Définition de ESTROPIER
Prononciation : è-stro-pi-é
DÉFINITIONS
1
Priver de l'usage d'un membre par coups ou blessures.Se faire estropier sur les pas des Césars
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VIII
Sémantique : Par extension, en parlant des maladies. Un rhumatisme l'a estropié.
Sémantique : Fig.
Chose qui ne peut être révoquée sans estropier la puissance publique
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. 10
2
Estropier un nom, les mots d'une langue, les défigurer en prononçant ou en écrivant.Ils prennent par où ils peuvent les termes de l'art qu'ils attrapent, et ne manquent jamais de les estropier et de les mettre hors de place
Le marquis : Tiens, ce que les Anglais ont de mieux, c'est qu'ils parlent français, encore ils l'estropient. - Le baron : Et nous l'estropions nous-mêmes pour la plupart
de BOISSY dans Français à Lond. sc. 1
Ribaudier en personne Estropiait alors un discours en latin
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans 3 emper.
Estropier une pensée, un passage, en altérer le sens, l'expression.
Va, va-t'en faire amende honorable au Parnasse D'avoir fait à tes vers estropier Horace
Certains passages de Dictys de Crète que Scaliger avait estropiés
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Goût.
Voltaire dans ses derniers jours ne pouvait voir sans un véritable chagrin qu'on se permît ainsi d'estropier nos belles tragédies
Estropier un vers, en altérer la mesure.
Estropier une sonate, une chanson, la jouer mal, la chanter mal.
3
Sémantique : Terme de peinture. Estropier une figure, n'en pas observer les proportions.4
S'estropier, v. réfl.Quoi ! ces dieux qui s'estropient les uns les autres
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Dial. Ésope, Homère.
Sémantique : Fig.
Voulant se redresser, soi-même on s'estropie, Et d'un original on fait une copie
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épît. IX
HISTORIQUE
1
XVIe s.Subjuguez par ung petit homme estropié
En une battaille, dix mill' hommes sont stropiez ou tuez
de Michel de MONTAIGNE dans III, 23
On a attaché l'honneur à couper bras et jambes, à estropier l'un, à tuer l'autre
Les armes d'aujourd'hui sont si griefves, qu'un gentilhomme, à trente et cinq ans, est tout estropié des espaules, d'un tel fardeau
Estropié de quelques coups et mesmes de l'honneur
Infinis lieux y sont [dans le texte] desesperéement estropiez et mutilez
de Jacques AMYOT dans Moral. Épît. p. 15
ÉTYMOLOGIE
1
Espagn. et portug. estropear ; ital. stroppiare, storpiare, estropier, stroppio, obstacle, empêchement. Origine inconnue. Diez propose par conjecture le latin ex-torpidare, rendre roide, engourdi. Muratori fait mention de turpis, laid. Tout cela est incertain. Estropier est récent et venu de l'italien.