Définition de MOUILLER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : mou-llé, ll mouillées, et non mou-yé

DÉFINITIONS

1
Rendre humide. Mouiller des étoffes. La pluie avait mouillé les chemins.
Nature : Absolument. Le brouillard mouille beaucoup.
Sémantique : Terme de marine. Mouiller les voiles, les arroser par un temps sec.
2
Sémantique : Terme de jardinage. Arroser les plantes d'un jardin. Il faut mouiller ce nouveau plant.
3
Mouiller quelqu'un, quelque chose de larmes, pleurer abondamment sur quelqu'un, sur quelque chose.
Elle m'appela, m'embrassa et mouilla toute de ses larmes
Je mouille devant lui [Dieu] de larmes criminelles Ces lieux où tu m'as dit qu'il choisit son séjour
Mouiller les yeux, se dit des larmes qui coulent des yeux.
Amis, je vois les pleurs qui mouillent vos visages
Mouiller les yeux de larmes, faire pleurer.
Tu t'arrêtes, et ma souffrance Semble mouiller tes yeux de pleurs
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Prisonnier.
Mouiller les lèvres, tremper légèrement ses lèvres dans un liquide.
Cette coupe [l'espérance] où tant de misérables s'estimeraient heureux de mouiller un instant leurs lèvres
4
Sémantique : En termes de cuisine, ajouter un liquide à une sauce, à un plat. Mouiller une fricassée avec du bouillon.
5
Sémantique : Terme de marine. Mouiller l'ancre, ou, par ellipse, mouiller, jeter l'ancre ou les ancres. Trente-trois galères qui ont mouillé l'ancre et qui sont rangées sous la grande forteresse, Lett. de du Quesne, 1681, dans JAL.
Des îles Canaries où il [Colomb] mouilla, il ne mit que trente-trois jours pour découvrir la première île de l'Amérique
À six heures et demie, les vents refusant de plus en plus et la marée contraire étant assez forte, nous mouillâmes une ancre....
de BOUGAINV. dans Voyage, t. II, p. 288, dans POUGENS
Vers deux heures du matin, Villeneuve, qui s'était borné à mouiller une ancre, profita du vent, et reprit sa direction vers l'ouest
de THIERS dans Hist. du consulat, l. XX
Sémantique : Par métonymie. Mouiller un vaisseau, jeter l'ancre ou les ancres d'un vaisseau. Être mouillé, avoir jeté l'ancre.
Ils étaient mouillés en ligne, à portée de terre, les Espagnols au milieu
dans Mém. de Villette, 1676, dans JAL
Mouille, commandement que l'on fait lorsqu'on veut que l'ancre tombe et aille se fixer au fond de la mer.
Mouiller sur la bouée d'un navire, mouiller très près de lui.
Mouiller en affourchant, jeter deux ancres, l'une à bâbord, l'autre à tribord.
Mouiller en patte d'oie, mouiller avec trois ancres disposées de telle manière que leurs câbles roidis forment comme trois doigts de la patte d'une oie.
Mouiller en barbe de chat, mouiller un navire sur deux ancres, dont les câbles font avec le nez du navire des angles analogues à ceux que font les barbes avec le nez du chat, JAL.
Mouiller en croupière, jeter une ancre du côté de la poupe.
Sémantique : Ironiquement. Mouiller avec la quille, toucher et rester échoué.
6
Sémantique : Terme de grammaire. Mouiller les ll, les deux ll, les prononcer comme dans paille, seuil, piller, etc.
Mouiller gn, le prononcer comme dans agneau.
7
Se mouiller, Nature : v. réfl. Être mouillé. Il se mouilla et s'enrhuma.
C'est se plonger dans l'eau de peur qu'on ne se mouille
de LAMOTTE dans Fabl. II, 14
Mes yeux se mouillèrent en chemin
Sémantique : Terme de grammaire. Être prononcé mouillé. Le deux ll se mouillent dans famille.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Tuz l'escarnissent [le raillent], sil tenent pur bricun [un misérable], L'egue li getent, si moilent sun lincol [linceul, linge]
dans St. Alexis, LIV
2
XIIe s.
En haute tour se siet bele Isabel ; De larmes [elle] moille le lai [lé] de son mantel
dans Romanc. p. 70
3
XIIIe s.
Les rives sont mouillées, et les chevaus leur cheent [tombent] sur les cors et les noient
La terre meïsmes s'orgoille Por la rousée qui le moille, Et oublie la poverté Où ele a tot l'yver esté
dans la Rose, 56
Il avoient sorti que chil qui passeroit cest fleuve sans moillier seroit trente ans sires de la tierre
de H. DE VALENC. dans XIV
4
XIVe s.
Et s'il est que desconfis soies, Et que tes gens mors et pris voies, Jà soit ce que li cuer t'en dueille, Garde que ton oeil ne s'en meuille
de MACHAUT dans p. 110
5
XVe s.
Or dit qu'elle vient du marchié, Or dit qu'elle a partout cerchié.... Or dit que trop souvent se mouille Pour le proufit de sa maison
de Eustache DESCHAMPS dans Miroir de mariage, p. 70
Quiconque veut travailler, Faut tenir la gorge nette, Et bien souvent la mouiller
de BASSEL. dans XXVII
6
XVIe s.
Ne tirons pas au doigt mouillé Pour jouer à cligne-musette
de BAÏF dans Passe-temps II, Aventures.
S'il avient une année fort mouillée, le dit fruit sera fade
de Bernard PALISSY dans 32
Qui se garre dessous la feuille, deux fois se mouille
de COTGRAV. dans
Se couvroit d'un sac mouillé

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, moillier ; provenç. muelhar, molhar, moillar, mular ; cat. muelar ; esp. mojar ; port. molhar ; du lat. fictif molliare, dérivé de mollis (voy. MOU 1) : ce qui mouille rendant mou.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
XVIe s. Ajoutez :
Je mouille, je humette, je boy, et tout de paour de mourir

Synonymes de MOUILLER

Termes proches de MOUILLER