
Est-ce que vous voulez vous embarrasser de moi ? Et si d'une offre en l'air votre âme encor frappée, Veut bien s'embarrasser de rebut de Pompée
de Pierre CORNEILLE dans Sert. IV, 2
10
Sémantique : Terme de médecine. La tête, la poitrine s'embarrasse, se dit d'un malade dont les idées se troublent, qui ressent de l'oppression.
Sur les six heures du soir, sa tête s'est embarrassée, et insensiblement il est tombé dans le délire le plus effrayant
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Adèle et Théod. t. III, lett. 67, p. 494, dans POUGENS.

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Le pauvre homme embarrassé respondit....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 39
Le pont estant embarrassé du bagage qu'on faisoit retirer dans la ville, les fuyans ne se pouvoient sauver
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 600
La raison se perd, s'embarrasse et s'entrave, tournoyant dans cette mer ondoyante des opinions humaines
de Michel de MONTAIGNE dans II, 156

ÉTYMOLOGIE

1
Embarras ; espagn. embarazar.

Synonymes de EMBARRASSER

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