L'oeuvre Éléments de littérature de Jean-François MARMONTEL
Ecrit par Jean-François MARMONTEL
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Citations de "Éléments de littérature"
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CONSOMMÉ, ÉE | Laisser voir la feinte au spectateur, c'est à quoi tout comédien peut réussir ; mais ne la laisser voir qu'au spectateur, c'est ce que les plus consommés n'ont pas toujours le talent de faire |
CONSONNANCE | Dans nos vers on a fait une loi d'éviter la consonnance de deux hémistiches ; la même règle doit s'observer dans les repos des périodes |
CONTE | Dans la conversation, ce qu'on appelle conte est le récit bref et rapide de quelque chose de plaisant |
CONTENTION | Opposez à ce penchant la contention de l'habitude ; Socrate n'était pas né sage, et son naturel, en se redressant, ne s'était pas estropié |
CONTEUR, EUSE | L'art du conteur est de réduire l'action à ce qu'elle a d'original et d'intéressant |
CONTEXTURE | Telle est la prophétie de Joad dans l'Athalie de l'illustre Racine, le plus beau morceau de poésie lyrique qui soit sorti de la main des hommes et auquel il ne manque, pour être une ode parfaite, que la rondeur des périodes dans la contexture des vers |
CONTROVERSISTE | Bossuet, le plus grand controversiste de l'Église romaine, a eu quelquefois le tort de l'être en chaire |
COPIER | Vous copiez un vase étrusque, et vous lui donnez l'élégance grecque ; ce n'est point là ce qu'on vous demande et ce qu'on attend de vous |
COPIER | Comme les vices des Grecs avaient passé chez les Romains, Térence, pour les imiter, ne fit que copier Ménandre |
COPISTE | Les élèves de Raphaël et des Caraches n'en ont pas été les copistes ; mais, dans leurs tableaux, on reconnaît le génie de leur école, la touche, le dessin, la couleur de leur maître, la manière de composer |
CORDE | Nous croyons entendre des fables, lorsqu'on nous dit que, chez les Grecs, une corde ajoutée à la lyre était une innovation politique ; que les sages même en auguraient un changement dans les moeurs, une révolution dans l'État |
CORRIGER | Personne ne se corrige, dit-on ; malheur à ceux pour qui ce principe est une vérité de sentiment |
CORROMPRE | Ce Philippe qui, mieux qu'homme du monde, savait diviser pour réduire et corrompre pour asservir |
CORRUPTEUR, TRICE | C'est là que tous les préjugés d'une éducation corruptrice sont ébranlés par les maximes de la nature et de la raison |
COULEUR | Toutes les langues ont les couleurs entières de l'expression et n'ont pas les mêmes nuances |
COUP | Si Molière a rendu Tartuffe odieux au cinquième acte, c'est par la nécessité de donner le dernier coup de pinceau à son personnage |
COUP | On ne forme point les esprits avec des tableaux et des coups de théâtre |
COUPE | Un écrivain, qui a de l'oreille et assez d'art pour donner à son style le mouvement de la pensée ou du sentiment qu'il exprime, saura bien varier encore la coupe et le rhythme du vers |
COURAGE | Ménage, qui a dit tant de mots et qui en a dit si peu de bons, avoit pourtant raison de s'écrier à la représentation des Précieuses ridicules : courage, Molière ! voilà le bon comique |
CRITIQUE | On voit par là que c'est dans le moment critique où les républiques se corrompent, qu'on y a besoin de l'éloquence |
CRITIQUE | Le critique supérieur doit avoir dans son imagination autant de modèles qu'il y a de genres différents ; le critique subalterne est celui qui, n'ayant pas de quoi se former ces modèles transcendants, rapporte tout, dans ses jugements, aux productions existantes |
CROISÉ, ÉE | N'est-ce pas plutôt aux poëmes d'une longue étendue qu'il eût fallu permettre les rimes croisées ? je le croirais, non-seulement parce que les vers masculins et féminins entrelacés n'ont pas la fatigante monotonie des distiques, mais parce que leur marche libre, rapide et fière, donne du mouvement au récit, de la véhémence à l'action, du volume et de la rondeur à la période poétique |
CROISER | M. de Voltaire a croisé les vers de la tragédie de Tancrède, et au moins cette singularité n'a-t-elle pas nui au succès de la pièce, l'une des plus intéressantes du plus pathétique de nos poëtes |
CROYANCE | L'opinion sur les faits, soit moraux, soit physiques, est tantôt de pleine croyance, tantôt de simple adhésion |
CRÛMENT | Rendre crûment la vérité commune est le talent d'un ouvrier ; faire mieux que n'a fait la nature elle-même et l'embellir en l'imitant est l'art réservé au génie |
CUL ou CU | Que voulait-il qu'un musicien fît de toutes ces comparaisons façonnées en ariettes, qui terminent des scènes comme des culs-de-lampes, ou qui plutôt sont dans le chant comme des bouquets d'artifice pour obtenir l'applaudissement ? |
CURÉ | De bons curés seront, quand on le voudra bien, dans les villes et dans les campagnes, des missionnaires perpétuels, et de plus des arbitres, des conciliateurs, de fidèles dépositaires de la confiance des familles, des liens de concorde, de zélés surveillants de la tranquillité publique |
CURIEUX, EUSE | La nature a mille détails qui seraient vrais, qui rendraient même l'imitation plus vraisemblable et qu'il faut pourtant éloigner, parce qu'ils manquent d'agrément ou d'intérêt ou de décence, et que nous cherchons, au théâtre et dans l'imitation poétique en général, une nature exquise, curieuse et intéressante |
DÉPRÉDATEUR, TRICE | L'histoire, ainsi que les nations déprédatrices et conquérantes, semble avoir pris pour règle d'équité le mot de Brennus : Vae victis (malheur aux vaincus) |
ENFLURE | De grands mots et de petites idées ne sont jamais que de l'enflure |
ENGLOUTI, IE | Les générations humaines successivement englouties dans cet immense océan de l'éternité ; et Dieu qui reste et qui les attend |
ENGOURDIR | On perd l'habitude de réfléchir comme celle de marcher ; et l'âme s'engourdit et s'énerve comme le corps dans une stupide indolence |
ÉNIGME | Nous avons vu tout Paris indigné de ce qu'une énigme du Mercure se trouvait n'avoir point de mot |
ENJAMBER | Ce qui ne laisse pas d'être une énigme pour nous, et ce qui nous semble une négligence inexprimable dans un poëte aussi attentif et aussi habile qu'Horace à donner à ses vers lyriques tous les charmes de l'harmonie, c'est de voir, même dans les odes qu'il a divisées en quatrains, le sens enjamber à tout moment d'une strophe à l'autre sans qu'il ait cru devoir se donner aucun soin de les couper par des repos |
ENLACEMENT | Le sentiment de l'harmonie naît en partie de cet enlacement [des rimes] |
ENSEMBLE | En poésie, rien n'est beau que par les rapports des détails avec l'ensemble et de l'ensemble avec nous-mêmes |
ENSEVELI, IE | Combien de vérités utiles, froidement et négligemment énoncées, y seraient restées ensevelies, si l'éloquence n'était venue les retirer comme du tombeau ! |
ENTASSEMENT | L'entassement confus des mots et des phrases entrelacées |
ENTHOUSIASME | L'esprit de la secte stoïque fut l'enthousiasme de la vertu ; le génie de l'ancienne Rome fut l'enthousiasme de la patrie |
ENTHYMÈME | On peut même sous-entendre l'une des deux prémisses, lorsqu'elle est évidente ; c'est ce qui fait l'enthymème, syllogisme abrégé qui convient beaucoup mieux à un raisonnement rapide, et que préfère l'orateur lorsqu'il veut être véhément et pressant |
ENTRELACÉ, ÉE | Rimes artistement entrelacées |
ENTREMÊLER | L'histoire générale et les mémoires particuliers se communiquent et s'entremêlent toutes les fois que l'intérêt public et l'intérêt privé ont des rapports communs |
ENTRER | Lisez le règne de Tibère ou celui de Néron, ces deux terribles et longues tragédies dont Rome est le théâtre, et où Tacite a porté si loin l'art d'émouvoir : l'éloquence artificielle, le soin d'orner et d'agrandir n'y entre pour rien |
ENVERS | On a dit de la traduction qu'elle était comme l'envers de la tapisserie, cela suppose une industrie bien grossière et bien maladroite |
ENVERS | Les plus adroits, lorsqu'ils sont consultés, gardent sur les endroits critiques un silence mystérieux, ou prononcent, comme les oracles, en se ménageant par l'ambiguïté de leurs réponses les deux envers d'une opinion qu'ils laissent flotter jusqu'à l'événement, afin de ne jamais se compromettre |
ÉPIGRAMMATIQUE | Marot me semble à cet égard le plus ingénieux des poëtes épigrammatiques tant par la singularité que par la variété de ses petits dessins |
ÉPÎTRE | On attache aujourd'hui à l'épître l'idée de la réflexion et du travail, et on ne lui permet pas les négligences de la lettre |
ÉPOPÉE | C'est l'imitation, ou récit, d'une action intéressante et mémorable ; ainsi l'épopée diffère de l'histoire, qui raconte sans imiter ; du poëme dramatique, qui peint en action ; du poëme didactique, qui est un tissu de préceptes ; et des fastes en vers, qui ne sont qu'une suite d'événements sans unité |
ÉPUISÉ, ÉE | L'homme de génie est celui qui enfonce le soc de la charrue dans un terrain qu'on n'a qu'effleuré avant lui, et qui sait par là rendre fécond un sol que l'on croit épuisé |
ÉPUISEMENT | L'énumération exclusive, et que les mathématiciens appellent la preuve par épuisement |
ÉPUISER | Les premiers maîtres du théâtre avaient épuisé les combinaisons des caractères, des intérêts et des passions |
ESCALADE | Prague emportée d'assaut le 28 novembre 1631 par Jean George, électeur de Saxe, et par escalade le même jour 28 novembre 1741 par son arrière-petitfils |
ESPRIT | Un esprit élevé ne daigne apercevoir dans son objet que les rapports qui l'agrandissent |
ESPRIT | Cet esprit de tyrannie et d'oppression qui n'estime dans la fortune que le moyen d'acheter des esclaves, et dans l'autorité que le droit odieux de faire trembler ou gémir |
ESTROPIER | Voltaire dans ses derniers jours ne pouvait voir sans un véritable chagrin qu'on se permît ainsi d'estropier nos belles tragédies |
ÉTUDIER | Je suis bien persuadé que de tous les modèles celui que Massillon avait le plus étudié, c'était Racine |
EUMÉNIDE | Oreste, condamné par un Dieu à tuer sa mère, et, pour ce crime inévitable, tourmenté par les Euménides, n'est guère moins intéressant pour nous que pour les Athéniens |
EXAGÉRÉ, ÉE | Si l'on considère le nombre des traits qui caractérisent un personnage comique, on peut dire que la comédie est une imitation exagérée |
EXAGÉRER | L'action théâtrale étant privée de l'expression du visage, on s'efforça d'y suppléer par l'expression du geste, et l'immensité des théâtres obligea de l'exagérer |
EXCELLENCE | L'excellence de la musique est dans le chant, et la mélodie en est l'âme |
EXCEPTION | Il n'y a point d'exception à cette règle, que chacun doit parler d'après sa pensée |
EXCLUSIVEMENT | Voilà comme une théorie exclusivement attachée à la pratique des anciens donne les faits pour la limite des possibles, et veut réduire le génie à l'éternelle servitude d'une étroite imitation |
EXORDE | Cicéron, qui quelquefois s'est permis la raillerie dans ses harangues, ne laisse pas de demander que l'exorde soit grave et sentencieux |
EXPÉRIENCE | Ne songeons qu'à rendre utile et salutaire aux hommes cette expérience héréditaire que le présent dispose et lègue aux siècles à venir |
EXPOSER | Eschyle, inventeur de la tragédie, est peut-être de tous les poëtes grecs celui qui expose ses sujets de la manière la plus simple et la plus frappante |
EXPOSITION | L'art de l'exposition dramatique consiste à la rendre si naturelle qu'il n'y ait pas même le soupçon de l'art |
EXTRÊME | La noblesse et la dignité sont les décences du théâtre héroïque ; leurs extrêmes sont l'emphase et la familiarité |
EXTRÊME | La Fontaine est peut-être celui de tous les poëtes qui passe d'un extrême à l'autre avec le plus de justesse et de rapidité |
INCIDENT | Une intrigue nette et facile à nouer et à dénouer ; des caractères simples ; des incidents qui naissent d'eux-mêmes ; des tableaux variés |
M | Pour le B, la lèvre supérieure prend son appui au-dessous de l'inférieure ; et pour l'M les deux lèvres, d'un mouvement égal, ne font que s'unir et se détacher |
MAGISTRATURE | La magistrature est encore parmi nous l'ordre de la société où les moeurs sont les plus sévères |
MAJESTÉ | On a pris pour de la majesté la pesanteur des vers qui se tiennent comme enchaînés deux à deux, et qui se retardent l'un l'autre ; mais la majesté consiste dans le nombre, le coloris, l'éclat et la pompe du style |
MAL, ALE | C'est une idée assez heureuse pour exprimer la crainte des maux d'imagination que l'allégorie d'un enfant qui souffle en l'air des boules de savon, et qui, s'effrayant de leur chute, inspire la même frayeur à une foule d'autres enfants, sur qui ces boules vont retomber |
MALAISE | Les climats froids produiront des hommes moins ardents que d'autres, mais plus laborieux, plus actifs, plus vigoureux par leur complexion, plus entreprenants par l'impulsion du malaise |
MALICIEUX, EUSE | Qu'il ne leur est permis de se montrer sensibles qu'avec délicatesse, instruites qu'avec modestie, passionnées qu'avec pudeur, malicieuses qu'avec l'air d'un badinage innocent et léger |
MANIER | Comme, pour manier avec grâce un style naïf, il faut être naïf soi-même |
MANIÈRE | De la tournure habituelle de son esprit comme des affections habituelles de son âme, résulte encore, dans le style de l'écrivain, un caractère particulier que nous appelons sa manière ; et celle-ci lui est naturelle |
MANIÈRE | Les Mondes de Fontenelle sont un modèle dans ce genre ; il y a peut-être un peu de manière ; mais cette manière ingénieuse n'est ni celle de Pluche ni celle de Bouhours |
MANIÉRÉ, ÉE | Lamotte était moins étudié que Fontenelle dans sa prose ; mais, dans ses fables, toutes les fois qu'il a voulu être naïf, il a été maniéré |
MASCULIN, INE | Métastase n'a presque point d'airs dont les deux parties ne se reposent sur un vers masculin |
MÂT | Le peintre Vernet, sur un vaisseau battu d'une horrible tempête, s'étant fait attacher au mât, et tout occupé à dessiner le mouvement des vagues, leurs replis, leur écume et les feux de la foudre |
MÉDIUM | Cicéron observe que chaque voix a son médium, et que c'est dans ce ton moyen que l'orateur doit commencer, pour s'élever ensuite ou s'abaisser selon que le demandent l'accent de la nature et celui de la langue |
MÉLOPÉE | La musique s'est proposé de peindre ; l'oreille lui a demandé l'harmonie, la mesure et le mouvement ; la musique a obéi à l'oreille : d'où la mélopée |
MÉMOIRE | La première place entre les mémoires expressément écrits pour servir à l'histoire me semble due à ceux de Commines, pour leur solidité, leur ingénuité et leur vérité lumineuse |
MERVEILLEUX, EUSE | Le merveilleux naturel est pris, si je l'ose dire, sur la dernière limite des possibles.... le merveilleux surnaturel est l'entremise des êtres qui, n'étant pas soumis aux lois de la nature, y produisent des accidents au-dessus de ses forces, ou indépendants de ses lois |
MESURE | Les vers de mesure inégale, bien assortis dans les poésies familières, en font l'harmonie et le charme |
MÉTAMORPHOSE | Toutes ces honteuses métamorphoses de l'ambition et de l'intérêt, qui donneront toujours assez d'exercice à l'éloquence |
MÉTAPHYSIQUE | Qu'on ne confonde pas l'esprit métaphysique avec l'esprit philosophique |
MÈTRE | Dans le conte charmant des Trois manières, le même poëte [Voltaire] a employé avec choix trois mètres différents, et analogues aux caractères des personnages et des sujets |
MOUILLÉ, ÉE | Le mouillé faible de l'l, exprimé par ce caractère y, et dont nous avons fait une voyelle, parce qu'il est consonne vocale, est la plus délicate de toutes ses articulations |
NAÏVETÉ | Si l'ingénuité se caractérise par des traits qu'on aurait en soi-même intérêt à déguiser et qui nous donne quelque avantage sur celui auquel ils échappent, on la nomme naïveté ou ingénuité naïve |
NASAL, ALE | Le son nasal, de sa nature, ressemble au retentissement du métal |
NATURE | La nature n'est point avare, la nature n'est point prodigue, la nature ne s'épuise point : ce sont des mots vides de sens |
NATURE | Les dieux d'Homère sont des hommes plus grands et plus forts que nature, soit au physique, soit au moral |
NATURELLEMENT | Comment faire parler naturellement un villageois, un homme du peuple, sans blesser la délicatesse d'un homme poli, cultivé ? |
NERF | Cicéron, à qui l'on reprochait d'être flatteur et de manquer de nerf, n'était que ce qu'il fallait être pour persuader les Romains |
NOBLE | Quelle est donc la marque infaillible pour savoir si, dans les anciens, un tour, une image, une comparaison, un mot est noble ou ne l'est pas ? |
NOMBRE | Dans l'éloquence du barreau, cette recherche curieuse et continuelle du nombre serait nuisible à l'éloquence ; il ne doit ni en être exclus, ni trop y dominer, surtout dans les endroits pathétiques |
NOTE | Les notes de Voltaire sur les tragédies de Corneille sont les oracles du bon goût et les plus précieuses leçons de l'art pour les poëtes dramatiques |
NOURRICE | La mémoire est la nourrice du génie ; pour peindre le malheur, il n'est pas besoin d'être malheureux, mais il est bon de l'avoir été |
NOUS | Dire nous, quoiqu'on ne soit qu'un, lorsque celui qui parle est un souverain ou une personne constituée en dignité, et qu'elle fait un acte solennel de sa volonté ou de son autorité : usage qui, je crois, prit naissance chez les empereurs romains, lorsqu'ils faisaient semblant de prendre conseil du sénat, et d'exprimer dans leurs édits une volonté collective |
NOUS | Je demande pourquoi, dans un écrit qui est l'ouvrage d'un seul homme, l'auteur, en parlant de lui-même, se croit obligé de dire nous |
NUANCE | Ces secrets du penchant retenus et trahis par la tendresse du sourire, par l'éclair échappé d'un timide regard, mille nuances fugitives dans l'expression des yeux et des traits du visage sont l'éloquence de la beauté |
NUANCÉ, ÉE | Dans l'École des femmes, l'imbécillité d'Alain et de Georgette, si bien nuancée avec l'ingénuité d'Agnès |
OBJET | Qu'on ne dise plus que les grands objets manquent à l'éloquence, mais bien plutôt que l'éloquence manque le plus souvent aux grands objets qui la demandent, qui l'appellent, qui l'invoquent de toutes parts |
OBJURGATION | Le reproche, l'objurgation, la honte, la vue de l'opprobre.... |
OBSCUR, URE | Que le poëte se ménage avec soin des passages du clair à l'obscur, du gracieux au terrible ; mais que cette variété soit harmonieuse, et qu'elle ne prenne jamais rien sur l'analogie du lieu de la scène avec l'action qui doit s'y passer |
OEIL | L'oeil est le sens de la beauté physique, et l'oreille est par excellence le sens de la beauté intellectuelle et morale |
OMBRE | Un même caractère a aussi ses traits d'ombre et de lumière qui s'embellissent par leur mélange |
ONCTUEUX, EUSE | De là cette éloquence onctueuse et insinuante de Massillon qui entraîne moins qu'elle n'attire |
ONDULATION | Il est bien vrai aussi qu'après s'être rapproché du ton de la conversation, l'orateur et le poëte doivent se relever ; mais c'est en cela que consistent ces belles ondulations du style qui, comme je l'ai dit, lui donnent de la souplesse, de la variété et du naturel, sans en dégrader la majesté |
OPPORTUN, UNE | Instabilité devait-il être plus heureux qu'instable ? et importun plus heureux qu'opportun ? |
OPPOSÉ, ÉE | On aime surtout à voir dans les vieillards les vertus opposées aux défauts qu'on leur attribue |
OPPOSITION | Le comique français, dont le théâtre anglais s'est enrichi, autant que l'opposition des moeurs a pu le permettre |
ORAISON | L'impression que font sur les âmes de grands exemples retracés avec une vive éloquence, sont les principes d'utilité sur lesquels a été fondé dans tous les temps l'usage des oraisons funèbres : il fut institué chez les Grecs par Solon, chez les Romains par Valérius Publicola |
ORATOIRE | Tout ce qui dans la description oratoire n'intéresse que l'imagination, est superflu et vicieux ; un modèle de ce genre est la description du supplice de Gavius dans la cinquième des Verrines |
ORATORIO | Ces drames sont en petit ce que sont en grand, sur nos théâtres, Athalie, Esther et Jephté ; on les appelle oratorio ; et Métastase en a donné des modèles admirables, dont le plus célèbre est, avec raison, le Sacrifice d'Abraham |
ORDONNÉ, ÉE | Les événements particuliers dont la rencontre semble ordonnée par une puissance supérieure |
OSCILLATION | Les révolutions de l'âme, ou ses oscillations d'un mouvement à l'autre, peuvent être naturellement redoublées, et par conséquent le retour de la première partie de l'air [en musique] peut avoir lieu plus d'une fois |
PAGE | La Bruyère s'est amusé à écrire une page dans le style de Montaigne ; et il l'a très bien imité |
PAIR, AIRE | Dès lors il ne fut plus question du choeur en intermède, jusqu'à l'Athalie de Racine, pièce unique dans son genre et absolument hors de pair |
PÂLIR | Je crains bien moins ceux qui rougissent que ceux qui pâlissent, disait César ; celui qui aura rougi de colère sera véhément dans sa narration ; celui qui aura pâli d'horreur, sera terrible dans ses peintures |
PAPILLOTAGE | Un mélange continuel le couleurs tranchantes fatigue l'imagination comme les yeux ; l'art d'éviter ce papillotage est d'observer les gradations, et, par des nuances légères, de joindre l'harmonie à la variété |
SAISIR | La peinture saisit son objet en action, mais ne le présente jamais qu'en repos |
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