Définition de APPELER
Prononciation : a-pe-lé
DÉFINITIONS
1
Appeler quelqu'un à haute voix. Appeler chacun par son nom. Qui m'appelle ?Appeler les lettres de l'alphabet, les nommer successivement l'une après l'autre.
Sémantique : En termes de palais, appeler une cause, dire à haute voix le nom des parties.
Appeler son chien, l'appeler de la voix ou en sifflant.
Il se dit des animaux. La brebis appelle son agneau ; la poule appelle ses poussins.
Nature : Absolument. Il appelle, et personne ne vient.
Sémantique : Fig. Appeler à son aide sa vertu. Celui qui sent sa faiblesse, appelle à son secours le manége et l'intrigue.
Il appelle les idolâtres à la connaissance de Dieu
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 7
Quelquefois elle appelle Oreste à son secours
de Jean RACINE dans Andr. I, 1
Par les dieux qu'en pleurant tes serments appelèrent
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Élég. II
Il appelait à témoin les dieux et les hommes que la république était trahie
Appeler des oiseaux, les attirer en se servant d'un appeau.
Nature : Absolument, en termes de chasse.
Quelque terrier, dit-il, a sauvé mon galant ; Mes chiens n'appellent point au delà des colonnes
de Jean de LA FONTAINE dans Fab. XII, 23
Ce chien appelle en faux, il aboie dans l'endroit où les perdrix ont été, ou à la rencontre du frai des perdrix.
2
Louis XIV appela Colbert dans ses conseils. Si tu appelles le médecin. Les destinées nous appellent. Appeler la bienveillance par ses bons offices. La corneille appelle la pluie. Le coq appelle le jour. Une fourberie en appelle une autre.N'est-ce pas vous enfin de qui la voix pressante Nous a tous appelés aux campagnes du Xanthe ?
de Jean RACINE dans Iphig. I, 3
Les cloches dans les airs de leurs voix argentines Appelaient à grand bruit les chantres à matines
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. II
Nos vaisseaux sont tout prêts et le vent nous appelle
de Jean RACINE dans Andr. III, 1
Et nos champs, malheureux par leur fécondité, Appellent l'avarice et la férocité Des brigands du midi, du nord et de l'aurore
Au pied de ses remparts quel intérêt m'appelle ?
de Jean RACINE dans Iphig. IV, 11
L'infidèle en nos murs appelle l'étranger
Enfin, las d'appeler un sommeil qui le fuit....
de Jean RACINE dans Esth. II, 1
Argos nous tend les bras, et Sparte nous appelle
de Jean RACINE dans Phèdr. V, 1
Sémantique : Par extension. Dieu vient de l'appeler à lui, il vient de mourir. Je sens que Dieu m'appelle à lui, je sens que ma fin approche.
3
Appeler un adversaire au combat. Appeler à une lutte de talents.Appeler en duel ou simplement appeler, provoquer à un combat singulier.
Je l'irais appeler comme mon adversaire
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. VI
Il fit appeler le duc de Buckingham
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 11
Je sais de bonne part qu'on t'a fait appeler
4
Appeler quelqu'un en justice. Les uns sont condamnés, les autres ne sont pas même appelés.Appeler quelqu'un en témoignage ou comme témoin.
Appeler quelqu'un en garantie.
5
Appeler des soldats sous les drapeaux. Appeler les vétérans. On appelle le contingent de cette année.6
Tous les voeux l'appellent. Appeler le malheur, la vengeance du ciel sur quelqu'un. Armée qui appelle le combat de tous ses voeux. Appeler sur quelqu'un les bénédictions du ciel. Il appelait sur vous la haine et le mépris.7
Appeler quelqu'un à une charge. Il fut appelé au trône. Être appelé au consulat. Appeler quelqu'un à siéger dans le sénat. Appeler à une chaire un professeur habile. Il ne faut pas résister quand Dieu nous appelle. Le génie de Turenne l'appelait au commandement des armées.Quoi ! vous à qui Néron doit le jour qu'il respire. Qui l'avez appelé de si loin à l'empire....
de Jean RACINE dans Brit. I, 1
8
Cette conduite appelle votre sévérité. Les affaires intérieures appelèrent son attention. Ce crime appelle la vengeance des lois.Ton audace à la fin appelle ma vengeance
de Alphonse de LAMARTINE dans Médit. II, 18
9
Appeler une chose de plusieurs manières. Appeler quelqu'un le sauveur de la patrie.Je n'appellerai jamais libre un homme.... J'appelle un chat un chat et Rollet un fripon
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. I
Il n'y a point de particulier qui ne se voie autorisé par cette doctrine à adorer ses inventions, à consacrer ses erreurs, à appeler Dieu tout ce qu'il pense
Sémantique : Familièrement. Appeler les choses par leur nom, ne pas affaiblir par des mots ce que certaines vérités peuvent avoir de dur.
10
Nature : V. n. Appeler de, recourir à un tribunal supérieur. Appeler d'un jugement.Loi qui permit d'appeler au peuple des consuls
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 8
Et nous faire désirer au moins que Dieu existât, à qui nous pussions appeler du jugement des hommes
de Jean de LA BRUYÈRE dans 16
Il lui remontra qu'encore qu'il n'y ait point de juge à qui l'on puisse appeler de lui, il faut qu'il en appelle lui-même au tribunal de sa conscience
de Esprit FLÉCHIER dans Panég. II, p. 91
Appeler comme d'abus, appeler d'un tribunal ecclésiastique à l'autorité laïque.
Sémantique : Fig. Appeler de, ne pas se soumettre. J'appelle de votre décision.
Jupin, de ton arrêt j'appelle ; Ta balance et tes poids sont faux
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Bluets.
Avec le sens actif, en droit féodal, appeler son seigneur de faux jugement, c'était dire que son jugement avait été faussement rendu
11
En appeler.Celui qui n'a pas fait sa fortune à la cour, est censé ne l'avoir pas dû faire ; on n'en appelle pas
de Jean de LA BRUYÈRE dans 8
Vauban est infaillible ; on n'en appelle point
de Jean de LA BRUYÈRE dans 12
En appeler à, s'en référer à, recourir.
Souffrez, mes frères, que j'en appelle à votre conscience
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Évid.
Charles I était brave ; il pouvait en appeler à l'épée
Sémantique : Familièrement. Il en a appelé, se dit d'un homme qui a échappé à une maladie dangereuse.
12
Sémantique : En termes de marine, une manoeuvre appelle droit, si elle arrive directement au point où la force est appliquée ; elle appelle de loin, quand le lieu où elle est amarrée est éloigné.13
Nature : V. réfl. Avoir pour nom. Comment t'appelles-tu ? Parce que je m'appelle lion. Cette maladie s'appelle avarice. La mort ne peut s'appeler un mal.Voilà qui s'appelle un témoignage de véritable amitié ; c'est là un témoignage de véritable amitié. D'après de Caillières, voilà qui s'appelle, était une locution de la cour.
Voilà qui s'appelle parler, voilà un langage ferme et franc. Nous disons aujourd'hui de préférence : Voilà ce qui s'appelle.
Je vais, victime de mon zèle, M'envelopper dans ma vertu. - Voilà, voilà ce qui s'appelle être légèrement vêtu
de MÉRY, et BARTHÉLEMY dans le Congrès des ministres
Se donner un titre. Le monarque de la Perse s'appelle dans ses inscriptions le roi des rois.
S'appeler, s'inviter l'un l'autre a venir. Pour ne pas se séparer dans le bois, ils s'appelaient de temps en temps.
REMARQUE
1
Il y a des personnes qui confondent appeler, terme de justice, et rappeler. On dit appeler et non rappeler d'un jugement.HISTORIQUE
1
XIe s.Se alquens [aucun] est apeled de larecin u de roberie....
dans L. de Guill. 4
Que est forfeng en angleis apeled
dans ib. 6
Dist Blancandrins : apelez le franceis
dans Ch. de Rol. XXXVII
À sei [il] apele son fil et les deus reis
dans ib. CCXXXVIII
2
XIIe s.Veez mei ici, kar tu m'apelas
dans Rois, p. 12
La fist Joyeuse Charles maine apeler [son épée]
dans Ronc. p. 111
Tel chose [le comte Tibaut] a faite en sa vie Dont [il] deüst estre apelés [en champ clos]
de HUES DE LA FERTÉ dans Romancero, p. 187
Salomons les apele devant le duc Richart
dans Sax. XXIX
Quant veit li arcevesques, prist sei à purpenser, La curt à l'apostolie li estut apeler, Saveir s'il se purreit par issi delivrer
dans Th. le mart. 41
3
XIIIe s.Et après i envoia un cardonnal qui est appelés maistre Pieron de Capes
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans I
Constance à ce conseil fu mout tost apelée
dans Berte, CXV
De la moie part le desfie ; Si l'apele de felonie
dans Ren. 18116
Pintain [il] apele, où moult se croit ; à une part l'a apelée
dans ib. 1422
Nus ne doit fere enqueste seus [seul], qu'il n'apiat bone gent avec li por fere l'enqueste
de Philippe de BEAUMANOIR dans XL, 17
S'on apele du jugement et li jugemens est trovés malvès
de Philippe de BEAUMANOIR dans XL, 29
S'il apeloit son home de murdre ou de traïson
de Philippe de BEAUMANOIR dans XL, 36
Le capitre qui parole des deffenses à l'apelé
de Philippe de BEAUMANOIR dans VI, 19
4
XIVe s.Du dittateur ne pooit on apeler au peuple
de Pierre BERCHEURE dans f° 2, verso.
5
XVIe s.Ilz en appelloyent à Rome
de Jean CALVIN dans Inst. 900
Faisant requeste à Dieu de l'appeller à lui
de Michel de MONTAIGNE dans I, 252
Il l'appella deux ou trois fois par son nom pour l'esveiller
de Michel de MONTAIGNE dans I, 339
Appellant sur eulx la vengeance divine
de Michel de MONTAIGNE dans II, 33
Nations moins barbares en cela que la grecque qui les en appelle
de Michel de MONTAIGNE dans II, 48
Il se feit porter où le besoing l'appeloit
de Michel de MONTAIGNE dans III, 94
J'ay ma chevance mieulx logée qu'en des coffres appelant sur moy la haine
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 11
Cela est ce vivre heureusement ? cela s'appelle il vivre ?
de Étienne de LA BOÉTIE dans 67
Aux provinces où il y a un satrape qu'ils appellent, celuy là a le soin et superintendance de l'un et de l'autre
de Étienne de LA BOÉTIE dans 137
Pourtant t'appelle je mon pere, ne trouvant autre appellation plus venerable
de Jacques AMYOT dans Fab. 28
Il s'alla camper près du bourg qui s'appelle Cannes
de Jacques AMYOT dans ib. 31
La vieille injure appelle la nouvelle
de Pierre de RONSARD dans 607
ÉTYMOLOGIE
1
Bourguig. aipelai ; provenç. appellar ; espagn. apelar ; ital. apellare ; du latin appellare, de ad, à (voy. à), et pellare, inusité et signifiant parler.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
Ajoutez :Il [saint Paul] montrera que, bien loin que les dignités soient capables de soustraire les hommes au jugement de Dieu, c'est cela même qui les y appelle et qui aggrave leur compte
de SAURIN dans Disc. de saint Paul à Félix et à Drusille
2
S'appeler, se donner un titre à soi-même.On n'eut égard aux sollicitations que pour exclure ceux qui étaient assez téméraires pour solliciter et s'appeler eux-mêmes
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Panégyr. saint Louis
3
Écrivez : appelé-je, et non appellé-je, par la même raison qui fait qu'on écrit appelai et non appellai. Cette remarque s'applique à tous les verbes en eler et en eter : jeté-je et non jetté-je.Synonymes de APPELER
- ATTIRER
- BEUGLER
- BRAILLER
- BRAIRE
- BRAMER
- CONVIER
- CONVOQUER
- CRIER
- DEMANDER
- ENGAGER
- EXCITER
- EXHORTER
- GEINDRE
- GÉMIR
- GUEULER
- HÉLER
- HURLER
- INCITER
- INVITER
- MANDER
- MEUGLER
- MUGIR
- MURMURER
- NOMMER
- ORDONNER
- PLEURER
- PRIER
- RÉCRIMINER
- REPROCHER
- SOLLICITER
- TENTER
- TRAITER