L'oeuvre Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812 de Philippe de SÉGUR

Ecrit par Philippe de SÉGUR

Date : 1826

Citations de "Histoire de Napoléon et de la Grande-Armée pendant l'année 1812"

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MAMELONSoudain chacun regarda autour de soi [en traversant dans la retraite le champ de bataille de la Moskowa] ; on vit une terre toute piétinée, nue, dévastée, tous les arbres coupés à quelques pieds du sol, et plus loin des mamelons écrêtés ; le plus élevé paraissait le plus difforme ; il semblait que ce fût un volcan éteint et détruit
MAMELUK ou MAMELOUKQue Davoust s'était laissé atteindre dès l'abbaye de Kolotskoï, et que, là, il avait fait à de misérables cosaques l'honneur de se retirer devant eux pas à pas et par bataillons carrés comme s'ils eussent été des mamelouks
MANOEUVREPar le succès de cette première manoeuvre, les deux corps français et italien n'avaient pas encore conquis le droit de continuer leur retraite, mais seulement la possibilité de la défendre
MARAUDAGEAussi Napoléon était-il le plus souvent forcé de fermer les yeux sur un maraudage qu'il défendait vainement ; sachant d'ailleurs trop bien tout l'attrait, pour le soldat, de cette manière de subsister, qu'elle lui fait aimer la guerre qui l'enrichit....
MARAUDEQuant aux chefs, comme les ordres généraux supposaient toujours des distributions régulières qui ne se faisaient jamais, chacun d'eux, suivant le degré de son zèle, de son intelligence et de sa fermeté, s'était plus ou moins emparé de la maraude, et avait changé le pillage individuel en contributions régulières
MARAUDEURBeaucoup de ces hommes isolés étaient des maraudeurs qui feignaient une maladie ou une blessure, pour s'écarter ensuite
MARCHELes Russes l'avaient-ils prévenu ? sa manoeuvre était-elle manquée ? n'avait-il point mis assez de rapidité dans cette marche, où il s'agissait de dépasser le flanc gauche de Kutusof ?
MARCHEUne lettre de Berthier à Kutusof, datée du premier jour de cette marche de flanc, fut à la fois une dernière tentative de paix et peut-être une ruse de guerre
MARCHEIl [Napoléon] compte sur les détachements qu'envoient les dépôts, sur les malades et les blessés rétablis, sur les traînards ralliés et formés à Vilna en bataillons de marche
MARCHETout à coup, au milieu du jour, il tourna subitement à droite avec son armée, et gagna en trois marches et à travers champs la nouvelle route de Kalougha
MARCHÉLa vue des pertes de l'ennemi ne consolait pas ; elle n'était pas double de la nôtre ; on se rappelait d'ailleurs que, dans une pareille position, Pierre 1er, en sacrifiant dix Russes contre un Suédois, avait cru, non-seulement ne faire qu'une perte égale, mais même gagner à ce terrible marché
MARCHERL'empereur lui-même, avant que le jour du 19 octobre l'éclaire, sort de Moscou, il s'écrie : marchons sur Kalougha, et malheur à ceux qui se trouveront sur mon passage !
MARÉCAGELes ponts de bois et les longues chaussées que, pour en approcher [de la Bérézina], il a fallu jeter sur les marécages qui la bordent, aboutissent à une ville nommée Borizof
MARÉCAGEUX, EUSEOn a jeté quelques chaussées étroites sur ces champs boisés et marécageux ; elles y forment de longs défilés que Bagration défendit facilement contre le roi de Westphalie
MASQUERL'empereur avait masqué son mouvement par le corps de Ney et les débris de la cavalerie de Murat
MASSACREOn vit alors un massacre effroyable [à la bataille de la Moskowa], et la valeur intelligente de nos artilleurs admira le courage immobile, aveugle et résigné de leurs ennemis
MASSECes masses inertes [les Russes à la Moskowa] se laissèrent écraser pendant deux heures, sans autre mouvement que celui de leur chute
MÉPRISIl [Napoléon] haussa les épaules [en apprenant que Moscou était déserte], et, avec cet air de mépris dont il accablait tout ce qui contrariait son désir, il s'écria : ah ! les Russes ne savent pas encore l'effet que produira sur eux la prise de leur capitale
MÉTHODIQUEC'était après avoir prévu jusqu'aux moindres détails, s'être préparé contre tous les inconvénients, avoir tout disposé pour une guerre lente et méthodique....
MEUTETels que des sauvages, les plus forts [d'entre les soldats, dans la retraite de Russie] dépouillaient les plus faibles.... lorsqu'un cheval tombait, vous eussiez cru voir une meute affamée ; ils l'environnaient, ils le déchiraient par lambeaux, qu'ils se disputaient entre eux comme des chiens dévorants
MINCEQue Platof, avec ses canons, avait mordu de loin sur les masses profondes qu'il [Davoust] lui avait présentées ; qu'alors seulement le maréchal ne leur avait plus opposé que quelques lignes minces qui s'étaient reployées promptement
MINEREn cet instant, le bruit se répand que le Kremlin est miné ; des Russes l'ont dit, des écrits l'attestent
MIROITÉ, ÉEEt sans doute [disait Davoust] qu'on oubliait ce chemin couvert de givre, battu et miroité par les pas de tous ceux qui les devançaient
MITRAILLECelle-ci [la ligne russe] s'avançait par masses épaisses, où d'abord nos boulets firent de larges et profondes trouées ; et pourtant elles approchaient toujours, quand les batteries françaises, redoublant, les écrasèrent de mitraille
MOBILEUn armistice mobile s'établit [entre les Russes et les Autrichiens] : le général russe et Schwartzenberg devaient manoeuvrer l'un devant l'autre, le Russe sur l'offensive, l'Autrichien sur la défensive, mais sans en venir aux mains
MORBIFIQUEL'enterrement des cadavres dans les maisons, les cours et les jardins [à Smolensk], et leurs exhalaisons morbifiques empestaient l'air ; les morts tuaient les vivants
MORDREUn chemin de glace où les pieds des chevaux, couverts d'un fer usé et poli, ne pouvaient pas mordre
MOUTUREPour des masses comme celles-ci [l'armée française en Russie], si les précautions ne sont pas prises, les moutures d'aucun pays ne pourront suffire
MOUVEMENTLe résultat de tous mes mouvements réunira quatre cent mille hommes sur un seul point ; il n'y aura rien alors à espérer du pays, et il faudra tout avoir avec soi
MOUVEMENTLa grandeur de l'entreprise, l'agitation de l'Europe.... l'appareil imposant d'une armée.... tant de bruits de guerre.... exaltaient jusqu'aux vétérans ; les plus froids ne pouvaient échapper à ce mouvement général, à cet entraînement universel
MOYENL'effort qu'il venait de faire pour atteindre Moscou avait usé tous ses moyens de guerre ; Moscou avait été le terme de ses projets, le but de toutes ses espérances, et Moscou s'évanouissait
MUET, ETTEOn voit, d'un côté, quatre-vingt-mille hommes... ; de l'autre côté, cinq mille soldats, une colonne traînante, morcelée, une marche incertaine, languissante, des armes incomplètes, sales, la plupart muettes et chancelantes dans des mains affaiblies
MUGISSEMENTÀ chaque instant [dans l'incendie de Moscou] croissait autour de nous le mugissement des flammes
MUNITIONNAIREOn entendit ses cris de fureur [de Napoléon] contre l'un des hommes chargés de cet approvisionnement [de Smolensk] ; le munitionnaire n'obtint la vie qu'en se traînant longtemps sur ses genoux aux pieds de Napoléon
MURDéjà leurs mains [des Cosaques] avides de pillage s'étendaient, quand tout à coup tous sont détruits, écrasés, lancés dans les airs avec ces murs [du Kremlin] qu'ils venaient dépouiller
MURAILLEDes milliers d'hommes, la plupart sans armes, ont couvert les deux rives escarpées du Borysthène ; ils se sont pressés en masse contre les hautes murailles et les portes de la ville [Smolensk]
MYSTICITÉDes coeurs [des Allemands] brûlant d'une haine patriotique [en 1812, contre les Français], exaltée jusqu'au fanatisme par la mysticité
NATIONDepuis dix ans, leurs routes [des départements de l'Est] étaient couvertes de voyageurs de tous les pays, qui venaient admirer la grande nation, sa capitale chaque jour embellie, les chefs-d'oeuvre de tous les arts et de tous les siècles que la victoire y avait rassemblés
NÉGOCIATEUR, TRICEIl ajouta que, plus le choix du négociateur serait marquant, plus il annoncerait d'inquiétude
NEIGEL'armée marche enveloppée de vapeurs froides ; ces vapeurs s'épaississent : bientôt c'est un nuage immense qui s'abaisse et fond sur elle en gros flocons de neige
NEUTREBernadotte, déjà fait au trône, répondit [à Napoléon] en prince indépendant ; ostensiblement, il se déclarait neutre, ouvrait ses portes à toutes les nations....
NOBLEL'abandon total de Moscou ne coûta guère plus à obtenir que celui du moindre village ; là, comme à Vienne, Berlin et Madrid, les principaux nobles n'hésitèrent point à se retirer à notre approche ; car il semble que pour ceux-là rester serait trahir
NOCTURNEIl ne crut pas devoir placer toute sa division dans la ville haute, au delà d'une rivière, d'un défilé et sur la crête d'un précipice dans lequel une attaque nocturne aurait pu le jeter
NOEUDL'étroit intervalle que laissent entre eux ces deux fleuves [la Düna et le Borysthène], avant de prendre une direction si opposée, semble être l'entrée et comme la porte de la Moscovie ; c'est le noeud des routes qui conduisent aux deux capitales de cet empire
NOIR, OIREAu delà, sur la plaine haute, toute l'armée de Kutusof accourait, en deux longues et noires colonnes, par les deux routes
NOIRCI, IELà les blessés expirent, ou étouffés par la fumée, ou dévorés par des charbons ardents ; bientôt leurs squelettes, noircis et calcinés, sont d'un aspect hideux, quand l'oeil y démêle un reste de forme humaine
NOMBREUX, EUSEDe nombreuses et brillantes armées que la fertile Allemagne attirait et qui croyaient marcher à une gloire prompte et certaine, traversaient fièrement ces contrées, y répandaient de l'argent, en consommaient les produits
NORDVous représentez-vous cette ville bouleversée [Malo-Iaroslavetz].... d'un côté, les Français venant du nord qu'ils évitent ; de l'autre, à l'entrée des bois, les Russes gardant le sud et cherchant à nous repousser sur leur puissant hiver
NORDBientôt après, Napoléon proposa une alliance entre la Suède, Copenhague et Varsovie : confédération du Nord, dont il se serait fait chef comme de celle du Rhin
NOTEAlors se rompirent nos liens avec la Russie ; aussitôt Napoléon s'adresse au prince de Suède [Bernadotte] ; ses notes furent d'un suzerain qui croit parler dans l'intérêt de son vassal, qui sent ses droits à sa reconnaissance ou à sa soumission, et qui y compte
NOUVEAU ou, devant une voyelle ou une h muette, NOUVEL, NOUVELLEAussi pensait-il [Napoléon] souvent à ne plus souffrir de puissance ancienne en Europe, et voulait-il seul faire époque, être une ère nouvelle pour les trônes, et qu'enfin tout datât de lui
NUAGEIl est vrai que cet orage [l'orage qui assaillit l'armée française à son entrée en Russie] fut grand comme l'entreprise ; pendant plusieurs heures, ses lourds et noirs nuages s'épaissirent et pesèrent sur toute l'armée
NUÉECe ciel menaçant, cette terre [la Russie au delà du Niémen] sans abri nous attrista ; quelques-uns même, naguère enthousiastes, en furent effrayés comme d'un funeste présage ; ils crurent que ces nuées enflammées s'amoncelaient sur nos têtes et s'abaissaient sur cette terre pour nous en défendre l'entrée
NUITLa nuit arrive alors, une nuit de seize heures ; mais sur cette neige qui couvre tout, on ne sait où s'arrêter, où s'asseoir, où se reposer [dans la retraite de Russie]
OBSTACLEDans une fuite déréglée où tout ce qui pourrait servir nuit, cette colline et son défilé devinrent un obstacle insurmontable, un mur de glace contre lequel tous nos efforts se brisèrent
OBUSDes obus perfidement placés venaient d'éclater dans les poêles de plusieurs maisons [à Moscou] ; ils avaient blessé les militaires qui se pressaient autour
OCCUPATIONDéjà l'activité de son génie, accoutumé aux soins de l'Europe entière, n'a plus pour aliment que l'administration de cent mille hommes ; encore l'organisation de son armée est-elle si parfaite qu'à peine est-ce une occupation
OCCUPERIl [un général] est resté sur la rive basse de la Louja, et n'a fait occuper la ville et observer la plaine haute que par deux bataillons
OCÉANNous étions assiégés par un océan de flammes [dans l'incendie de Moscou] : elles bloquaient toutes les portes de la citadelle [le Kremlin], et repoussèrent les premières sorties qui furent tentées
OFFENSIF, IVECette attaque inopinée de Kutusof devant Moscou n'avait été qu'une étincelle d'un grand incendie ; au même jour, à la même heure, toute la Russie avait repris l'offensive
OFFRIRIl [l'empereur] discourut longuement, vivement et sans interruption : " Quelle honte pour " Barclay d'avoir livré sans bataille la clef de la " vieille Russie, et pourtant quel champ d'honneur " il lui avait offert ? "
ONGLECes Russes ajoutèrent qu'ils s'étonnaient surtout de notre sécurité à l'approche de leur puissant hiver : dans quinze jours, s'écriaient-ils, vos ongles tomberont, vos armes s'échapperont de vos mains engourdies et à demi mortes
OPÉRATIONNapoléon venait de mettre ce monarque [le roi de Westphalie] sous les ordres du maréchal [Davoust] ; ce fut ce changement trop tardif et au milieu d'une opération, qui en détruisit l'ensemble
OPÉRATIONUne attaque brusque et directe les couperait [les Russes] de leur ligne d'opération
OPÉRERL'empereur français jugea que cette position derrière le Niémen n'était ni offensive ni défensive, et que l'armée russe n'était guère mieux placée pour opérer une retraite
ORAGELe jour s'obscurcit, le vent s'éleva et nous apporta les sinistres roulements du tonnerre ; ce ciel menaçant, cette terre sans abri nous attrista.... il est vrai que cet orage fut grand comme l'entreprise [l'expédition de Moscou] ; pendant plusieurs heures, ses lourds et noirs nuages s'épaissirent et pesèrent sur toute l'armée ; de la droite à la gauche et sur cinquante lieues d'espace, elle fut tout entière menacée de ses feux et accablée de ses torrents
ORATOIREIl [Ney] n'a point harangué ; il marche, donnant l'exemple, qui, dans un héros, est de tous les mouvements oratoires le plus éloquent et de tous les ordres le plus impérieux
ORDREMoscou vide ne lui offre plus aucune prise ; il dit que c'est un malheur sans doute, mais que ce malheur est bon à quelque chose ; qu'autrement il n'aurait pu établir l'ordre dans une si grande ville...
ORDREÀ cette nouvelle, Napoléon retrouve le feu de ses premières années ; mille ordres d'ensemble et de détail, tous différents, tous d'accord, tous nécessaires, jaillissent à la fois de son génie impétueux
ORGANISATIONL'activité de son génie [de Napoléon], accoutumé aux soins de l'Europe entière, n'a plus pour aliments que l'administration de cent mille hommes ; encore l'organisation de son armée est-elle si parfaite qu'à peine est-ce une occupation ; tout y est déterminé ; tous les fils en sont dans sa main
ORGANISERNapoléon, dans Vilna, avait un nouvel empire à organiser, la politique de l'Europe, la guerre d'Espagne, le gouvernement de la France à diriger
OSTVoilà la guerre : on n'essaye, on n'ose jamais assez ; l'ost ignore ce que fait l'ost ; les avant-postes sont les dehors de ces deux grands corps ennemis ; c'est par là qu'ils s'en imposent
OUVRIER, IÈRECroira-t-on qu'il veut [à Smolensk] donner le loisir aux artilleurs de ferrer leurs chevaux contre la glace ? comme si l'on pouvait obtenir un travail quelconque d'ouvriers exténués par la faim, par les marches
PÂLEURÀ la pâleur de son visage [de Napoléon, à Moscou], on voyait que la vérité, qui ne se fait jamais mieux entendre que dans l'ombre des nuits, l'avait oppressé longuement de sa présence et fatigué de son importune clarté
PARLEMENTAIREWintzingerode se précipite vers le Kremlin, rencontre des avant-postes, les méprise, tombe dans une embuscade, et, se voyant pris dans cette ville qu'il venait prendre, il change soudain de rôle, agite en l'air son mouchoir, et se déclare parlementaire
PAROLEEt le malheureux officier.... n'a été relâché qu'à Krowno, après vingt-six jours, ayant partagé toutes nos douleurs, libre d'y échapper, mais enchaîné par sa parole
PASSAGELa proclamation de Napoléon venait d'être lue ; on s'en répétait à voix basse les passages les plus remarquables, et le génie des conquêtes enflammait notre imagination
PENTELe maréchal se trouvait engagé, avec une seule division, dans une gorge étroite, profonde et environnée de bois et de collines dont toutes les pentes nous étaient contraires
PERDU, UEPerdu dans cet abîme de pensées désolantes, il [Napoléon] tombe dans une si grande contention d'esprit qu'aucun de ceux qui l'approchent n'en peut tirer une parole
PERTELa vue des pertes de l'ennemi ne consolait pas ; elle n'était pas double de la nôtre, et leurs blessés seraient sauvés ; on se rappelait d'ailleurs que, dans une pareille position, Pierre Ier, en sacrifiant dix Russes contre un Suédois, avait cru non-seulement ne faire qu'une perte égale, mais même gagner à ce terrible marché
PÉTILLEMENTL'empereur.... s'avança au travers du pétillement de ces brasiers [dans l'incendie de Moscou], au bruit du craquement des voûtes....
PÉTILLEMENTLa fusillade continuait ; son pétillement, redoublé par l'écho des murailles, paraissait de plus en plus vif
PILIERDes monceaux de cendres, et, de distance en distance, des pans de muraille ou des piliers à demi écroulés marquaient seuls la trace des rues [à Moscou incendié]
PILLAGEÀ cela [les motifs qui animaient les troupes] il faut bien ajouter l'espoir du pillage ; car l'exigeante ambition de Napoléon avait souvent rebuté ses soldats, comme les désordres de ceux-ci avaient gâté sa gloire ; il fallut transiger : depuis 1805, ce fut comme une chose convenue ; eux souffrirent son ambition ; lui, leur pillage
PILLERLes cris des Polonais, que nos alliés pillent impitoyablement et qu'ils insultent, se firent entendre
PLAINEAu delà est une plaine haute, entourée de bois d'où sortent trois routes
PLANCHEÀ quelques lieues de Mojaïsk, il fallut traverser la Kologha ; ce n'était qu'un gros ruisseau ; deux arbres, autant de chevalets et quelques planches suffisaient pour en assurer le passage....
PLIUn de ses officiers d'ordonnance, le prince d'Aremberg, vint l'avertir que, dans l'ombre de la nuit et des bois, et à la faveur de quelques plis de terrain, des Cosaques se glissaient entre lui et ses avant-postes
POINTMoscou est le point de ralliement général, comment le changer ? quel autre nom attirerait ?
POINTLà seulement il [Napoleon] convient du danger de sa position : de Vilna à Moscou, quelle soumission, quel point d'appui, de repos ou de retraite marque sa puissance ?
POLITIQUEEt ne sais-je pas, ajoute-t-il, que militairement Moscou ne vaut rien ? mais Moscou n'est point une position militaire, c'est une position politique ; on m'y croit général, quand j'y suis empereur
POLITIQUEPuis il [Napoléon] s'écrie qu'en politique il ne faut jamais reculer, ne jamais revenir sur ses pas ; se bien garder de convenir d'une erreur ; que cela déconsidère ; que, lorsqu'on s'est trompé, il faut persévérer, que cela donne raison
PONTCe fut surtout quand la garde, sur laquelle ils [les traînards] se réglaient, s'ébranla.... on vit en un instant une masse profonde, large et confuse d'hommes, de chevaux et de chariots assiéger l'étroite entrée des ponts [sur la Bérezina], qu'elle débordait
PONTONNIERIl fallut des efforts inouïs, et que nos malheureux pontonniers, plongés dans les flots jusqu'à la bouche, combattissent les glaces que charriait le fleuve [la Bérézina]
PORTÉEOn s'aperçut [à la Moscowa] que, dans l'obscurité, les batteries avaient été placées hors de portée de l'ennemi ; il fallut les pousser plus avant ; l'ennemi laissa faire : il semblait hésiter à rompre le premier ce terrible silence
PORTERDéjà, lui [Rapp] le premier, il touchait [à la redoute], lorsqu'à son tour il est atteint ; c'était sa vingt-deuxième blessure.... on porta Rapp à l'empereur, qui lui dit : Eh quoi, Rapp, toujours ?
PORTERCe fut à la sinistre lueur des flammes du bazar que Napoléon l'acheva [une lettre à Alexandre], et que partit le Russe ; celui-ci dut porter la nouvelle de ce désastre à son souverain, dont cet incendie fut la seule réponse
PORTERQui ne sait que de pareils désordres ont toujours été le mauvais côté des grandes guerres, la partie honteuse de la gloire ; que la renommée des conquérants porte son ombre comme toutes les choses de ce monde ?
PORTERLe fleuve était pris, il portait : le cours des glaçons, que jusque-là il charriait, contrarié par un brusque contour de ses rives, s'était suspendu
PORTERÀ Smolensk, une fièvre d'hésitation s'empare de lui ; ses regards se portent sur Kief, Pétersbourg et Moscou
POSITIONUne armée d'attaque, non de défense, une armée d'opération, non de position
POSITIONNapoléon envisage toute sa position : tout lui semble perdu s'il recule aux yeux de l'Europe surprise, et tout sauvé s'il peut encore vaincre Alexandre en détermination
POSTELe maréchal, repoussé [par l'empereur qui refusa son plan], se tut ; puis il retourna à son poste, en murmurant contre une prudence intempestive, à laquelle il n'était pas accoutumé, et qu'il ne savait à quoi attribuer
POSTENos sentinelles sont renversées sur leurs postes, les postes sur leurs bataillons, les bataillons sur la division ; et ce n'était point un coup de main, car les Russes avaient montré du canon
POURSUITELa poursuite des Russes, après qu'ils eurent reconquis leur territoire, s'était ralentie
POURSUIVREL'hiver, ce terrible allié des Moscovites, leur avait vendu cher son secours ; leur désordre poursuivait notre désordre
POUSSÉ, ÉEChaque jour il [Davoust] marchait entre ces malheureux [les hommes débandés] et les cosaques, poussant les uns, et poussé par les autres
PRÉCIPICEHier Delzons n'y trouva pas l'ennemi [à Malo-Iaroslavetz] ; mais il ne crut pas devoir placer toute sa division dans la ville haute, au delà d'une rivière, d'un défilé et sur la crête d'un précipice dans lequel une surprise nocturne aurait pu la jeter
PRÉFETComment ne pas voir que, dans cette guerre [la guerre de Russie], tout était à craindre, jusqu'à nos alliés ? Napoléon n'entendait-il pas leurs rois inquiets dire qu'ils n'étaient que ses préfets ?
PRÉMÉDITATIONUne plus grande lutte se préparait [pour 1813] ; cette halte [l'interruption des hostilités] ne fut pas un temps qu'on accorda à la paix, mais qui fut donné à la préméditation du carnage
PRENDRECet étranger [un Allemand au service de Russie], exalté du désir de reprendre Moscou et de se naturaliser en Russie par cet exploit signalé, s'emporta loin des siens.... il se précipite vers le Kremlin, rencontre des avant-postes, les méprise, tombe dans une embuscade, et, se voyant pris dans une ville qu'il voulait prendre....
PRENDREGagner les bords de la Düna, où il prendra ses quartiers d'hiver
PRENDREIls voient [à Moscou] d'autres flammes s'élever précisément dans la nouvelle direction que le vent venait de prendre sur le Kremlin
PRÉPARERQuand il fallut que l'armée quittât sa flotte, ses corps d'élite prirent assez de vivres pour atteindre et traverser le Niémen, préparer une victoire et arriver à Vilna
PRÉPARERL'empereur lui avait écrit [à Davoust] qu'on allait faire la guerre dans un pays nu, où l'ennemi détruisait tout, et qu'il fallait se préparer à s'y suffire soi-même
PRÈSLewis chercha vainement une issue ; il trouva partout l'ennemi, et perdit d'abord deux bataillons ; il était pris tout entier s'il eût été serré de plus près
PRÉSAGEAlors, comme les peuples superstitieux, nous eûmes nos présages, nous entendîmes parler de prédictions ; quelques-uns prétendirent qu'une comète avait éclairé de ses feux sinistres notre passage de la Bérézina
PRÉSENCELa cavalerie française fut forcée de s'écarter à gauche, et de défiler longuement dans de mauvais gués pour joindre l'ennemi ; quand on fut en présence....
PRÉSENTERMaître enfin du plateau, et épuisé de forces et de sang, Ney, ne se sentant plus environné que de morts, de mourants et de ténèbres, se fatigua ; il fit cesser le feu, garder le silence, et présenter les baïonnettes
PRÉSENTERIl y avait là [à Vilna] quarante jours de farine et de pain, et trente-six jours de viande pour cent mille hommes ; aucun chef n'osa donner l'ordre de distribuer des vivres à tous ceux qui se présenteraient
PRÉSENTEROn remarqua un bataillon qui, s'étant présenté de flanc aux batteries russes, perdit un rang entier de l'un de ses pelotons par un seul boulet : vingt-deux hommes tombèrent par le même coup
PRÊTERPendant ce récit, le génie tenace de Napoléon fut moins frappé de ces avantages en eux-mêmes que de l'appui qu'ils prêtaient à l'illusion dont il venait de nous entretenir
PRÉVOIRPourquoi, à défaut d'ordre de Napoléon, cette précaution [se munir de fers à crampons] n'avait-elle pas été prise par des chefs, tous rois, princes et maréchaux ? l'hiver n'avait-il donc pas été prévu en Russie ?
PRISONNIER, IÈREDuroc et Daru, encore dans sa chambre [de Napoléon], se livraient, à voix basse, aux plus sinistres conjectures, croyant leur chef endormi ; mais lui les écoutait, et le mot de prisonnier d'État venant à frapper son oreille : Comment, s'écria-t-il, vous croyez qu'ils l'oseraient !
PRISONNIER, IÈREDans leur marche vers l'intérieur de la Russie, nos soldats prisonniers ne furent pas traités plus humainement [que les Russes qui étaient prisonniers dans l'armée française en retraite] ; et là pourtant l'impérieuse nécessité n'était point une excuse
PRIVATIONChacun alla s'emparer d'une maison commode ou d'un palais somptueux [dans Moscou abandonné], pensant y trouver un bien-être acheté par de si longues et de si excessives privations
PROBEC'étaient les plus probes et les plus disciplinés qui parlaient ainsi [demandant qu'on leur livrât les restes de Moscou brûlé], et l'on n'avait rien à leur répondre
PROCLAMATIONQuelques-uns voient dans ces proclamations [de Napoléon et d'Alexandre] la différence des deux peuples, celle des deux souverains et de leur position mutuelle
PRODIGUESoit que, jeune, on craigne moins la mort par l'instinct de son éloignement, ou qu'à cet âge, riche de jours et prodigue de tout, on prodigue sa vie comme les riches leur fortune
PRODIGUERDavoust finit en disant qu'ainsi périrait toute la cavalerie ; qu'au reste Murat était le maître d'en disposer, mais que, pour l'infanterie du premier corps, tant qu'il la commanderait, il ne la laisserait pas ainsi prodiguer
PROMPTITUDEOn savait qu'avec un grand but il ne formait jamais qu'un plan vague, n'aimant à prendre conseil que de l'occasion, ce qui convenait à la promptitude de son génie
QUARTIERPlusieurs imprudences venaient d'être commises : on ignore par quel ordre, au quartier impérial, on avait osé retenir à leur passage, et pour la garde, plusieurs convois de vivres qui appartenaient à d'autres corps
QUESTIONNERNapoléon, en revoyant cette route connue [celle par laquelle il était allé à Moscou], se rassurait, quand, vers le soir, un chasseur russe prisonnier lui fut envoyé par Davoust ; d'abord il le questionna négligemment ; mais le hasard voulut que ce Moscovite eût quelque idée des routes, des noms, des distances
RANGIl [Napoléon, à Moscou, passant des revues] déclare que jusqu'alors c'est par erreur qu'on les a rangés [les bataillons] sur trois hommes de hauteur, que deux suffisent ; il ne forme donc plus son infanterie que sur deux rangs
RÉCEPTIONIl [Napoléon à Moscou] appelle tous ses généraux, il triomphe en leur annonçant une paix toute prochaine : quinze jours d'attente suffiront.... à la réception de sa lettre, on verra Pétersbourg faire des feux de joie
RECEVOIRUne ville forte [Smolensk] pour appuyer et partager ses efforts [du général russe], cette ville et un fleuve pour recevoir et couvrir ses débris, s'il était vaincu
RÉCLAMEROn le conduisit [un général russe prisonnier] au duc de Trévise ; là il se réclama audacieusement du droit des gens qu'on violait, disait-il, en sa personne
RECRUELe bruit continuel de décharge d'armes à feu dans l'intérieur de leur ligne [des Russes], ne nous annonçait-il pas qu'une multitude de recrues s'y exerçaient, à la faveur de l'armistice ?
RECTIFIERÀ peine eut-elle [la jeune garde] fait quelques pas, que lui-même [Napoléon] lui cria de s'arrêter ; toutefois le comte de Lobau la faisait avancer peu à peu, sous prétexte de rectifier des alignements
REDOUTESur ce sol désolé [à la Moskowa] gisaient trente milliers de cadavres à demi dévorés ; quelques squelettes restés sur l'éboulement de l'une de ces collines dominaient tout ; il semblait que la mort eût établi là son empire ; c'était cette terrible redoute, conquête et tombeau de Caulaincourt
RÉDUIT, ITES'il [Napoléon] passe en revue ses différents corps d'armée, comme leurs bataillons réduits ne lui présentent plus qu'un front court qu'en un instant il a parcouru....
RÉGIMENTChaque matin les régiments partaient en ordre de leurs bivouacs ; mais, dès les premiers pas, leurs rangs desserrés s'allongeaient en files lâches et interrompues ; les plus faibles, ne pouvant suivre, se laissaient dépasser
REMARQUEROn remarqua un bataillon qui, s'étant présenté de flanc aux batteries russes, perdit un rang entier de l'un de ses pelotons par un seul boulet ; vingt-deux hommes tombèrent par le même coup
REMETTREEnfin Duroc se détermine [à annoncer à Napoléon, passant une revue à Moscou, que le canon gronde] ; l'empereur changea d'abord de visage, puis il se remit promptement, et continua sa revue
REMPLACERLe hasard voulut qu'il [Gudin, tué] fût dignement remplacé ; Gérard, le plus ancien des généraux de brigade de la division, en prit le commandement
RENVERSERNos sentinelles sont renversées sur leurs postes, les postes sur leurs bataillons, les bataillons sur la division
REPLIIl avait d'abord fallu passer la Louja au pied de Malo Iaroslavetz, dans le fond d'un repli que fait son cours
REPLOYERUn seul de leurs boulets [des Russes] eût suffi pour anéantir l'unique planche de salut qu'on allait jeter pour joindre les deux rives [de la Bérézina] ; mais cette artillerie se reployait à mesure que la nôtre se mettait en batterie
REPOUSSEMENTLe ministre taisait quelquefois les mauvaises nouvelles, pour éviter, a-t-il dit, les brusques repoussements dont alors il était accueilli
RÉQUISITIONLe pays étant fertile, chevaux, chariots, bestiaux, vivres de toute espèce, tout fut enlevé.... quelques jours après, au Niémen, l'embarras du passage et la rapidité des premières marches de guerre firent abandonner tous les fruits de ces réquisitions, avec autant d'indifférence qu'on avait mis de violence à s'en saisir
RESTENapoléon, soulevant sa tête, fit tomber toute cette fougue [de Murat], en disant que c'était assez de témérités, qu'on n'avait que trop fait pour la gloire, qu'il était temps de ne plus songer qu'à sauver les restes de l'armée
RESTERNapoléon [à Moscou] ne se décide encore ni à rester ni à partir ; vaincu dans ce combat d'opiniâtreté, il remet de jour en jour à avouer sa défaite
RETENTISSEMENTCette triste réorganisation [des régiments réduits] se fit à la lueur de l'incendie de Viazma et au bruit successif des coups de canon de Ney et de Miloradowitch, dont les retentissements se prolongeaient au travers de la double obscurité de la nuit et des forêts
RETIRERIl [Mortier] avait ordre de défendre le Kremlin, puis, en se retirant, de le faire sauter et d'incendier les restes de la ville
RETIRERComme un reste de vie se retire vers le coeur, à mesure que la mort s'empare des extrémités
RETOMBERRicard et ses quinze cents soldats étaient en tête ; Ney les lance contre l'ennemi ; cette division plonge avec la route dans le ravin, en ressort avec elle, et y retombe écrasée par la première ligne russe
RETRAITEIl se flatte que Schwartzenberg, Régnier, Durutte et vingt mille hommes répartis à Minsk, Grodno et Vilna, que soixante-dix mille hommes enfin ne laisseront pas soixante mille Russes s'emparer de ses magasins et lui couper sa retraite
RETRANCHERCette saillie aiguë [la pointe d'un plateau] est entourée par la Kologha et par un ravin profond et marécageux ; sa crête élevée, sur laquelle grimpe la grande route, en sortant de Borodino, est fortement retranchée
RÉUNI, IETous ces corps, partis du Niémen à des époques et par des routes différentes, après un mois de séparation, et à cent lieues du point où ils s'étaient quittés, se trouvèrent à la fois réunis à Beszenkowiczi, où ils arrivèrent le même jour et à la même heure
REVUELes récompenses que dans les revues journalières [à Moscou] l'empereur leur prodiguait [aux soldats] n'étaient plus reçues qu'avec une joie grave, mêlée de quelque tristesse ; les places vides qu'on allait remplir étaient encore toutes sanglantes
RIDICULE[Napoléon] sachant bien.... que les délicatesses et les grâces que quelques-uns apportent de nos salons sont à leurs yeux [des soldats] faiblesse, pusillanimité, et que c'est pour eux comme une langue étrangère qu'ils ne comprennent pas et dont l'accent les frappe en ridicule
RIGUEURÀ l'instant même où Napoléon décidait son départ, l'hiver devenait terrible, comme si le ciel moscovite, le voyant près de lui échapper, eût redoublé de rigueur pour l'accabler et nous détruire
RIVEUn escarpement à pic [sur le Dniéper] s'opposa à ce qu'on prît terre ; beaucoup furent rejetés sur la glace, qu'ils brisèrent, ou dont ils furent brisés ; à les entendre, le fleuve et cette rive russes semblaient ne s'être prêtés qu'à regret, par surprise et comme forcément à leur salut
RIVIÈRELongtemps avant de l'apercevoir [le Borysthène], nos regards le cherchèrent avec une ambitieuse impatience ; nous rencontrâmes une rivière étroite et encaissée entre des bords boisés et incultes ; c'était le Borysthène qui se présentait à nos yeux avec cette humble apparence
ROCAILLEUX, EUSEUne forteresse élevée et triangulaire [à Moscou], dont la vaste et double enceinte d'une demi-lieue de pourtour renfermait l'une plusieurs palais, plusieurs églises et des espaces incultes et rocailleux ; l'autre un vaste bazar....
ROIDE ou RAIDEDes rangées circulaires de soldats étendus raides morts marquèrent les bivouacs
ROIDEUR ou RAIDEURDaru vint à son tour [dans la délibération si on marcherait sur Moscou] ; ce ministre est droit jusqu'à la raideur et ferme jusqu'à l'impassibilité
ROIDI ou RAIDI, IEIl [Napoléon] croit que ces hommes [les boyards de Moscou], ou raidis d'orgueil, ou paralysés de frayeur, restent immobiles sur leurs foyers
ROIDIR ou RAIDIRLeurs habits mouillés [dans la retraite de Moscou] se gèlent sur eux ; cette enveloppe de glace saisit leurs corps et raidit tous leurs membres
ROMANIl [Napoléon, à Moscou] cherchait à s'étourdir ; puis, s'appesantissant, ils le voyaient passer ses longues heures à demi couché, comme engourdi, et attendant, un roman à la main, le dénoûment de sa terrible histoire
ROMPREIl resta [auprès des bagages abandonnés] les plus faibles, les moins déterminés, ou les plus avares ; ceux qui ne surent point rompre avec leur butin et quitter la fortune qui les quittait, ceux-là furent surpris [par les cosaques] dans leur hésitation
RONDEURSon armée était réduite, il est vrai, mais saine, souple, nerveuse, telle que ces corps virils qui, venant de perdre les rondeurs de la jeunesse, montrent des formes plus mâles et plus prononcées
ROULEMENTÀ peine l'empereur avait-il passé le fleuve [Niémen], qu'un bruit sourd avait agité l'air ; bientôt le jour s'obscurcit, le vent s'éleva et nous apporta les sinistres roulements du tonnerre
ROUSSI, IEUne traînée de spectres [les soldats revenant de Moscou] couverts.... de sales manteaux roussis et troués par les feux
ROUTEÂ Smolensk, il [Napoléon] se trouve au noeud des routes de Pétersbourg et de Moscou, à vingt-neuf marches de l'une de ces deux capitales, et à quinze de l'autre
ROUTELa grande route, afin d'éviter les marais formés par les divers affluents du Dniéper, se détournait à gauche, cherchait les hauteurs, et s'éloignait du bassin de ce fleuve
RUELa colonne s'arrête ; ses derniers chevaux couvrent encore la campagne ; son centre est engagé dans une des plus longues rues de la ville [Moscou] ; sa tête touche au Kremlin
RUERRoguet avec sa colonne se rua brusquement sur le centre et au milieu de leur camp, où il entra pêle-mêle avec eux
RUISSEAUAlors [en] marchant sur Moscou] le Wop, qu'il traversa, n'était qu'un ruisseau ; on l'avait à peine remarqué ; [en revenant de Moscou] on y retrouva une rivière
RUSEUne lettre de Berthier à Kutusof, datée du premier jour de cette marche de flanc, fut à la fois une dernière tentative de paix et peut-être une ruse de guerre
SACChaque soldat portait en bandoulière un sac de toile contenant deux pains, chacun de trois livres
SACChacun de ces sacs [dans le corps de Davoust, expédition de Russie], réduit au strict nécessaire quant aux vêtements, contenait deux chemises, deux paires de souliers avec des clous et des semelles de rechange, un pantalon et des demi-guêtres de toile, quelques ustensiles de propreté, une bande à pansement, de la charpie et soixante cartouches ; dans les deux côtés étaient placés quatre biscuits, de seize onces chacun ; au-dessous et dans le fond un sac de toile, long et étroit, était rempli de dix livres de farine ; le sac entier, ainsi composé, ses bretelles et la capote roulée et attachée par-dessus, pesait trente-trois livres, douze onces
SACRÉ, ÉEL'empereur rassembla autour de lui tous les officiers de cette arme [cavalerie] encore montés ; il appela cette troupe d'environ cinq cents maîtres, son escadron sacré
SACRIFICEDepuis la veille, quatre mille traîneurs et trois mille soldats étaient morts ou égarés ; les canons et tous les bagages perdus ; à peine restait-il à Ney trois mille combattants et autant d'hommes débandés ; enfin, quand tous ces sacrifices ont été consommés, et tout ce qui avait pu passer réuni, ils ont marché....
SACRIFIÉ, ÉEOn regardait le duc de Trévise [laissé à Moscou] comme un homme sacrifié ; les autres chefs, ses vieux compagnons de gloire, l'avaient quitté les larmes aux yeux
SACRIFIEROn avait été forcé de sacrifier tout un jour au passage de la Nara et de son marais, ainsi qu'au ralliement des différents corps
SALVEIls firent tirer une salve de cent coups de canon [pour la fête de Napoléon] ; l'empereur mécontent remarqua qu'en Russie il fallait ménager davantage la poudre française ; mais on lui répondit qu'elle était russe et conquise de la veille
SANGEn montant à cet assaut [de Smolensk], nos colonnes d'attaque laissèrent une longue et large traînée de sang, de blessés et de morts
SAUTERIl [Mortier] avait ordre de défendre le Kremlin, puis, en se retirant, de le faire sauter et d'incendier les restes de la ville
SAUVERLes Romains, ajoutait-il [Napoléon], donnaient des couronnes civiques à ceux qui sauvaient des citoyens ; le duc de Trévise [laissé à Moscou] en méritera autant qu'il sauvera de soldats
SAUVERLes dernières paroles de l'empereur à Lauriston furent [à Moscou] : Je veux la paix, il me faut la paix, je la veux absolument ; sauvez seulement l'honneur
SAVANT, ANTEPrès de lui [dans la retraite de Moscou], des officiers des armes savantes dissertaient encore : dans notre siècle, que quelques découvertes encouragent à tout expliquer, ceux-là, au milieu des souffrances aiguës que leur apportait le vent du nord, cherchaient la cause de sa constante direction
SCYTHEQuelle résolution extraordinaire ! quels hommes ! ce sont des Scythes [paroles de Napoléon en voyant brûler Moscou, incendié par les Russes]
SÉCHERLes feux bien allumés, ils [les soldats] passèrent la nuit à se sécher, au bruit des imprécations, des gémissements de ceux qui achevaient de franchir le torrent, ou qui du haut de ses berges roulaient et se perdaient dans ses glaçons
SENTINELLELa nuit finissait .... quand tout à coup les Russes de Doctorof sortent des bois avec des cris épouvantables ; nos sentinelles sont renversées sur leurs postes, les postes sur leurs bataillons, les bataillons sur la division
SEPTEMBRELui-même [Napoléon à Moscou] sent l'insuffisance de ces moyens, et pourtant septembre n'est déjà plus ; octobre commence
SÉRIEUX, EUSEDès le commencement de l'attaque [à Malo-Iaroslavetz], ses éclats [du canon] avaient été, à trois lieues de là, porter au vice-roi [Eugène] la nouvelle d'un combat sérieux
SOLDATLes simples soldats, qui, voyant toute leur vie dans le moment présent, et attendant peu de l'avenir, ne s'en inquiètent guère, conservaient [à Moscou] leur insouciance, la plus précieuse de leurs qualités
SONDERIl [Napoléon] marchait lentement.... faisant sonder devant lui les bois et les ravins
SORTIE[à Moscou] ses sorties journalières [de Napoléon], qu'éclairait toujours un soleil brillant, dans lequel il s'efforçait de voir et de montrer son étoile, ne le distrayaient point
SORTIEUne seule rue étroite, tortueuse et toute brûlante s'offrait plutôt comme l'entrée que comme la sortie de cet enfer [l'incendie de Moscou]
SORTIRUn cri : le feu est au Kremlin, passe de bouche en bouche.... l'empereur sort pour juger du danger
SORTIRAbsorbé par cette funeste contemplation [Moscou brûlant], il [Napoléon] ne sortit d'un morne et long silence que pour s'écrier : Ceci nous présage de grands malheurs
SOUFFRANCEDans notre siècle, que quelques découvertes encouragent à tout expliquer, ceux-là [les officiers des armes savantes], au milieu des souffrances aiguës que leur apportait le vent du nord [dans la campagne de Russie], cherchaient la cause de sa constante direction
SOUFFRIRIl remarqua l'attitude de Napoléon, celle qu'il conserva pendant toute cette retraite : elle était grave, silencieuse et résignée ; souffrant moins du corps que les autres, mais bien plus d'esprit, et acceptant son malheur
SUBSISTANCEDès lors [dans la retraite de Moscou], suivant qu'ils se trouvèrent les plus forts ou les plus faibles, ils arrachèrent violemment ou dérobèrent à leurs compagnons mourants leurs subsistances, leurs vêtements
SUPERFLU, UENos longs et lourds convois auraient appesanti notre marche ; il était plus à propos de vivre du pays ; on eût pu l'en dédommager ensuite, mais on fit le mal nécessaire et le mal superflu
SURPRIS, ISEOn ap prit à Vitepsk.... qu'au centre, près du Dnieper, à Inkovo, Sebastiani, surpris par le nombre, avait été battu
SURSIS, ISECette Smolensk, deux fois fatale à l'armée, était un lieu de repos pour quelques-uns ; pendant ce sursis accordé à leurs souffrances, ceux-là se demandèrent....
TACITURNITÉFrappés d'étonnement à la vue de cette grande solitude [Moscou déserte], ils [les soldats français] répondaient à l'imposante taciturnité de cette Thèbes moderne par un silence aussi solennel
TERREUX, EUSECes malheureux soldats [revenant de Moscou] décharnés, le visage terreux....
TÊTELes boulets traversaient de tête en queue sa colonne
TIRERIls [les Russes] tirèrent mal, il est vrai, la plupart en l'air et comme des gens troublés, mais de si près, que la fumée, les feux et le fracas de tant de coups épouvantèrent les chevaux wurtembergeois et les renversèrent pêle-mêle
TORDU, UEL'empereur ne pouvait passer devant leur front sans avoir à éviter, à franchir ou à fouler des baïonnettes tordues par la violence du choc et des cadavres
TRAÎNÉELa plupart des artilleurs désespérés enclouent leurs pièces et dispersent leur poudre ; d'autres en établissent une traînée qu'ils poussent jusque sous des caissons arrêtés au loin, en arrière de nos bagages.... le feu court.... les caissons sautent
TRAÎNÉEQuand elle [la division de Victor] n'aperçut derrière Napoléon qu'une traînée de spectres, couverts de lambeaux, de pelisses de femmes, de morceaux de tapis....
TRAÎNERSébastiani insista comme les autres sur l'état de l'armée : Il est affreux, repartit l'empereur, je le sais ; dès Vilna, il en traînait la moitié, aujourd'hui ce sont les deux tiers....
TRAÎNEROn entendit ses cris de fureur [de Napoléon] contre l'un des hommes chargés de cet approvisionnement [de Smolensk] ; le munitionnaire n'obtint la vie qu'en se traînant longtemps sur ses genoux aux pieds de Napoléon
TRAÎNERDès cette première journée [après la sortie de Moscou], il [l'empereur] put remarquer que sa cavalerie et son artillerie se traînaient plutôt qu'elles ne marchaient
TRAÎNEURIgnorait-on que toute la foule désolée des traîneurs des autres corps, à cheval, à pied, en voiture, s'ajoutait à ces embarras [du corps de l'arrière-garde], comme dans un corps malsain tous les maux accourent et se réunissent sur la partie la plus attaquée !
TRÉSORL'empereur écrivit que la conquête de Smolensk le rendait maître des salines russes, et que son ministre du trésor pouvait compter sur vingt-quatre millions de plus
TRIOMPHALEMENTCes misérables, enivrés de vin et du succès de leurs crimes, ne daignaient plus se cacher ; ils parcouraient triomphalement ces rues embrasées [de Moscou]
TROUÉELa longue enceinte d'un camp, formée par un rang de fortes palissades, l'arrêta [un général russe] ; ses soldats, pressés par nos mouvements, n'eurent pas le temps d'y faire une trouée
TROUPEIl a fallu qu'ils [les hommes débandés] attendissent l'arrivée de la première troupe encore commandée et en ordre ; c'était la vieille et la jeune garde
TROUSSEChaque mesure de seigle, chaque trousse de fourrage nous étaient disputées ; il fallait les arracher à l'ennemi
TUÉ, ÉELes soldats français ne s'y trompent guère ; ils s'étonnaient de voir tant d'ennemis tués, un si grand nombre de blessés et si peu de prisonniers [à la bataille de la Moskowa]
USERL'effort qu'il venait de faire pour atteindre Moscou avait usé tous ses moyens de guerre
VÉTÉRANIl [Napoléon dans une revue] s'arrête aux plus vieux soldats ; à l'un, c'est la bataille des Pyramides, à l'autre celle de Marengo, d'Austerlitz, d'Iéna ou de Friedland qu'il rappelle d'un mot, accompagné d'une caresse familière ; et le vétéran, qui se croit reconnu de son empereur, se grandit tout glorieux au milieu de ses compagnons moins anciens qui l'envient
VEUF, VEUVELes soldats de Ney et ceux de la division Gudin, veuve de son général....
VIEILLIRC'était [la guerre de Russie] une dernière occasion qu'on se repentirait d'avoir laissée échapper ; on serait importuné des récits glorieux qu'en feraient les autres ; la victoire du jour vieillirait tant celle de la veille !
VIOLEMMENTNey venait d'emporter violemment le passage de la Stubna
VIOLENT, ENTEUn si violent effort [l'attaque de Smolensk] lui paraissait inutile [à Murat], puisque les Russes se retiraient d'eux-mêmes
VIVRECe jour-là même, il [Napoléon] interpella hautement un administrateur par ces mots remarquables : Pour vous, monsieur, songez à nous faire vivre ici [Vitepsk] ; car, ajouta-t-il à haute voix, nous ne ferons pas la folie de Charles XII
VIVREIl [l'empereur] sentait bien qu'il ne pouvait ôter ni reprocher à ses soldats ce fruit de tant de travaux [butin qu'ils emportaient de Moscou dans des chariots] ; d'ailleurs les vivres cachaient le butin ; et lui qui ne pouvait pas donner aux siens les subsistances qu'il leur devait...
VOIEOn commença à prévoir qu'un génie ardent, inquiet, accoutumé aux voies courtes, n'attendrait pas huit mois [à Witepsk], quand il sentait son but à sa portée [Moscou]
VOIRN'espérant plus de victoire entière, il [Napoléon] se résolut à une retraite précipitée ; depuis ce moment, il ne vit plus que Paris, de même qu'en partant de Paris il n'avait eu en vue que Moscou
VOITURENapoléon avait assigné aux bagages leur place ; il fit publier l'ordre de brûler toutes les voitures qu'on verrait au milieu des troupes.... la voiture du général Narbonne, son aide de camp, s'étant trouvée sur son passage, il y fit mettre le feu lui-même devant ce général, et sur-le-champ, sans permettre qu'on la vidât
VOLCANOn avait placé sur la rive gauche du Dnieper une batterie formidable ; les Russes nous en avaient opposé deux plus terribles encore ; à chaque instant nos canons étaient écrasés, nos caissons sautaient ; ce fut au milieu de ce volcan que le roi [Murat] poussa son cheval
VOLTIGERIl [Napoléon à Moscou] se plaignit bientôt de ce qu'une guerre irritante de partisans voltigeait autour de lui
VOLTIGEURCeux-ci [les lanciers russes] repoussés rencontrèrent, en tournant, sur leurs pas les deux cents voltigeurs parisiens que la fuite du seizième de chasseurs à cheval avait laissés seuls entre les deux armées ; ils les assaillirent ; tous les regards se fixèrent sur ce point ; des deux côtés on jugeait ces fantassins perdus....
VOLUBLELes Lithuaniens fuyaient quelquefois à notre approche ; les Juifs restaient... on les reconnaissait à leur prononciation grasse, à leur élocution voluble et précipitée, à la vivacité de leurs mouvements
VRAISEMBLABLEIl n'est ni vrai ni vraisemblable qu'il [Napoléon] se soit laissé aller à de telles illusions [que les salines russes de Smolensk lui rapporteraient vingt-quatre millions]

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