Définition de PALIRE
Prononciation : pâ-lir
DÉFINITIONS
1
Devenir pâle.Vous poussez des soupirs, vos visages pâlissent
de Pierre CORNEILLE dans Hor. II, 6
Mais gardez de pâlir et de vous étonner à l'aspect du chemin qui vous y doit mener
de Pierre CORNEILLE dans Théod. II, 4
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue
de Jean RACINE dans Phèd. I, 3
Il [un nouvelliste] dit que la cavalerie allemande est invincible : il pâlit au seul nom des cuirassiers de l'empereur
de Jean de LA BRUYÈRE dans X.
Quand il [Socrate] but sans pâlir la coupe de la mort
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Loi naturelle, II
On rougit dans la honte, la colère, l'orgueil, la joie ; on pâlit dans la crainte, l'effroi et la tristesse
Je crains bien moins ceux qui rougissent que ceux qui pâlissent, disait César ; celui qui aura rougi de colère sera véhément dans sa narration ; celui qui aura pâli d'horreur, sera terrible dans ses peintures
Pâlir de, devenir pâle à cause de. Qui.... Nous fait rougir de honte et pâlir de colère, ANNE DE ROHAN, Sonnet (en tête des Tragiques de d'Aubigné).
Vous eussiez vu leurs yeux s'enflammer de fureur, Et, dans un même instant, par un effet contraire, Leur front pâlir d'horreur et rougir de colère
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, I, 3
L'auteur pâlissant de courroux
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. III
J'ai pâli du dessein qui vous a fait sortir
de Jean RACINE dans Phèd. IV, 6
Le plus affreux péril n'a rien dont je pâlisse
de Jean RACINE dans Iphig. V, 5
Que nos tyrans communs en pâlissent d'effroi
de Jean RACINE dans Mithr. III, 1
Parfois le laboureur, sur son sillon courbé, .... rouvrant des tombeaux pleins de débris humains, Pâlit de la grandeur des ossements romains
de Victor HUGO dans Rayons et ombres, 8
Sémantique : Fig. Pâlir sur des livres, étudier sans relâche.
Or va, romps-toi la tête ; et de jour et de nuit Pâlis dessus un livre, à l'appétit d'un bruit Qui nous honore après que nous sommes sous terre
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. IV
Après cela, docteur, va pâlir sur la Bible
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VIII
Personne dans le monde ne veut pâlir sur des calculs
de Jean-François MARMONTEL dans Mém. XI
2
Faire pâlir, inspirer de la crainte.Je vis ce visage que la crainte de la mort ne fit point pâlir
de Esprit FLÉCHIER dans duc de Mont.
[La satire], bravant l'orgueil et l'injustice, Va jusque sous le dais faire pâlir le vice
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Pour étonner les coupables et faire pâlir les parjures
Quand un brigand, vengeur de ce brigand farouche [Marat], Crut te [Charlotte Corday] faire pâlir aux menaces de mort
de André CHÉNIER dans Ode IX
3
Il se dit de la lumière qui devient plus faible. Les étoiles pâlissaient à l'approche du jour.Et la moitié du ciel pâlissait, et la brise Défaillait dans la voile....
de Alphonse de LAMARTINE dans Harm. II, 2
Sémantique : Fig. Son étoile pâlit, se dit de celui dont la prospérité diminue.
Tout le monde croit que l'étoile de Quanto [Mme de Montespan] pâlit ; il y a des larmes, des chagrins naturels, des gaietés affectées, des bouderies ; enfin, ma chère tout finit
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 310
4
Sémantique : Fig. Paraître décoloré, faible, sans valeur, à côté de quelqu'un ou de quelque chose de brillant.L'or et le diamant, l'art, la nature même, Ce qu'enferme la terre et l'humide séjour Pâlit près d'un rayon du grand astre du jour
de Jacques DELILLE dans Parad. perdu, III
Faire pâlir, éclipser, mettre dans l'ombre. Le Cid fit pâlir tout ce qui avait précédé.
5
Nature : V. a. Rendre pâle. La fièvre l'a pâli.Sémantique : Par extension, faire paraître pâle.
Ses yeux étaient baissés, et le reflet de la lune, en pâlissant son visage, rendait sa physionomie plus intéressante
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Voeux téméraires, t. III, p. 184, dans POUGENS
La douce lumière qui éclairait son visage pâlissait son teint sans affaiblir l'éclat de ses yeux
HISTORIQUE
1
XIIIe s.Fille, com ceste amour vous a palie et teinte !
de AUDEFR. LE BAST. dans Romancero, p. 16
Se vous jamès parlés à li, Vous en aurés le vis [le visage] pali, Voires certes plus noir que more
dans la Rose, 8578
De l'angoisse de faim estoit chascuns palis
dans Ch. d'Ant. IV, 557
2
XIVe s.Ceulx qui ont verconde rougissent, et ceulx qui ont paour de mort pallissent
de Nicolas ORESME dans Eth. 135
3
XVIe s.Il disoit qu'il aimoit mieulx les jeunes hommes qui rougissoient, qu'il ne faisoit ceux qui palissoient
de Jacques AMYOT dans Cat. 17
Cet aspect lui fist paslir la conscience et ternir le teint
Là de ton teint tu pallissois les fleurs, Là les ruisseaux s'augmentoient de tes pleurs
de Pierre de RONSARD dans 20
ÉTYMOLOGIE
1
Lat. Pallere (1er e accent long) ; Berry, pâlizir ; provenç. es-palezir.