Définition de USURPER
Prononciation : u-zur-pé
DÉFINITIONS
1
S'emparer, par violence ou par ruse, des biens, de la dignité, du titre d'un autre.La Rapinière était dans une maison à deux lieues de là, qu'il avait usurpée sur une pauvre veuve
de Paul SCARRON dans Rom. com. II, 13
Il usurpe une autorité que Dieu ne lui a pas donnée
de Blaise PASCAL dans Prov. XI
Dédaignant les trônes qui peuvent être usurpés, elle attacha son affection au royaume où l'on ne craint point d'avoir des égaux
La force nous est donnée pour conserver notre bien, et non pas pour usurper celui d'autrui
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 6
Huit ans déjà passés, une impie étrangère Du sceptre de David usurpe tous les droits
de Jean RACINE dans Athal. I, 1
L'impie Achab détruit, et de son sang trempé Le champ que par le meurtre il avait usurpé
de Jean RACINE dans ib. I, 1
De nos plaideurs manceaux les maximes m'étonnent : Ce qu'ils n'usurpent pas, ils disent qu'ils le donnent
de DUFRÉNY dans Réconcil. norm. I, 5
Le père de Charlemagne usurpa les Gaules sur les rois francs ; les gouverneurs sous la race de Charlemagne usurpèrent tout ce qu'ils purent
Cilon, allié de Théagène, tyran de Mégare, forma le projet d'usurper la tyrannie, et se rendit maître de la citadelle
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Hist. anc. I, 16
Sémantique : Fig.
C'est moi qui trouble votre repos, qui usurpe votre liberté, qui ne veut pas que vous ayez du loisir
Venez, venez, madame, Faire voir quel pouvoir j'usurpe sur votre âme
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. III, 3
Dans le calme odieux de sa sombre paresse, Tous les honteux plaisirs, enfants de la mollesse, Usurpant sur son âme un absolu pouvoir, De monstrueux désirs le viennent émouvoir
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épît. X
2
Sémantique : Fig. Obtenir quelque chose par fraude, sans droit légitime. Usurper la réputation, la gloire, l'estime.Il défendait les découvertes d'autrui contre ceux qu'il soupçonnait de vouloir les usurper ou les nier
de Marie-Jean Antoine Caritat, marquis de CONDORCET dans Bertin.
3
Nature : V. n. Usurper sur, s'emparer au détriment de.... Vous usurpez sur mes droits.Moins le gouvernement peut usurper sur le souverain....
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Contr. III, 8
Ce laboureur tâche toujours d'usurper sur ses voisins, d'accroître son terrain en poussant sa culture sur la leur.
HISTORIQUE
1
XIVe s.La commune renommée disoit qu'il vouloit usurper et avoir le royaume
de Pierre BERCHEURE dans f° 30, recto.
2
XVIe s.On ne doit nullement souffrir qu'en s'usurpant faussement l'honneur, ils violent la sainte institution de Jesus-Christ
de Jean CALVIN dans Instit. 875
Pour un mot il ne faudroit point esmouvoir noise, encore qu'il fust mal usurpé [employé]
de Jean CALVIN dans ib. 1163
Nous usurpons si volontiers sur la maistrise...
de Michel de MONTAIGNE dans I, 59
Les privileges fantastiques que l'homme s'est usurpé, de ...
de Michel de MONTAIGNE dans II, 235
Il y en a aucuns qui, à faulses enseignes, usurpent le nom d'historiens
de Jacques AMYOT dans Préf XII, 39
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. et espagn. usurpar ; ital. usurpare ; du latin usurpare, proprement s'emparer par l'usage, par la possession, sans droit à l'acquisition, de usus, possession par usage, et rapere, ravir, par l'intermédiaire d'une forme, telle que usurapus.