Définition de VEILLER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : vè-llé, ll mouillées, et non vè-yé

DÉFINITIONS

1
S'abstenir de dormir pendant le temps destiné au sommeil. Veiller très tard.
Toute la nature sommeille ; Mais non, j'ai tort, je m'aperçoi Que, dans ce beau lit où je veille, Mes puces veillent avec moi
de SARRASIN dans dans RICHELET
Je ne saurais veiller sans en être fort incommodée
Mme du Deffant, après avoir veillé toute la nuit chez elle-même ou chez Mme de Luxembourg, qui veillait comme elle, donnait tout le jour au sommeil
Il faut que les hommes veillent sans relâche pour saisir les circonstances de ces mouvements inaltérables [des corps célestes], et pour connaître la nature, qui ne se repose jamais
de BAILLY dans Hist. astr. Disc. prél. p. 2
Et ne veillez-vous qu'au bal ? - Un peu aussi pour le pharaon, un peu dans les petits soupers donnés à Mme la vicomtesse
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât. d'éduc. Dangers du monde, I, 3
Sémantique : Fig.
Veille, ma lampe, veille encore ; Je lis les vers de Dufresnoi
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Ma lampe.
Nature : Substantivement.
En vain par le veiller on acquiert du savoir
2
Ne point dormir, être dans l'état de veille.
Ne sens-je pas bien que je veille ? Ne suis-je pas dans mon bon sens ?
Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris ?
Lorsque l'âme a la perception ou le sentiment réfléchi de la suite de ses modifications, elle veille
de Charles BONNET dans Causes prem. VI, 24
Veillé-je ? sorte d'interrogation qu'on se fait à soi-même pour s'assurer que l'on veille en effet, et que ce qu'on voit, ce qu'on entend est réel.
Elle me fuit ! veillé-je ? ou n'est-ce point un songe ?
3
Être de garde.
Le pauvre en sa cabane où le chaume le couvre, Est sujet à ses lois [de la mort] ; Et la garde qui veille aux barrières du Louvre, N'en défend pas nos rois
de François de MALHERBE dans VI, 18
Une chose qui caractérise encore le despote, c'est la faiblesse ; plus il veut qu'on dépende, plus il dépend lui-même ; sa garde, qui veille pour lui, veille aussi contre lui
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Hist. anc. Lois, ch. 4
4
Sémantique : Fig. Prendre garde, appliquer son attention à quelque chose.
La reine d'Angleterre veillait sans relâche sur sa conscience
Le prince, par son campement, avait mis en sûreté non-seulement toute notre frontière et toutes nos places, mais encore tous nos soldats ; il veille, et c'est assez
Ces pieux fainéants.... Veillaient à bien dîner
Depuis six mois entiers j'ai cru que, nuit et jour, Ardente, elle veillait au soin de mon amour
Ils conjuraient ce Dieu de veiller sur vos jours
Les lois veillent sur les crimes connus ; et la religion, sur les crimes secrets
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pol. et lég. S'il est utile d'entret. le peuple dans la superst.
Ces deux partis [whig et tory] veillent l'un sur l'autre, ils s'empêchent mutuellement de violer le dépôt sacré des lois
Dans tous les États du monde la police veille avec le plus grand soin sur ceux qui instruisent, qui enseignent, qui dogmatisent ; elle ne permet ces sortes de fonctions qu'à gens autorisés
5
Sémantique : Terme de marine. Se dit de l'état d'un rocher dont la partie supérieure se découvre à mer basse,
Veille au grain ! voy. GRAIN, n° 23.
6
Nature : V. a. Passer la nuit auprès de quelqu'un pour le soigner.
Elle le veilla tout le temps de sa maladie, elle reçut son dernier soupir
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mme de Maintenon, t. II, p. 177, dans POUGENS
Veiller un mort, passer la nuit auprès d'un mort.
Sémantique : Terme de fauconnerie. Veiller un oiseau, empêcher un oiseau de dormir, afin de le dresser ensuite plus aisément.
Sémantique : Fig. Veiller quelqu'un, surveiller sa conduite.
Je ne pouvais douter que je ne fusse veillé à l'oeil
de Honoré Gabriel Riqueti, comte de MIRABEAU dans Lett. orig. t. I, p. 380
Ils le veillèrent si bien qu'ils surprirent des lettres écrites à des partisans du roi
de ANQUET. dans Ligue, III, p. 273

HISTORIQUE

1
XIIe s.
...On songe bien en villant ; Aussi de voir [vrai] com de mencoigne Sont li penser comme li songe
de CHRESTIEN DE TROYES dans dans HOLLAND, p. 266
Mil eschargaite [sentinelles] les gaitent en voillant
dans Ronc. p. 111
Et souspirer et veiller sans dormir
dans Couci, x
En salmes e oreisuns tute la nuit veilla
dans Th. le mart. 162
Tuit cil ki desirent faire ce ke al munde atient, font alsi com voilier ; et tuit cil ki quierent lo deventrier [intérieur] repaus et par pense fuient la noise del munde, font alsi com dormir
dans Job, p. 479
2
XIIIe s.
Sainte Eglise se plaint ; ce n'est mie mervelle ; Cascuns de guerroier contre li s'aparelle ; Si fil sont endormi ; n'est nul qui por li velle ; Elle est en grant peril
de RUTEBEUF dans 233
Quant Flores dort et ses cuers [son coeur] velle
dans Fl. et Bl. 1485
3
XIVe s.
Les gardes des cités doivent celui [Dieu] doubter, sans la garde duquel l'en veille pour noient
de J. DE VIGNAY dans Eschès, f° 74
4
XVIe s.
...le triste veiller m'est pire que la mort, Et le songe m'est vie heureuse et favorable
de Philippe DESPORTES dans Imitation de l'Arioste.
Il n'y en a point qui me veillent [surveillent] de si prez
de Michel de MONTAIGNE dans I, 108
Assez veille qui bien fait
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, veuy ; bourguig. vaillé ; provenç. velhar ; espagn. velar ; ital. vigliar ; du latin, vigilare, qui vient de vigil, éveillé ; comparez le goth. vakan, allem. wachen, veiller.

Synonymes de VEILLER

Termes proches de VEILLER

Phonétiquement proche de VEILLER