Définition de ÉTERNEL, ELLE
Prononciation : é-tèr-nèl, nè-l'
DÉFINITIONS
1
Qui n'a pas eu de commencement et n'aura point de fin. Des philosophes ont cru le monde éternel. Dieu est éternel. Le Père éternel. Le Verbe éternel.Les ordres éternels D'un Dieu qui vous demande au pied de ses autels
Quel sang a demandé l'éternelle justice ?
Une vérité éternelle, une vérité immuable.
2
Qui n'aura point de fin. Le bonheur éternel du paradis.Venez-vous m'enlever dans l'éternelle nuit ?
de Jean RACINE dans Andr. v, 6
D'un éternel oubli ne tirez pas les morts
De tout ce que j'aimais cette éternelle absence [la mort] Abattit mon courage, accabla ma constance
de ST-LAMBERT dans Saisons, Hiver.
La passion voit tout éternel ; mais la nature humaine veut que tout finisse
de Denis DIDEROT dans Père de famille, II, 6
La ville éternelle, Rome.
Les ouvrages qui ont donné et donnent encore aujourd'hui la plus haute idée de sa puissance [de Rome] ont été faits sous les rois ; on commençait déjà à bâtir la ville éternelle
Sémantique : Poétiquement. Le sommeil éternel, la mort.
3
Sémantique : Par extension, dont on ne peut prévoir la fin, fixer le terme.D'une éternelle paix Hermione est le gage
de Jean RACINE dans Andr. II, 4
Un obstacle éternel rompt notre intelligence
de Jean RACINE dans Bajaz. II, 3
Un éternel adieu, adieu que se font des personnes qui ne doivent plus se revoir.
V. Hugo a donné un comparatif à éternel. Mais si la Grèce est sans prestiges, Tu savais des lieux solennels Où sont de plus sacrés vestiges, Des monuments plus éternels, Odes, IV, 6.
4
Sémantique : Par exagération, qui semble ne devoir pas finir, qui fatigue, qui ennuie.Claude même lassé de ma plainte éternelle
de Jean RACINE dans Brit. IV, 2
Tous mes moments ne sont qu'un éternel passage De la crainte à l'espoir, de l'espoir à la rage
de Jean RACINE dans Bérén. v, 4
[Elles].... se plaignent tous les jours des dégoûts et des égarements éternels qu'elles éprouvent dans ce saint exercice [la prière]
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Prière 1
On ne trouve plus guère après le siècle d'Hélène [mère de Constantin] que l'éternel corinthien [ordre corinthien]
Qu'importe ce vain flux d'opinions mortelles Se brisant l'une l'autre en vagues éternelles ?
de Alphonse de LAMARTINE dans Harm. I, 5
Un causeur éternel, un bavard infatigable.
Un homme éternel, un homme qui fatigue.
Dans l'espérance que l'éternel Saint-Germain en sortirait avant elle
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 4
Léonore et son éternelle gouvernante
de Alain René LESAGE dans Diable boit. 4
Mais, baron éternel, ce n'est pas sur un regard équivoque, sur une simple civilité que je suis assuré qu'on m'aime
de BOISSY dans Français à Lond. sc. 1
Sémantique : Par plaisanterie. Une personne éternelle, une personne dont on attend l'héritage et qui tarde à mourir.
J'en ai l'avis sur moi, que je dois sûrement Hériter avant peu d'une tante éternelle.... Qui me remet toujours
de DORAT dans Feinte par amour, II, 7
Songe-t-elle à vous assurer de quoi vivre ? elle ne sera pas éternelle, et il serait fâcheux qu'elle ne vous mît pas en état d'être toujours aussi proprement mise
de Pierre de MARIVAUX dans Mariane, 5e part.
5
Nature : S. m. Dieu.Il les reçoit comme des hôtes que l'Éternel lui envoie
de PATRU dans Plaid. 3, dans RICHELET
L'Éternel est son nom, le monde est son ouvrage
de Jean RACINE dans Esth. III, 4
Oui je viens dans son temple adorer l'Éternel
de Jean RACINE dans Athal. I, 1
En cet emploi on met un É majuscule.
SYNONYME
1
ÉTERNEL, PERPÉTUEL. Éternel se rapporte à la durée infinie prise absolument. Perpétuel se rapporte à l'homme, et admet comme possibles, et même comme probables, les interruptions ou terminaisons auxquelles l'humanité est sujette. Une rente est perpétuelle ; l'abbé de Saint-Pierre rêvait une paix perpétuelle. Au contraire ceux qui croient que le monde ne finira pas, disent qu'il est éternel.HISTORIQUE
1
XIIe s.Saches que tu es hom mortaus [mortel], E il est veirs Deus eternaus
de Benoît de Sainte-Maure dans II, 6267
2
XVIe s.Tu y verras les oeuvres magnifiques De l'Eternel
de Clément MAROT dans IV, 208
Pour voir ces monts couverts d'une neige eternelle
de Joachim DU BELLAY dans VI, 10, verso.
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. et espagn. eternal ; ital. eternale ; du bas-latin aeternalis, d'aeternus, contracté pour aeviternus, de aevum, âge, durée infinie en grec et du suffixe ternus qui s'applique au temps, comme dans hesternus, sempiternus.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
ÉTERNEL. - ÉTYM. Ajoutez :Aeternalis se trouve comme nom propre dans une inscription chrétienne du IVe siècle
de LEBLANT dans Inscr. chrét. de la Gaule, Préface, p. XXXIII