Définition de SOMMEIL

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : so-mèll, ll mouillées

DÉFINITIONS

1
Entier assoupissement des sens, ou, dans le langage physiologique, cessation momentanée de l'activité propre aux systèmes doués des propriétés de la vie animale.
Je dérobe au sommeil, image de la mort, Ce que je puis du temps qu'elle laisse à mon sort
Une nuit que chacun s'occupait au sommeil, Et mettait à profit l'absence du soleil
Personne n'a d'assurance, hors la foi, s'il veille ou s'il dort, vu que durant le sommeil on croit veiller aussi fermement que nous faisons.... de sorte que, la moitié de la vie se passant en sommeil.... qui sait si cette autre moitié de la vie où nous pensons veiller n'est pas un autre sommeil un peu différent du premier, dont nous nous éveillons quand nous pensons dormir ?
Si j'avais envie de faire un doux sommeil, je n'aurais qu'à prendre des cartes ; rien ne m'endort plus sûrement
Il y a en nous une partie languissante qui est toujours prête à s'endormir.... l'esprit veille et dispute contre le sommeil
Le coucher dessus la dure, la psalmodie de la nuit et le travail de la journée attirent le sommeil à ce corps si tendre, sommeil léger qui n'appesantit pas l'esprit, et qui n'interrompt presque point ses actions
Il ne connaissait plus le sommeil, et la froide main de la mort pouvait seule lui clore les yeux
On sait que le lendemain, à l'heure marquée, il fallut réveiller d'un profond sommeil cet autre Alexandre
Le sommeil sur ses yeux commence à s'épancher
Elle plaint le malheur de la nature humaine, Qui veut qu'en un sommeil où tout s'ensevelit Tant d'heures sans jouer se consument au lit
Quoi ! tandis que Néron s'abandonne au sommeil, Faut-il que vous veniez attendre son réveil ?
Les ombres par trois fois ont obscurci les cieux, Depuis que le sommeil n'est entré dans vos yeux
Le laboureur, qui a bien travaillé sans chagrin, et bien mangé sans excès, dort d'un sommeil plein et tranquille que les rêves ne troublent point
L'état de l'âme dans le sommeil est quelque chose de très singulier et dont nous n'avons encore que des notions très imparfaites ; il doit paraître intéressant à un psychologue d'approfondir cet état
N'est-ce pas qu'il est pur le sommeil de l'enfance ?
de Alfred DE MUSSET dans Rolla.
Demi-sommeil, état où le sommeil n'est pas profond.
Les âmes fort avancées dans l'oraison passive ou de quiétude, dit le P. Falconi, éprouvent une chose fort surprenante, qui est qu'elles n'ont la nuit qu'un demi-sommeil ; et Dieu opère plus, ce semble, en elles durant la nuit et dans le sommeil que pendant le jour
Sémantique : Par exagération. Un sommeil de mort, un très profond sommeil.
Sommeil ! sommeil de mort ! favorise ma rage !
Dans le style poétique ou oratoire. Les pavots du sommeil.
Le jeune Télémaque, prévenant par ses soins la vigilance des plus vieux capitaines, s'arracha d'entre les bras du doux sommeil
Dans la mythologie, dieu qui était fils de la Nuit et frère de la Mort.
Suave est le sommeil qui succède à l'effort ; Mais ce fils de la nuit est frère de la mort
de PONSARD dans Lucrèce, IV, 1
2
Grande envie de dormir. Avoir sommeil. Tomber de sommeil.
J'ai toujours cru et je le crois encore, que le sommeil est une chose invincible
de Jean de LA FONTAINE dans Psyché, II, p. 121
Pour moi, fermant ma porte et cédant au sommeil
3
Sémantique : Terme de médecine. Maladie du sommeil, état nerveux particulier dans lequel le patient a une propension invincible pour le sommeil, qui se prolonge par accès jusqu'à cinq ou six jours et même beaucoup au delà, sans altération de la santé.
4
Sémantique : Fig. En parlant de la mort. Il s'endormit du sommeil des justes.
Sisara, ayant été tué de cette sorte, passa du sommeil naturel à celui de la mort
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Juges, IV, 21
Dormez votre sommeil, riches de la terre, et demeurez dans votre poussière
L'état de ceux qui meurent, ou plutôt qui dorment du sommeil de la mort
de Louis BOURDALOUE dans 15e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 447
Les corps de plusieurs saints ensevelis dans le sommeil de la mort ressuscitèrent
de Louis BOURDALOUE dans Myst. Passion de J. C. t. I, p. 229
L'apôtre nous avertit de ne pas pleurer ceux qui dorment dans le sommeil de paix
Hélas ! il m'a parlé de calme, de repos, D'un long sommeil de paix qui finit tous nos maux
5
Sémantique : Fig. État d'inactivité, d'inertie. L'enfance est un sommeil.
Dans un lâche sommeil crois-tu qu'enseveli, Achille aura pour elle impunément pâli ?
Et quels coeurs si plongés dans un lâche sommeil.... Ne s'empresseront pas à suivre notre exemple ?
Le triste hiver, saison de mort, est le temps du sommeil, ou plutôt de la torpeur de la nature
Le repos de l'Europe fut court ; les passions des princes ne connaissent qu'un léger sommeil
... L'âme, vierge encor dans le sommeil des sens, Des folles passions ignore les tourments
de LEGOUVÉ dans les Souv.
L'indolence peut mettre quelques intervalles de sommeil ou d'oubli dans la vie ; mais elle n'use ni ne flétrit le coeur
6
Sémantique : Fig. Interruption comparée à un moment de sommeil.
C'est ce qui se fait [trouver de l'argent casuel] en mangeant ici une partie de ce que me doit mon fils, et en réservant tout mon revenu pour le payement de mes dettes ; ce sommeil m'était d'autant plus nécessaire....
Repos.
Nous tâcherons de vous laisser respirer à Grignan jusqu'au mois d'octobre ; c'est pour ne pas interrompre ce sommeil que je n'ai point voulu que vous vinssiez à Vichy
7
Sommeil d'hiver, engourdissement particulier qui saisit certains animaux, lorsque la température s'abaisse ; il dure des mois entiers.
Sommeil d'été, phénomène qui s'observe chez quelques animaux. Les amphibies, durant la saison sèche, se couchent et tombent dans un état analogue au sommeil de l'hiver, d'où ils sortent à l'apparition de la saison pluvieuse.
8
Sommeil des plantes, position particulière que certains organes des plantes, les feuilles principalement, prennent chaque jour, à l'approche de la nuit, et qu'elles conservent tant que dure l'obscurité.
L'influence de la lumière sur le sommeil des feuilles et des fleurs
de DE CANDOLLE dans Instit. Mém. sc. phys. et math. Sav. étr. t. I, p. 330

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Elle rougissoit de honte de s'estre laissé vaincre au sommeil
de Jacques AMYOT dans dans le Dict. de DOCHEZ.

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, someie ; provenç. sonelh ; du diminutif fictif somniculus, de somnus (voy. SOMME 3).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
SOMMEIL. - HIST. Ajoutez : XIIe s.
Bernart fu à Roem, n'out, je crei, grant someil
de WACE dans le Roman de Rou, t. I, p. 168
2
XIIIe s.
Onques les trois puceles n'orent la nuit sommeil
dans Foulque de Candie, p. 108, Reims, 1860
3
XIVe s.
Insomnis, sans sommel
de ESCALLIER dans Vocabulaire latin-français 1475

Synonymes de SOMMEIL

Termes proches de SOMMEIL