Définition de REBOURS

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : re-bour

DÉFINITIONS

1
Le contre-poil des étoffes. Prendre le rebours d'une étoffe pour la mieux nettoyer.
2
Sémantique : Fig. Le contre-pied, le contraire de ce qu'il faut.
Le P. Castel a peu de méthode dans l'esprit ; c'est le rebours de l'esprit de ce siècle
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. en vers et en prose, 59
3
À rebours, Nature : loc. adv. à contre-poil. Vergeter du drap à rebours.
En sens contraire. Lire à rebours.
Un homme d'esprit de ma connaissance voudrait qu'on étudiât et qu'on enseignât l'histoire à rebours, c'est-à-dire en commençant par notre temps et remontant de là aux siècles passés ; cette idée me paraît très juste et très philosophique
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Mél. litt. Oeuv. t. III, p. 169, dans POUGENS
Sémantique : Fig.
Tout ce que vous avez été durant vos jours, C'est-à-dire un esprit chaussé tout à rebours
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Ét. II, 14
Les esprits à rebours, comme le sien, ne veulent jamais ce qu'on veut et veulent toujours ce qu'on ne veut pas
de BRUEYS dans Grondeur, I, 4
Vous prenez toujours les conseils à rebours
de TH. LECLERCQ dans Prov. t. IV, p. 44, dans POUGENS
4
Au rebours, loc. adv.
Au contraire, au contre-pied Le vrai secret pour avoir de la santé est que le corps soit agité et que l'esprit se repose.... pour l'ordinaire il nous arrive tout au rebours : lorsque nous pensons nous reposer, nous nous travaillons le plus
de Vincent VOITURE dans Lett. 44
Car je doute à présent si vous aimez Lucrèce, Et vous vois si fertile en semblables discours [mensonges], Que, quoi que vous disiez, je l'entends au rebours
de Pierre CORNEILLE dans Ment. V, 4
Ils usent leurs souliers, et conservent leur âne ! Nicolas, au rebours ; car, quand il va voir Jeanne, Il monte sur sa bête, et la chanson le dit
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. III, 1
Un père d'ordinaire à son fils, tout au moins, fournit le nécessaire ; Ici, tout au rebours, le fils depuis dix ans....
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Phil. mar. III, 13
5
À rebours de, au rebours de, loc. prép. Contrairement à.
Tout au rebours de la bonne donzelle
de Jean de LA FONTAINE dans Gag.
Je sortirai d'une maison où tout va au rebours du sens commun
de Denis DIDEROT dans Père de famille, III, 4
Je me sens là-dessus tout à rebours des autres hommes
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Prom. 7

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Qar issir [sortir] les ferai de lor paix à rebors [je les ferai écorcher]
dans Sax. XXVII
2
XIIIe s.
U il aura hastif securs, U li esteut [il lui faut] vivre à reburs
de MARIE dans Gugemer.
Trestout me vient arrebours, Tout adès sui esmaiiés, Que tous jours sui pourlongniés [éloigné] De joie avoir et secours
de MÄTZNER dans p. 61
On doit plaindre, et s'est honte à tous bons trouveours, Quant bonne matere est ordenée à rebours
de ADAM DE LA HALLE dans le Roi de Sezile, dans RUTEBEUF, t. I, p. 428
Dont evient que là où la lune est l'an prime, elle sera l'an après xj jors plus arrieres au rebours dou calendrier
de Brunetto LATINI dans Trés. p. 143
Ainsi se departi la cours ; Cele feste fu à rebous, Il i ot plus ploure que ris
dans Bl. et Jehan, V. 3436
Et demeure li cuers [le coeur] au cors de l'home à rebous ; car li chiés [la tête] demeure par devers les piés, et li rachine [la racine] par devers le chef
de ALEBRANT dans f° 40, verso.
3
XVe s.
Mais j'ai tousjours au par aller Le rebours de ma voulenté
de Charles D'ORLÉANS dans Ball. 17
4
XVIe s.
Je suis au rebours des aultres, car....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 31
Considerer et juger de dangier est auculnement le rebours de s'en estonner
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 3
Ceste espreuve leur tourna tout au rebours de l'esperance de ceulx qui y furent envoyés pour cest effect
de Jacques AMYOT dans Péric. 61

ÉTYMOLOGIE

1
Bourg. rebor ; bas-lat. reburrus, rebursus, hérissé. D'après Diez, ce mot vient de re et de l'allem. Borste, poil, soie, dont le radical se trouve dans brosse, broussaille.

Synonymes de REBOURS

Termes proches de REBOURS