Définition de SECOURS

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : se-kour ; l's ne se lie pas ; cependant quelques-uns la lient : des se-kour-z habiles

DÉFINITIONS

1
Ce qui sert dans un cas pressant pour en sortir.
Il ne faut pas tant d'art pour conserver ses jours ; Et, grâce aux dons de la nature, La main est le plus sûr et le plus prompt secours
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. X, 16
Je fis ouvrir ma porte, j'envoyai mes gens au secours [dans un incendie]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 20
Voyons ce qu'il faut attendre de ceux [les amis] qui semblent les plus assurés : faiblesse, méconnaissance, secours en parole, abandonnement en effet
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 3e sermon, Passion, 2
Henriette, d'un si grand coeur, est contrainte de demander du secours ; Anne, d'un si grand coeur, n'en peut donner assez
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Reine d'Anglet.
L'armée victorieuse d'Annibal vint vainement au secours de Capoue
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 6
Les dieux m'ont donné du courage, Et c'est un assez grand secours
de QUIN. dans Cadm. IV, 4
....Que tous les Juifs dans Suse répandus ....Me prêtent de leurs voeux le secours salutaire
de Jean RACINE dans Esth. I, 3
Le péril des Juifs presse et veut un prompt secours
de Jean RACINE dans ib. III, 8
Il se dit, au sens actif, du secours que l'on donne. Mon secours vous est inutile.
Tel qu'un ruisseau docile Obéit à la main qui détourne son cours, Et, laissant de ses eaux partager le secours, Va rendre tout un champ fertile
de Jean RACINE dans Esth. II, 9
Je craignais que le ciel, par un cruel secours, Ne vous offrît la mort que vous cherchiez toujours
de Jean RACINE dans Andr. I, 1
J'entrevois vos mépris, et juge à vos discours Combien j'achèterais vos superbes secours
de Jean RACINE dans Iph. IV, 6
Il se dit, au sens passif, du secours que l'on reçoit. Venez à mon secours.
J'assurerai tes jours, Et mourrai, s'il le faut, moi-même à ton secours
de Pierre CORNEILLE dans Théod. IV, 6
Phalante, transporté de fureur, accourait au secours de son frère
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XVI
Au secours ! à mon secours ! cri par lequel on demande du secours.
2
Soins, services qu'on donne à un malade.
Il reste une certaine timidité après les grandes maladies, qui ne permet pas qu'on s'éloigne du secours
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 379
Elle ne fit appeler des secours et avertir ma mère que le quatrième jour de sa maladie
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mères riv. t. I, p. 188, dans POUGENS
3
Il se dit simplement de ce qui sert, qui est utile.
Appelez la mémoire ou l'esprit au secours
de Pierre CORNEILLE dans Ment. V, 3
Vous me dites des merveilles de votre santé.... la Saône vous aura été d'un grand secours avec sa tranquillité
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Mme de Grignan, 23 juin 1677
C'est [le mot vapeurs] un secours pour expliquer mille choses qui n'ont pas de nom
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 6 juill. 1689
M. de Gèvres, qui a donné du secours à cette horrible action [un enlèvement]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 28 mars 1689
La vanité des choses humaines, tant de fois étalée dans cette chaire, ne se montre que trop d'elle-même sans le secours de ma voix
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Elle [Élisabeth d'Angleterre] croyait les images d'un grand secours pour exciter la dévotion
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. 10
Le secours de l'absence Est un puissant secours ; C'est l'unique espérance Des coeurs qui veulent fuir les funestes amours
de QUIN. dans Rol. I, 5
Mais bientôt la raison arrivant au secours
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Disc. au roi.
Mais bientôt de son art employant le secours....
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Cantate, Circé.
Le secours de vos sages avis
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lett. à Mme de Warens, 29 juin 1735
4
Nature : Au plur. Choses qui servent à secourir, telles qu'argent donné, prêt, aumône, etc. Des familles pauvres ont reçu des secours.
Figurez-vous.... quelle joie ce peut être.... que de donner adroitement quelques petits secours aux modestes nécessités d'une vertueuse famille
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Avare, I, 2
Qu'admira-t-on davantage, ou du secours de la princesse Anne qui vint si à propos, ou de ce qu'il vint d'une main dont on ne l'attendait pas ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Combien de familles, de communautés chancelantes ont été soutenues par les secours que Mme la Dauphine leur donnait !
de Esprit FLÉCHIER dans Dauphine.
5
Troupes envoyées au secours d'une armée, d'un parti trop faible pour résister à ses adversaires. Un secours de trois mille hommes. Secours étranger. Le secours envoyé par la France aux États-Unis était commandé par Rochambeau.
Elle vit périr ses vaisseaux et presque toute l'espérance d'un si grand secours
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Reine d'Anglet.
Sémantique : Par extension.
Ah, tête ! ah, ventre ! que ne le trouvé-je à cette heure avec tout son secours ! que ne paraît-il à mes yeux au milieu de trente personnes !
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Scapin, II, 9
6
L'action de secourir une place assiégée.
Si le comte d'Harcourt fût mort après la prise des îles Sainte-Marguerite ou le secours de Casal
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Bussy, 6 août 1675
Le corps d'armée qui vient secourir une place assiégée. Le secours est entré dans la place.
Porte de secours, porte d'une citadelle donnant dans la campagne, et par laquelle on peut recevoir du secours ou se retirer.
7
Église auxiliaire d'une paroisse, dite plus ordinairement succursale. Cette église n'est pas une paroisse, ce n'est qu'un secours.
8
Se disait, parmi les convulsionnaires de Saint-Médard, des coups et des différents supplices que les convulsionnaires réclamaient comme des soulagements.
Richelieu s'est mis à lui porter secours à grands coups de souliers ferrés, de telle sorte qu'elle en jurait entre ses dents, cette convulsionnaire
de DECOURCHAMPS dans Souv. de la marquise de Créquy, t. III, ch. 3

HISTORIQUE

1
XIe s.
[à] Nostre parent [nous] devum estre à sucurs
dans Ch. de Rol. CLXXXII
2
XIIe s.
Mais trop vient lent, dame, vostre secours
dans Couci, VII
Ne n'iert [sera] nus [nul] si hardiz qui lui fasse secors
dans Sax. XXVII
3
XIIIe s.
Cil poples est plus fiers que lupart ne lion ; Envers si faite gent nient ne dureron, Se del soudan de Perse prochain souscors n'avon
dans Ch. d'Ant. II, 915
4
XVe s.
Le suppliant advisa que l'une d'icelles femmes avoit de l'argent ou [au] secours [poche, doublure] de sa robe
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans succursus.
5
XVIe s.
Ceux du secours d'Argos [les troupes fournies par Argos]
de Jacques AMYOT dans Alc. 33
Et ceulx là rompus et fuyans à val de roupte meirent en telle perplexité ceulx qui s'estoient ralliez ensemble pour aller au secours, qu'ilz ne sçavoient qu'ilz devoient faire
de Jacques AMYOT dans Aratus, 39
Estant aussi tost arrivé en France si bien à point, et non en secours de Pise, comme l'on dit [secours de Pise, secours qui arrive trop tard]
de Pierre de Bourdeille, seigneur et abbé de BRANTÔME dans Cap. franç. t. III, p. 60, dans LACURNE
Il n'est secours que de vray ami
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 316

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguig. secor ; provenç. socors, secors ; espagn. socorro ; portug. soccorro ; ital. soccorso ; du supin succursum, de succurrere, secourir.

Synonymes de SECOURS

Termes proches de SECOURS