Définition de ENRACINER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : an-ra-si-né

DÉFINITIONS

1
Faire prendre racine à. Enraciner un arbre.
La joubarbe, la menthe et ces fleurs parasites Que la pluie enracine aux parois décrépites
de Alphonse de LAMARTINE dans Joc. VI, 222
2
Sémantique : Fig. Fixer par des attaches morales comparées à des racines.
Ces tendres sentiments Que l'amour enracine au coeur des vrais amants
de Pierre CORNEILLE dans Tois. d'or, III, 3
L'inclination au bien sensible est née avec nous ; nous l'avons enracinée jusque dans nos moelles, si je puis parler de la sorte, par nos attachements criminels et nos mauvaises habitudes
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 2e serm. pour le jour de Pâques, 1
Le tribunal des commissaires est odieux à la nation ; c'est un préjugé qu'on a enraciné dans les esprits par les études
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Mém. sur la voie de procéd. contre les huit prélats, III
Je n'insulterai pas à ces préventions Que le temps enracine au coeur des nations
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Irène, v, 2
Partout où la monarchie est illimitée, il n'y a point et il ne saurait y avoir de liberté ; il y a tout au plus des repos momentanés qui produisent une sécurité funeste, enracinent l'obéissance passive et ne garantissent en aucun sens le peuple et les individus
de MIRAB. dans Lett. de cachet, I, 8
3
S'enraciner, Nature : v. réfl. Prendre racine. Les plantes marines s'enracinent sur les sables et sur les rochers.
Sémantique : Fig. Se fixer par des attaches morales. On a vu s'enraciner cette coutume bizarre.
Fais que par là ma foi d'autant mieux s'illumine ; Que par là mon espoir d'autant mieux s'enracine En ta haute bonté
de Pierre CORNEILLE dans Imit. IV, 14
La tristesse, l'ennui, les regrets, le désespoir sont des douleurs peu durables qui ne s'enracinent jamais dans l'âme, et l'expérience dément toujours le sentiment d'amertume qui nous fait regarder nos peines comme éternelles
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. III, 22
Avec suppression du pronom personnel. Laisser enraciner les abus.

REMARQUE

1
L'Académie donne ce verbe seulement comme réfléchi ; mais l'actif est appuyé sur de très bonnes autorités.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Gens si ahers [attachés] et si enracinez ens terriens solas et ens corporiiens, qu'il departir ne s'en puyent [peuvent]
de ST BERN. dans p. 522
2
XIIIe s.
Dame, tuit li bien sont changié, Et tuit li mal sont essaucié Et enraciné et repris
dans Lai du conseil
Pense d'aillors enraciner Les entes où tu vues [veux] fruit prendre
dans la Rose, 11196
3
XIVe s.
Puis c'orgieux [orgueil] ou [au] cuer s'enracinne
de J. DE CONDET dans p. 107
Le cep de vigne qui sera planté et de longtemps enraciné
dans Ménagier, II, 2
4
XVIe s.
Il n'y a que les eleus ausquels il face ce bien d'enraciner la foy vive en leur coeur
de Jean CALVIN dans Instit. 427
Une haine qu'il avoit enracinée en son coeur et une rancune envieillie à l'encontre des Romains
de Jacques AMYOT dans Flamin. 44

ÉTYMOLOGIE

1
En 1, et racine ; provenç enrazigar, enraigar.

Synonymes de ENRACINER

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