Définition de LIE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : lie

DÉFINITIONS

1
Ce qu'il y a de plus grossier dans une liqueur et qui va au fond.
Avant qu'aller si vite, au moins je le supplie Savoir que le bon vin ne peut être sans lie
La coupe où nous buvons a toujours une lie
Sémantique : Fig. Boire le calice jusqu'à la lie, souffrir une humiliation, une douleur, un malheur dans toute son étendue.
Il a bu jusqu'à la lie le calice de la passion, il n'en a jamais laissé perdre une seule goutte
Ils boivent jusqu'à la lie toute l'amertume de leur calice
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Myst. Soum.
Quoi ! du calice amer d'un malheur si durable Faut-il boire à longs traits la lie insupportable ?
Souvent las d'être esclave et de boire la lie De ce calice amer que l'on nomme la vie
Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie Ce calice mêlé de nectar et de fiel : Au fond de cette coupe où je buvais la vie, Peut-être restait-il une goutte de miel
On a dit dans un sens analogue : tirer jusqu'à la lie.
Je veux parler aussi de Mme la duchesse de la Vallière : la pauvre personne a tiré jusqu'à la lie de tout, elle n'a pas voulu perdre un adieu ni une larme
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans au comte de Guitaut, avril 1674
Sémantique : Fig.
Ne faut-il pas avoir avalé jusqu'à la lie le breuvage d'assoupissement que boivent les prophètes de mensonge, et s'en être enivré jusqu'au vertige, pour annoncer au monde de tels prodiges ?
Sémantique : Fig. La lie, la décadence du corps et de l'esprit dans la vieillesse.
Pour moi, je ne suis plus bonne à rien ; j'ai fait mon rôle, et, par mon goût, je ne souhaiterais jamais une si longue vie ; il est rare que la fin et la lie n'en soit humiliante
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à M. de Moulceau, 10 janv. 1696
Ah ! ma bonne, que la lie de l'esprit et du corps [la décadence de la vieillesse] est humiliante à soutenir !
Je le [Dieu] remercie de l'envie qu'il me donne de m'y préparer [à la mort] tous les jours, et même de ne pas souhaiter de tirer jusqu'à la lie
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans ib. le jour des Rois 1687
Il faut épargner le temps de la jeunesse ; celui qui reste au fond n'est pas seulement le plus court, mais le plus mauvais et comme la lie de tout l'âge
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Pensées chrét. et mor. 31
Sémantique : Fig. Boire la lie de son vin, accepter les inconvénients pour les avantages.
Notre position, qui était si heureuse, est devenue tout à fait désagréable ; il faut quelquefois savoir boire la lie de son vin
2
Lie de vin, composé de couleur rouge qui se sépare du vin et se dépose dans les vases où il est contenu.
Thespis fut le premier qui, barbouillé de lie, Promena par les bourgs cette heureuse folie [la tragédie]
Nos fils bien gras, bien dispos, Naîtront parmi les pots, Le front taché de lie
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Grande orgie.
Sorte de couleur d'un rouge foncé. Il porte à la face une tache couleur de lie de vin, ou couleur lie de vin, ou, simplement, une tache lie de vin.
3
Sémantique : Fig. La lie du peuple, la plus vile et la plus basse populace.
Bien que cette partie [les manouvriers] soit composée de ce qu'on appelle mal à propos la lie du peuple, elle est néanmoins très considérable par le nombre et par les services qu'elle rend à l'État
de VAUBAN dans Dîme, p. 90
Je ne suis pas d'une famille noble de Murcie, mais je ne suis pas non plus de la lie du peuple
Il n'y a point de lie aux yeux de Dieu ; devant lui tous les hommes sont égaux
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pyrrhon. hist. ch. 28
La lie du genre humain, la lie des nations, les hommes les plus corrompus, des hommes très vils et très méchants.
Des malheureux, la lie et l'opprobre des villes
Dans la lie et la corruption de nos temps modernes

HISTORIQUE

1
XIIe s.
E il exoït [entendit] les meies preieres [mes prières], e forsmenat [tira] mei de la fosse de miserie e de palu de lie
dans Liber psalm. p. 52
2
XIIIe s.
Uster [ôter] le chantel de leur tonniax et la lie vuider
dans Liv. des mét. 306
Et li rois respondi que il n'avoit de quoy, et que il n'avoit si bon tresor dont il ne feust à la lie
3
XIVe s.
Pain et iauwe manguant, sans boire vin sour lie
dans Baud. de Seb. VI, 95
4
XVe s.
Quant compaignons sont desbauchez, Ilz ne cerchent que compaignie ; Plusieurs ont leurs vins vendangez, Et beu quazy jusque à la lie
de François de Montcorbier, dit VILLON dans la Repue de Montfaucon.
5
XVIe s.
Non seulement le peu mais encore le pire demeure auprès de la lie
de BOUCHET dans Serées, liv. III, p. 161, dans LACURNE
Ceux que la peur a revoltez Diffameront tes veritez, Comme faict l'ignorante lie

ÉTYMOLOGIE

1
Wall. lize ; bas-lat. fecla sive lias vini, dans un manuscrit de Bambert du Xe siècle, f° 17, recto ; angl. lees au pluriel. Origine inconnue. On a indiqué le bas-breton li, lie, de léit, vase, boue. Scheler parle du gothique ligan, frison liga, angl. to lie, être gisant, qui aurait donné lie, comme sedere a donné sédiment. Il indique aussi le latin lix, cendre, lessive, qui, produisant une forme rustique, liqua ou lica, aurait produit aussi lie. Jusqu'à présent, on n'a que des hypothèses. Le mot est très ancien, puisqu'il se trouve dans un manuscrit du Xe siècle.

Synonymes de LIE

Phonétiquement proche de LIE