Définition de ROUILLER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : rou-llé, ll mouillées, et non rou-yé

DÉFINITIONS

1
Produire de la rouille sur un corps. L'humidité rouille le fer.
Sémantique : Fig.
Sur nos fers qu'il rouille Le temps écrit l'âge d'un vin si doux
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Escl. gaul.
2
Produire sur les végétaux la maladie dite rouille. Un temps humide et froid a rouillé nos blés.
On dirait qu'en ces jours où l'automne décline, Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt
3
Sémantique : Fig. En parlant des facultés de l'esprit, altérer, faute d'exercice. L'oisiveté rouille l'esprit.
Je trouvai mon ami Florbel attristé et moins aimable ; le commerce d'une femme sans usage du monde, sans instruction et dépourvue d'esprit, l'avait rouillé
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Parvenus, t. III, p. 237, dans POUGENS
Nature : Absolument.
Rien ne rouille promptement comme le vin, lorsqu'on s'y abandonne sans réserve
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mères riv. t. II, p. 14, dans POUGENS
4
Se rouiller, Nature : v. réfl. Contracter de la rouille.
Le fer et l'airain, n'étant plus polis par les cyclopes, commençaient à se rouiller
Le fer.... attire l'humide de l'air, s'en pénètre et se rouille, c'est-à-dire se convertit en une espèce de terre sans liaison, sans cohérence
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. min. introd. Oeuv. t. VII, p. 94
Sémantique : Par extension.
Quelle peine a-t-on d'arracher une aumône à cet homme, dont l'argent, soigneusement accumulé, se rouille presque dans ses coffres ?
Sémantique : Fig.
Ces armes [des arguments] se rouillèrent quand on ne combattit plus
Avec ellipse du pronom personnel.
[Mon bisaïeul] ....Laissant rouiller sa cuirasse, Joua noblement tous les jeux
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Enf. de b. maison.
5
Sémantique : Fig. Perdre son activité, sa force, oublier ce qu'on sait.
Oisif en ta maison se rouille ton courage
Quoique Bondin [un médecin] aimât son métier, il s'y rouilla tout à fait, parce qu'il ne prenait plus la peine de voir ses malades
Cette méthode [relire les bons livres] rafraîchit la mémoire, et empêche le goût de se rouiller
Mme du Deffant, 15 mars 1769 Dites moi si l'allemand [Voltaire écrit de Potsdam] a gâté mon français, et si je me suis rouillé comme Rousseau
Irais-je, accompagné d'une femme importune, Me rouiller dans ma terre et borner ma fortune ?
Lisons tant que nos yeux nous le permettront, et tâchons d'être au moins les égaux de nos enfants ; plutôt s'user que se rouiller
Avec ellipse du pronom personnel.
Il n'est que trop commun de rencontrer dans le monde des personnes de trente ans qui ont laissé rouiller de beaux talents
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Emploi du temps, p. 29, dans POUGENS

HISTORIQUE

1
XVIe s.
.... Cest aage de fer, de vices tout rouylé
Si on laisse le corps rouiller et durcir par le mal gouverner....
Pour ce, estranger, la richesse mesprise, Ne rouille point ton coeur de convoitise
Les armes se rouillent, si elles ne sont souvent nettoyées
[Un homme] entré en desespoir, n'ayant aultre chose à se tuer, se saisit d'un vieux clou de charrette rouillé
de Michel de MONTAIGNE dans II, 128

ÉTYMOLOGIE

1
Rouille ; prov. roillar, roilhar, rouelar.

Synonymes de ROUILLER

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