Définition de DETTE

DÉFINITIONS - PROVERBES - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : dè-t'

DÉFINITIONS

1
Ce qu'on doit à quelqu'un. Être criblé de dettes. être noyé de dettes, avoir des dettes par-dessus la tête, devoir beaucoup plus qu'on n'a vaillant.
Eh bien ! je prends sur moi la dette tout entière
de François L'Hermite, sieur du Soliers, dit TRISTAN L'HERMITE dans Mort de Chrispe, I, 3
Un tas d'hommes perdus de dettes et de crimes
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, V, 1
Je dis une vérité sur le malheur d'avoir des dettes : ceux qui nous pressent sont pressants ; ceux qui ne nous pressent pas le sont encore davantage
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 591
Je veux premièrement qu'on acquitte mes dettes
de Jean-François REGNARD dans Légat. IV, 6
Affranchissez-les tous de la dette usuraire Dont vos cruels secours accablent leur misère
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Gracques, II, 3
Dettes criardes, sommes dues à des ouvriers, à de petits marchands, à des fournisseurs de tous les jours, et qui sont réclamées avec insistance.
Dettes d'honneur, dettes contractées sur l'honneur, et, particulièrement, dettes de jeu (les dettes de jeu étant ainsi nommées parce qu'on ne peut les faire valoir en justice).
Mes dettes de Venise, dettes d'honneur, si jamais il en fut, me pesaient sur le coeur
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. VII
Dette véreuse, celle dont le remboursement n'est pas sûr.
2
Sémantique : Terme de jurisprudence. Dette privilégiée, celle pour laquelle on a un privilége, de sorte qu'elle est payée avant toutes les autres.
Dette réelle, dette à laquelle on n'est tenu qu'à raison d'un immeuble que l'on détient. Dette propre, celle à laquelle l'un des conjoints est tenu sur ses biens personnels.
Avouer une dette, avouer la dette, nier, désavouer la dette, convenir, nier qu'on doit la somme dont il est question.
Sémantique : Fig. Avouer la dette, nier la dette, avouer une chose qu'on voudrait cacher, la nier.
La princesse : Non je ne puis souffrir qu'il soit heureux avec une autre, et, si la chose était, je crois que j'en mourrois de déplaisir. - Moron : Ma foi, madame, avouons la dette, vous voudriez qu'il fût à vous
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans la Princ. d'Élide, IV, 5
Parlons à coeur ouvert, et confessons la dette : Je suis un peu coquet, tu n'es pas mal coquette
de Jean-François REGNARD dans le Distr. IV, 3
J'en fais ma dette, je m'en rends caution.
Dette hypothécaire, dette garantie par hypothèque.
Dettes actives, celles dont on a le droit d'exiger le payement ; dettes passives, celles qu'on est obligé de payer.
3
Sémantique : Terme de finances. Dettes publiques, les sommes que l'État a empruntées et pour lesquelles il paye un intérêt annuel nommé rente.
Il est étonnant, mais il est vrai, que cette immense dette [2 600 000 000, à la fin de Louis XIV] n'aurait point été un fardeau impossible à soutenir, s'il y avait eu alors un commerce florissant, un papier de crédit établi, et des compagnies solides qui eussent répondu de ce papier comme en Suède, en Angleterre, à Venise et en Hollande
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Louis XIV, 30
Les dettes publiques ont, de l'aveu de tous les hommes éclairés, sensiblement affaibli les Provinces-Unies et altéré la félicité générale par l'augmentation progressive des impôts dont elles ont été la source
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. philos. II, 26
Le poids de la dette publique pesait sur les contribuables de manière à attaquer tous les moyens de reproduction
de MONTESQUIOU dans Rapport, 27 août 1790, p. 1
La dette arriérée dont vous avez ordonné la liquidation
de MONTESQUIOU dans ib. p. 5
La dette constituée, tant perpétuelle que viagère, dont 3 522 694 livres seraient éteints par le remboursement de la dette exigible
dans ib. p. 7
Dette flottante, la partie de la dette publique qui se compose d'emprunts momentanés remboursables dans des termes assez rapprochés. Les bons du trésor font partie de la dette flottante.
Dette consolidée, l'ensemble de la dette qui se trouve inscrite au grand-livre.
M. de la Place a demandé une explication sur le sens de l'expression dette consolidée, employée pour la première fois depuis 1814, Disc. de la loi du 10 juin 1833
de DUVERGIER dans Collect. des lois, t. XXXIII, p. 196, note 1
4
Prison où les créanciers font détenir leurs débiteurs. Il est à la dette.
5
Sémantique : Fig. Tout devoir dont l'accomplissement est indispensable. Acquitter la dette de la reconnaissance. La dette que nous contractons envers nos parents.
Payer sa dette à la patrie, se dit du jeune homme qui entre au service militaire, ou bien de l'homme qui, se mariant, donne des enfants au pays.
[Il] .... cesse de devoir quand la dette est d'un rang à ne point l'acquitter qu'aux dépens de son sang
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. I, 1
Si vous lui devez tant, ne me devez-vous rien ? Et lui faut-il payer vos dettes de mon bien ?
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. II, 2
À présent que la gratitude Ne peut passer pour dette en qui s'est acquitté
de Pierre CORNEILLE dans Agésil. V, 7
Elle rend cette dette volontiers
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Char. frat. 2
Les Juifs oublièrent que sa bonté seule [de Dieu] les avait séparés des autres peuples, et regardèrent sa grâce comme une dette
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 5
Si la modération est une vertu, l'exécution des lois est une dette et une justice
de Honoré Gabriel Riqueti, comte de MIRABEAU dans Collection, t. III, p. 15
Payer sa dette à la nature, payer la dette de la nature, mourir.

PROVERBES

1
Exemple : Cent ans de chagrin ne payent pas un sou de dettes, ou le chagrin ne paye point les dettes, c'est-à-dire se chagriner d'une dette ne sert à rien, il faut s'évertuer pour la payer.
2
Qui paye ses dettes s'enrichit.
3
Qui épouse la veuve épouse les dettes.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
E tote la dette real e ço que est à venir au rey de dete des ore en avant, je te pardoing
dans Machab. I, 15
Cil sevent la deite e l'onor Qu'il [Dieu] quiert, qu'il volt que l'om li face
de Benoît de Sainte-Maure dans I, V. 204
De mil soupirs que je lui doi par dete
dans Couci, VI
2
XIIIe s.
Tere [il] avoit bien cinq cens livrées, Se toutes fuissent delivrées De detes et d'assenemens
dans Bl. et Jeh. 59
Si avint que li rois lor peres moru, et li convint paier le debte que nous paierons tous
dans Chron. de Rains, p. 2
Chevalier ne puet ne ne doit, par l'assise dou reaume de Jerusalem, estre aresté por dette que il deit
dans Ass. de Jér. I, 188
Cil à qui les dettes sont deues, ne poent pas toutes lor detes demander à l'un des oirs
de Philippe de BEAUMANOIR dans VI, 27
3
XIVe s.
Il avoit emprunté autrui argent, et soy obligié à grosse debte
de Pierre BERCHEURE dans f° 35, verso.
4
XVe s.
Et quand on nous aura rendu et restitué ce en quoi le roi d'Angleterre et le royaume est par dette endetté et obligé envers nous, le roi d'Angleterre et ses gens auront belle entrée de venir en Flandre [Philippe d'Artevelle aux Gantois]
de Jean FROISSART dans II, II, 166
5
XVIe s.
Lesquels sans gehenne et contrainte confesserent librement la dette, et fut leur procès fait et rapporté au roi
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans Nouv. I
Il s'en retourna à sa femme, à laquelle il confessa sa dette [sa faute, et combien il lui étoit obligé] ; et que, sans le moyen de cette grande douceur et bonté, il estoit impossible qu'il eust jamais laissé la vie qu'il menoit
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans ib. XXXVIII
Dettes privilegiées sont celles qui sont adjugées par sentences, salaires des mercenaires, louages de maisons
de Antoine LOYSEL dans 684
Une dette n'empesche point l'autre
de Antoine LOYSEL dans 704
Compensation n'a lieu, si la dette qu'on veut compenser n'est liquide et par escrit
de Antoine LOYSEL dans 705
Toutes dettes du roi sont payables par corps
de Antoine LOYSEL dans 908
Il y avoit dangier qu'un marchand luy feist mettre la main sur le collet à cause d'un vieux debte
de Michel de MONTAIGNE dans I, 296
Un si gros debte comme celuy de ma totale conservation
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 99
C'est autant d'acquit et descharge de ma debte
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 95

ÉTYMOLOGIE

1
Latin, debitum, chose due, de debere (voy. DEVOIR, v. a.). Le genre de dette a varié ; tantôt on l'a fait masculin à cause de l'étymologie ; tantôt on l'a fait féminin à cause de la finale féminine ; c'est ce genre qui a prévalu.

Synonymes de DETTE

Termes proches de DETTE

Phonétiquement proche de DETTE