Définition de ABRÉGER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-bré-jé. L'é se prononce è quand il est suivi d'une voyelle muette : j'a-brè-ge

DÉFINITIONS

1
Rendre bref, réduire à une moindre étendue, à une moindre longueur. Abréger le temps. Éclaircir et abréger le discours. Abréger une narration. Voulant abréger son humiliation.
C'est un bienfait de Dieu d'avoir abrégé les tentations avec les jours de Madame
On croit qu'il expose les troupes : il les ménage en abrégeant le temps des périls par la vigueur des attaques
Les plaisirs pris sans modération abrègent plus les jours des hommes que les remèdes ne peuvent les prolonger
Cours par un prompt trépas abréger ton supplice
Mais aussitôt ma main, à moi seule funeste, D'une infidèle vie abrégera le reste
Je la voyais bientôt, abrégeant son absence, revenir empressée
Le cardinal de Richelieu avait abrégé ses jours par les inquiétudes qui le dévorèrent
2
Faire un abrégé. Cet auteur a abrégé lui-même son livre.
3
Faire paraître moins long. La conversation abrége le chemin.
4
Faire brève une syllabe. Quelques personnes abrégent l'o dans rôti, et disent roti.
5
Nature : V. n. Chemin qui abrége.
6
Faire court, s'exprimer en peu de mots. En abrégeant. Abrégeons. J'abrége et je poursuis.
Pour abréger, la chose s'exécute
de Jean de LA FONTAINE dans Rich.
7
S'abréger, Nature : v. réfl. Devenir plus court. La vie, déjà si courte, s'abrége souvent par les excès de tout genre.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Ne ne porreit mis cors soffrir Travail ne peine ne labor ; Kar dès or s'abregent mi jor ; Molt me vois mais afebleiant
de Benoît de Sainte-Maure dans II, 8223
2
XIIIe s.
Ains voil [je veux] ma parole abregier Por vos oreilles alegier
dans la Rose, 19671
Je ne puis souffrir à abregier le plain service qu'on tient de moi
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXVIII, 7
S'aucuns abrege le fief qui est tenu de li
de Philippe de BEAUMANOIR dans XLV, 25
Se il viaut [veut] son plait abregier
dans Ass. de Jerus. I, 237
3
XIVe s.
Ils lui dirent qu'il abregeast ses paroles
dans le Menagier, I, 9
4
XVe s.
Temps sans honneur et sans vray jugement, Aage en tristour, qui abrege la vie
de Eustache DESCHAMPS dans Temps présent.
Elle [m'amie] m'a dit que je boy trop souvent Et que cela m'abregeroit la vie
de BASSEL. dans 31
N'abregeons point nostre vie Par trop nous atedier
de BASSEL. dans 46
On dit que ses ans il [le buveur] abbrege
de BASSEL. dans 38
Avancezvous, prenez votre robe, abregez-vous [hâtez-vous] ; qu'il ne vous trouve ici, car vous seriez mort et moi aussi
de LOUIS XI dans Nouv. 34
Pour abreger [bref]
de LOUIS XI dans ib. 75
5
XVIe s.
Le ciel m'a esté si benin et si favorable que d'abrevier un long martyre
de Jacques YVER dans 592
Il vouloit bien abreger son chemin et passer par lieux bien habités
de Jacques AMYOT dans Ant. 52
Notaires, c'est à dire ecrivains qui par notes et lettres abregées figurent toute une sentence
de Jacques AMYOT dans Caton d'Ut. 35

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. et espagn. abreviar ; ital. abbreviare ; bas-lat. abbreviare ; de ad, indiquant la direction de l'action, et brevis, bref (voy. BREF).

Synonymes de ABRÉGER

Termes proches de ABRÉGER