Définition de RUSE
Prononciation : ru-z'
DÉFINITIONS
1
Détours, expédients du lièvre, du cerf, du renard, quand on les chasse (ce qui est un des sens primitifs).Les ruses et les moyens que les animaux sauvages mettent en oeuvre pour se dérober à la recherche, ou pour éviter la poursuite et les atteintes des chiens, sont peut-être plus merveilleux que les méthodes les plus fines de l'art de la chasse
2
Moyen qu'on emploie pour tromper.La ruse la mieux ourdie Peut nuire à son inventeur Et souvent la perfidie Retourne sur son auteur
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IV, 11
Tu prétends être fort habile ; En sais-tu tant que moi ? j'ai cent ruses au sac
de Jean de LA FONTAINE dans ib. IX, 14
Ce n'est plus que la ruse aujourd'hui qui l'emporte
Osez - vous recourir à ces ruses grossières, Et croyez-vous les gens si privés de lumières ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib. IV, 3
La ruse est un talent naturel au sexe ; et, persuadé que tous les penchants naturels sont bons et droits par eux-mêmes, je suis d'avis qu'on cultive celui-là comme les autres ; il ne s'agit que d'en prévenir l'abus
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. V
De ruse, par la ruse.
Ainsi du genre humain l'ennemi vous abuse : Ce qu'il ne peut de force, il l'entreprend de ruse
de Pierre CORNEILLE dans Poly. I, 1
Sémantique : Fig.
À partir des choses les plus simples dans la vie, il serait aisé de prouver que nous ignorons tout, et nous voulons pénétrer dans les ruses de la sagesse !
Ruse de guerre, moyen qu'on emploie pour tromper les ennemis sur ses desseins, sur ses opérations, etc.
Gélon était fort habile dans le métier de la guerre, surtout pour les ruses
Une lettre de Berthier à Kutusof, datée du premier jour de cette marche de flanc, fut à la fois une dernière tentative de paix et peut-être une ruse de guerre
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. IX, 1
Ruses innocentes, petites finesses dont on se sert à bon dessein.
Ruses de l'enfer, les suggestions insidieuses du démon.
Après m'avoir montré cette soif du baptême, Pour opposer à Dieu l'intérêt de Dieu même, Vous vous joignez ensemble ! ah ! ruses de l'enfer !
de Pierre CORNEILLE dans Poly. V, 3
HISTORIQUE
1
XIVe s.Comment li chiens sont si sages, qu'ilz deffont toutes les ruses que les cerfs font
dans Modus, f° 24, verso
2
XVe s.Et quand ledit Jean estoit hors de la prison.... il rentroit en sa ruse comme devant
de Jean FROISSART dans II, II, 106
Ruses de commeres, dist Passalion, trop ay entendu
dans Perceforest, t. IV, f° 109
Le suppliant, tout par ruse [jeu] et par esbat, comme dit est, recula un bien peu
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans rusare.
ÉTYMOLOGIE
1
Voy. RUSER ; Berry, ruse, reculement, pièce du harnais d'un cheval de trait (le sens de reculer est un des sens primitifs de ruser) ; picard, avoir des ruses, avoir beaucoup de mal à faire quelque chose.