Définition de AIGRIRE

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DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : è-grir

DÉFINITIONS

1
Rendre aigre. La chaleur aigrit le lait. Le temps n'aigrit pas toutes sortes de vins.
2
Sémantique : Fig. Irriter.
Je parlais pour l'aigrir, et non pour me défendre
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, V, 2
Mais sans doute, seigneur, ma présence l'aigrit
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. IV, 2
Si le mal vous aigrit, que le bienfait vous touche
de Jean RACINE dans Esth. III, 1
Les reproches ne faisaient qu'aigrir les esprits
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 3
Sa mauvaise fortune avait aigri son esprit
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 345
Connaissez donc Titus, voyez toute son âme, Le courroux qui l'aigrit, le poison qui l'enflamme ; Il brûle pour Tullie....
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Brut. I, 4
Je vous plains de servir sous ce maître farouche, Que le mérite aigrit, qu'aucun bienfait ne touche
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans ib. II, 2
3
En parlant des choses.
Seigneur, trop d'amertume aigrirait vos reproches
de Jean RACINE dans Iphig. III, 7
.... Vient de son désespoir aigrir l'inquiétude
de Jean RACINE dans Brit. V, 8
Aigrir les soupçons de quelqu'un
de Jean RACINE dans ib. I, 2
La vraie vertu a pour les princes quelque chose d'âpre ; elle leur paraît trop austère et trop indépendante ; elle les effraye et les aigrit ; ils se tournent vers la flatterie
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XXIV
Une douceur que rien n'émeut ni aigrit, dont rien ne trouble la paix, et qui s'applique partout à la maintenir
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. I, p. 90
Ceux même dont ma gloire aigrit l'ambition
de Louis BOURDALOUE dans Iphig. I, 1
Rougissez d'un silence Qui de vos maux encore aigrit la violence
de Louis BOURDALOUE dans Phèd. I, 3
Pourquoi venir encore aigrir mon désespoir ?
de Louis BOURDALOUE dans Bér. V, 5
Allons, suivons ses pas, aigrissons ses ennuis
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Brutus, II, 3
Ils ont aigri les maux, loin d'y remédier
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Écueils.
Vous dirai-je les noms de ces grands personnages Dont j'ai dépeint les morts pour aigrir les courages ?
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, I, 3
AIGRIR, Nature : v. n. Devenir aigre. Le vin aigrit dans un tonneau malpropre. Ce lait a aigri par l'influence du tonnerre.
Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.
S'AIGRIR, v. réfl.
4
Devenir aigre. Le vin s'aigrit à l'air.
Le vin s'aigrit dans mon gosier Chez un traiteur maussade
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Éloge de la Rich.
Les nourritures végétales donnent un lait plus prompt à s'aigrir
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. 1
La voix se durcit ou s'amollit, elle s'enfle ou se rétrécit, elle va même jusqu'à s'aigrir
de D'OLIVET dans Prosodie franç.
5
S'irriter. Il s'aigrissait de jour en jour contre son frère.
Vous savez que sa bile assez souvent s'aigrit
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Étour. I, 2
Il s'aigrit et s'irrite contre la vertu
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. III
Je crains.... Que son courroux ému ne s'aigrisse à me voir
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. IV, 2

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Telle douceur t'adoucira, Et ton aigreur ne l'aigrira
de Clément MAROT dans II, 416
Les cueurs ne s'en aigrirent à l'encontre de Pericles
de Jacques AMYOT dans Péricl. 66
Lui voyant que le peuple en estoit indigné, l'aigrit et irrita encore davantage
de Jacques AMYOT dans Alc. 22

ÉTYMOLOGIE

1
Aigre. L'ancien français a le verbe aigrier, qui veut plutôt dire tourmenter.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
AIGRIR. Ajoutez : - HIST. XVe s.
... Mais quant [Mathilde] plus longuement Eut regardé l'endroict de sa besongne, à tant s'esgrit en menasse et vergongne
de RENÉ MACÉ dans Suyte de l'hist. de France, p. 3, verso

Synonymes de AIGRIR

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