Définition de DMOLISSEMENT

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : leur

DÉFINITIONS

1
Il signifie d'eux, d'elles, qui appartient à eux, à elles ; il est ordinairement relatif aux personnes. Il est leur adversaire, mais il a leur estime.
Lorsque d'un saint respect tous les Persans touchés N'osent lever leurs fronts à la terre attachés....
de Jean RACINE dans Esth. II, 1
Il est bien dur pour un coeur magnanime D'attendre des secours de ceux qu'on mésestime, Leurs refus sont affreux, leurs bienfaits font rougir
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, II, 1
Il se dit quelquefois relativement aux animaux, aux plantes et même aux choses inanimées. Les chevaux ont perdu leurs fers. Mes orangers ont perdu leurs feuilles.
Le char d'Amphitrite, traîné par des chevaux marins plus blancs que la neige ; ... leurs yeux étaient enflammés, et leurs bouches étaient fumantes
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. IV
Les hautes montagnes de Thrace, qui de leurs fronts couverts de neige et de glace depuis l'origine du monde fendent les nues
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans ib. XIX.
2
Quelquefois on le dit d'un nom au singulier, pourvu que ce nom soit collectif.
C'est une famille illustre ; leurs aïeux sont nommés dans l'histoire.... Une Espagnole eût promis davantage, je n'ai point leurs moeurs, est très français ; lisez la grammaire à l'article des pronoms collectifs
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Thiriot, 16 mars 1736
3
Leur placé devant les comparatifs et les adverbes comparatifs forme un superlatif. Leurs meilleurs amis. Leurs plus beaux fruits. Leur plus riche habit.
4
Leur précédé de l'article le, la, les, s'emploie pronominalement. Les gens sages conservent leurs amis, et les fous perdent les leurs.
Les mémoires de Ludlowe, colonel alors dans l'armée [républicaine anglaise], et l'un des juges [de Charles 1er], font voir combien leur fierté était flattée en secret de condamner en maîtres celui qui avait été le leur
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 180
Ils vous ont servi de modèle, Et vous auriez été le leur
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lettres en vers et en prose, 113
Quoique d'ordinaire il soit relatif aux personnes, on le peut dire des animaux, et même des choses inanimées. Cette poule a laissé son grain ; les autres ont mangé le leur. Ce mur nouveau a perdu son aplomb ; les vieux ont gardé le leur.
Le genre humain s'égara jusqu'à adorer ses vices et ses passions ; et il ne faut pas s'en étonner : il n'y avait point de puissance plus inévitable ni plus tyrannique que la leur
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 3
5
Leur s'emploie substantivement pour signifier ce qui est à eux, à elles. Qu'ils gardent ce qu'ils ont, je ne veux rien du leur.
N'oubliez pas que vous avez des parents et des alliés qui ne doivent pas en souffrir ; et que du moins il n'y aille rien du leur ; c'est tout ce qu'on vous demande
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, 7e part.
6
Leurs, au pluriel, est quelquefois substantif et signifie leurs parents, leurs amis, ceux qui leur sont attachés. Je m'intéresse à eux et aux leurs.
J'y pris la même part que si j'eusse été un des leurs
de Jean-François MARMONTEL dans Mém. X

REMARQUE

1
Leur se répète devant les adjectifs qui ont un sens opposé ou différent ; ainsi : Ils nous ont montré leurs bonnes et leurs mauvaises marchandises. Mais il ne se répète pas devant les adjectifs qui ont à peu près la même signification : Ils nous ont montré leurs beaux et brillants équipages. Cette règle n'est nullement obligatoire ; elle n'est pas observée dans cette phrase-ci :
Avec leur froide et leur pesante sagesse
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans De la cour, 5e disc.

HISTORIQUE

1
Xe s.
E lor peccatum lor dimisit
dans Fragm. de Valenc. p. 468
2
XIe s.
Or et argent [il] lur met tut en present
dans Ch. de Rol. XXIX
À lur signor
dans ib. XXVIII
[Ils] Vont par le camp [champ], si requerent les lor
dans ib.
cx. Paien reclament un lur deu Tervagant
dans ib. CLXXVI
[Mon âme] Entre les lur est alouée et mise
dans ib. CCVI
Franc s'en iront en France la lor tere
dans ib. IV
Enz en lur mains [ils] portent branches d'olive
dans ib. VII
3
XIIe s.
Mort [il] le trestourne entre deux cens de lor [des leurs]
dans Ronc. 79
Espeigne ert [sera] lor, de ce se vont vantant
dans ib. 122
Congié demandent, et il lor a doné
dans ib. 203
Et cent ostaiges volontiers lor ofrons, Et li lor home volentiers devenons
dans Raoul de C. 163
4
XIIIe s.
Se il tienent mes comandemenz por escomeniez et les leur por loiaux....
dans Psautier, f° 108
Et bien li deïssent apertement que il pourchaceroient le leur si come il porroient
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans XCIII
Dux Naymes leur ala les esperons chausser
dans Berte, CXXIX
Toutes leur aventures se [je] vouloie conter
dans ib. 111
En la terre hongroise, en un leur bel manage
dans ib. LXX
Moult lor convient soffrir dolor, Ains que gens lor doignent [donnent] du lor
dans la Rose, 8020
Les barons, qui deussent garder le leur pour bien emploier en lieu et tens, se pristrent à donner les grans mangers et les outrageuses viandes
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 217
5
XIVe s.
Belle chose leur sembloit que les leur regnassent à Rome
de Pierre BERCHEURE dans f° 29, verso.
Il tolt [enlève] et emble aux gens le leur, Dont en la fin muert [meurt] à doleur
de BRUYANT dans dans Ménagier, t. II, p. 18
Nostre dit habitant seront tenuz de maintenir au leur [à leurs dépens] les aules [halles]
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans aula.
D'autre partie les meres scevent mielx que les enfans sont leur, que les peres ne scevent que il sont leur
de Nicolas ORESME dans Eth. 276
À leur [à eux] ou aulcun d'eulx
dans Ordonn. des rois de Fr. t. III, p. 656
6
XVe s.
Les princes en leurs jeunesses
de Philippe de COMMINES dans Prol.
Ils eussent bien voulu le dit royaume leur, car ils y avoient meilleur droit que ceux qui l'ont possedé
de Philippe de COMMINES dans VIII, 16
7
XVIe s.
La commune de son armée.... au mespris de leur chef et de son triomphe
de Michel de MONTAIGNE dans I, 4
Les leurs
de Michel de MONTAIGNE dans I, 14
Ils doibvent du plus leur [ils doivent de ce qui est plus à eux]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 31
Comme fait le monde, sans exercer leurs [ses] forces
de Michel de MONTAIGNE dans I, 34
Ceste desbauche qui se veoid en nostre jeunesse au port de leurs [ses] vestements
de Michel de MONTAIGNE dans I, 192
On leur [les] a veu parfois s'accuser de...
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 186
Et pour comble de leurs malheurs ils esteient tenus pour mahumettans entre les chrestiens et pour chrestiens entre les leur
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. I, 346
Le peuple lui donnant de bon coeur la disme de leur fruits et le quint de leur butins
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. I, 349
Cette leur mauvaise intention s'est encores rendue plus manifeste depuis que....
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. III, 331
Nul de ceux que l'on appelle leurs mignons n'oze leur dire librement leur verité
de Jacques AMYOT dans Timol. 21

ÉTYMOLOGIE

1
Berry et Normandie, leux ; bourguig. lo devant une consonne : lo peire, leur père ; los devant une voyelle : los efan, leur enfant ; lote, au féminin devant une consonne : lote raice, leur race ; chécun de lor, chacun d'eux ; provenç. lor, lhor, lur ; catal. lur ; ital. loro ; du génitif latin pluriel illorum, d'eux, nominatif ille (voy. IL). Leur, représentant illorum, était toujours invariable ; on n'a commencé à le faire varier que dans le XVe et le XVIe siècle, encore sans uniformité ; dans leurs manuscrits autographes, Brantôme et Malherbe écrivent toujours leur amitiés, leur guerres.