Définition de CPHALOTE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : so-m'

DÉFINITIONS

1
Synonyme de sommeil.
À la fin le pauvre homme S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus : Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme, Et reprenez vos cent écus
Je ne dormirai point sous de riches lambris ; Mais voit-on que le somme en perde de son prix ?
de Jean de LA FONTAINE dans ib. XI, 4
Belle nécessité d'interrompre mon somme !
de Jean de LA FONTAINE dans ib. VI, 11
Le laboureur, l'artisan, qui chaque soir prend somme et répare la nuit les fatigues du jour
Avec personnification.
Ces pavots qu'ici-bas pour leur suc on renomme, Tout fraîchement cueillis dans les jardins du Somme
de Jean de LA FONTAINE dans Songe de Vaux, Fragm. 7
2
Sémantique : Particulièrement. Moment assez court que l'on donne au sommeil soit le jour soit la nuit.
Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme
La nuit revient, et l'une et l'autre était Au premier somme...
de Jean de LA FONTAINE dans Herm.
Il faut donc en ce lieu que j'attende le jour, Et que dessus ce lit je fasse un petit somme
de BOURSAULT dans le Mort vivant, III, 2
C'est là que le prélat, muni d'un déjeuner, Dormant d'un léger somme, attendait le dîner
Certes je n'ai jamais dormi d'un si bon somme
D'un somme, sans que le somme soit interrompu.
La Fable imagina qu'un Épiménide avait dormi d'un somme pendant vingt-sept ans, et qu'à son réveil il fut tout étonné de trouver ses petits enfants mariés qui lui demandaient son nom
Sémantique : Familièrement. Il a fait la nuit tout d'un somme, il a dormi toute la nuit sans se réveiller.
On dit dans le même sens : Il n'a fait qu'un somme toute la nuit.
Il [Amazan] lui expliqua le système qui fut, après tant de siècles, celui de Pythagore, de Porphyre, de Jamblique ; sur quoi, milord s'endormit, et ne fit qu'un somme, jusqu'à ce qu'on fût arrivé à sa maison
Frontin : Je ne pouvais dormir ; Oh ! maintenant la nuit je ne fais plus qu'un somme
de IMBERT dans Jaloux sans amour, IV, 4
3
Haut somme, nom que l'on donne quelquefois par euphémisme à l'apoplexie.

REMARQUE

1
1.
Les premiers qui se sont servis de somme sont Ronsard et Belleau... ces deux auteurs disaient somne quand ils voulaient parler de l'action de dormir, et somme quand ils voulaient signifier le dieu du sommeil
de Claude Favre de VAUGELAS dans Nouv. Rem. observ. de M***, p. 395, dans POUGENS
2
2.
Je dors d'un bon somme est bien mieux dit que d'un bon sommeil, qui néanmoins ne serait pas mauvais ; il est vrai que l'usage de sommeil a plus d'étendue, et qu'on le dit en beaucoup de lieux où il ne faudrait pas dire somme, par exemple quand on dit : accablé de sommeil, et non de somme
de Claude Favre de VAUGELAS dans Nouv. Rem. p. 394, dans POUGENS

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Quant li songes suet [a coutume] les homes porpenre
dans Job, p. 479
2
XIIIe s.
Et la nuit dou premier soume issirent dou castiel et vinrent as loges des garnisons....
dans Chr. de Rains, p. 139
3
XVIe s.
....en noz yeux il [Mercure] envoye Ores le somme, et ores le reveil, Ores les clost d'un eternel sommeil
Et eux la nuict, environ le premier somme, se partirent de Thebes
de Jacques AMYOT dans Lysand. 53

ÉTYMOLOGIE

1
Saintong. songhe ; poitev. faire un songe ; prov. som, son ; cat. son ; esp. sueño ; portug. somno, sono ; ital. sonno ; du lat. somnus ; de même radical que le grec, le sanscrit svapna, le gaélique suain, sommeil, et le vieux norrois svefn.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
3. Malherbe a dit : Sommeil est désir de dormir, et somme est le dormir même, Lexique, éd. L. Lalanne. Cette distinction que Malherbe veut établir n'est point ratifiée par l'usage ; en lisant attentivement les divers exemples rapportés à somme et à sommeil il ne paraît pas que les auteurs aient admis une différence sensible entre les deux. Mais le fait est que sommeil a quelquefois le sens d'envie de dormir, sens que somme n'a jamais (voy. SOMMEIL, n° 2).