Définition de INSENSIBLE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : in-san-si-bl'

DÉFINITIONS

1
Qui n'a pas de sensibilité physique. Les végétaux, quoique vivants, sont insensibles.
J'emploie toutes choses, monsieur, les raisonnables et les insensibles, pour vous persuader votre retour
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans Lett. V, 9
Je comprends mieux que personne du monde ces sortes d'attachements qu'on a pour des choses insensibles et, par conséquent, ingrates ; mes folies pour Livry en sont de belles marques
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 18 oct. 1688
Sur la pierre insensible où mes pleurs ont coulé
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Fén. IV, 3
Affecter la froideur d'une insensible image
de Casimir DELAVIGNE dans Paria, II, 2
Ossements desséchés, insensible poussière, Levez vous, recevez la vie et la lumière
de Alphonse de LAMARTINE dans Méd. I, 30
Qui ne sent point, ne ressent point l'impression que l'objet doit faire sur les sens. Être insensible au froid, au chaud.
Les secrets à l'aide desquels la peau devient insensible pour quelque temps à l'action du feu, comme l'huile de vitriol et d'autres corrosifs
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ann. Emp. Charles le Chauve, 877
Sémantique : Terme de manége. Bouche insensible, bouche qui ne répond pas à l'effet des rênes.
2
Qui n'a pas la sensibilité morale.
Et je suis insensible alors qu'il faut trembler
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, IV, 5
Il est vrai que les hommes aperçoivent moins cette malheureuse délicatesse dans les âmes vertueuses ; on les croit insensibles, parce que non-seulement elles savent taire mais encore sacrifier leurs peines secrètes
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Marie-Thér.
Un Dieu qu'on fait à sa mode, aussi patient, aussi insensible que vos passions le demandent, n'incommode pas
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Ann. de Gonz.
Soumis à la loi seule, insensible comme elle
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Tancr. II, 6
Mes baisers, à l'entendre, étaient froids, insensibles
de André CHÉNIER dans Elég. XIX.
L'homme insensible et froid en vain s'attache à peindre Ces sentiments du coeur que l'esprit ne peut feindre
de André CHÉNIER dans Ép. I
Insensible à, qui n'est pas touché de.
Crois-tu donc que je sois insensible à l'outrage ?
de Pierre CORNEILLE dans Hor. IV, 5
La plupart des gens de travail pensent à boire et à manger, ils sont comme insensibles à toutes les autres choses
de NICOLE dans Ess. de morale, dans RICHELET
êtes-vous donc insensible au plaisir de revoir vos proches ?
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XI
Insensible à la vie, insensible à la mort, Il ne sait quand il veille, il ne sait quand il dort
de Louis RACINE dans Rel. II
Insensible à sa chute et grand dans ses misères
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, II, 1
3
Sémantique : Particulièrement. Qui n'est pas sensible à l'amour.
Le seul pour qui je tâche à le rendre visible [mon coeur] Ou n'ose en rien connaître ou demeure insensible
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. II, 1
Ah ! si d'un autre amour le penchant invincible Dès lors à mes bontés vous rendait insensible
de Jean RACINE dans Mithr. IV, 4
L'insensible Hippolyte est-il connu de toi ?
de Jean RACINE dans Phèdre. II, 1
L'Amour était vivement piqué de voir que ce vieillard inconnu, non-seulement était insensible à ses traits, mais encore lui enlevait Télémaque
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. VIII
Une femme insensible est celle qui n'a pas encore vu celui qu'elle doit aimer
de Jean de LA BRUYÈRE dans III
Nature : Substantivement.
Mais, mon coeur, essayons de vaincre l'insensible
de DESMARETS dans Mirame, II, 2
Il fait de l'insensible, afin de mieux surprendre
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. IV, 6
Que tout aime à présent ; l'insensible n'est plus
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. XII, 26
Ciel ! comme il m'écoutait ! par combien de détours L'insensible a longtemps éludé mes discours !
de Jean RACINE dans Phèd. III, 1
4
Qui n'est connu, perçu que difficilement par les sens, ou même qui n'est pas perçu du tout. Le mouvement de l'aiguille d'une horloge est insensible à l'oeil.
Souvent il se disait en son coeur que le plus malheureux effet de cette faiblesse de l'âge était de se cacher à ses propres yeux, de sorte que tout à coup on se trouve plongé dans l'abîme, sans avoir pu remarquer le fatal moment d'un insensible déclin
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Et d'un vol insensible il se vit transporté Dans un vaste palais d'admirable beauté
de PERRAULT dans dans RICHELET
Que l'insecte insensible enseveli sous l'herbe Et l'aigle impérieux qui plane au haut du ciel Rentrent dans le néant aux yeux de l'Éternel
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Fanat. I, 4
Elle s'avance à son but par les degrés les plus insensibles
de Denis DIDEROT dans Interpr. de la nature, n° 37
Le diamètre apparent des satellites de Jupiter étant insensible, on ne peut pas mesurer exactement leur grosseur
de LAPLACE dans Exp. I, 7

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Que nis [même] les choses insensibles, Qui rien n'entendent ne sentent, à Dieu le createur s'assentent [obéissent]
dans Ste Leocade, dans BARBAZAN, t. I, p. 278
2
XIVe s.
Mouvement insensible. Gens insensibles
de Nicolas ORESME dans Thèse de MEUNIER.
[Le cartilage] plus prochain en dureté à l'os, de complexion froide et seiche, insensible et flexible aucune fois
de Henri DE MONDEVILLE dans f° 9
Jehan du Monstier, homme fol, insensible et furibonde
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans insensibilis.
3
XVIe s.
Je veux, pour ne le voir, devenir un rocher Sourd, muet, insensible
de Pierre de RONSARD dans Poëmes, liv. 1er .
Une pente douce et comme insensible
de Michel de MONTAIGNE dans I, 82
Vous gaignez credit à passer oultre d'une facile et insensible inclination
de Michel de MONTAIGNE dans III, 291
[La mort] chose si soubdaine, si inevitable, si insensible
de Michel de MONTAIGNE dans I, 302

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. insensibilis, de in.... 1, et sensibilis, sensible.

Synonymes de INSENSIBLE

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