Définition de MILLE
Prononciation : mi-l'
DÉFINITIONS
1
Dix fois cent. Mille hommes. Mille un fagots. Mille deux, mille trois, mille vingt. Deux mille. Dix mille. Cent mille.Après mille ans et plus de guerre déclarée
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. III, 13
Quoi ! pour noyer les Grecs et leur mille vaisseaux....
de Jean RACINE dans Iph. V, 4
Si un chef n'a eu que le bonheur de faire égorger deux ou trois mille hommes, il n'en remercie pas Dieu ; mais, lorsqu'il y en a eu environ dix mille exterminés par le feu et par le fer, et que, pour comble de grâce, quelque ville a été détruite de fond en comble, alors....
2
Un grand nombre.Mille autres accidents bourreaux de notre vie
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. XI
Mille songes affreux, mille images sanglantes, Ou plutôt mille amas de carnage et d'horreur
de Pierre CORNEILLE dans Hor. I, 3
M. Coëffeteau disait : après mille fatigues et mille peines ; M. de Malherbe condamne cette façon de parler ; mais c'était à tort, puisqu'elle est usitée généralement de tout le monde
de Claude Favre de VAUGELAS dans Nouv. rem. p. 437, dans POUGENS
Mme de Chaulnes, qui vous fait mille amitiés
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 525
Mme de Villars m'a chargée de mille et mille tendresses pour vous
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 310
On lui dit mille fois que la franchise n'était pas une vertu de la cour
de Esprit FLÉCHIER dans Duc de Mont.
Et si par un chemin il [l'ennemi] entre en tes États, Qu'il en sorte par plus de mille
de Jean RACINE dans Esth. III, 3
Ô bienheureux mille fois L'enfant que le Seigneur aime !
de Jean RACINE dans Athal. II, 9
Sans hésiter, je donnerais mille vies pour obtenir la paix
On faisait quelquefois souffrir mille morts à un innocent pour lui faire avouer un crime qu'il n'avait pas commis
Tu dis au temps d'enfanter, Et l'éternité docile, Jetant les siècles par mille, Les répand sans les compter
de Alphonse de LAMARTINE dans Harm. II, 1
Mille gens, et, elliptiquement, mille.
Moi ! je serais cocu ?- Vous voilà bien malade ! Mille gens le sont bien....
La cour de Claudius, en esclaves fertile, Pour deux que l'on cherchait en eût présenté mille
de Jean RACINE dans Brit. I, 2
Mille autres mieux que moi pourront vous en instruire
de Jean RACINE dans Bérén. III, 3
3
Les Mille et une nuits, titre d'un recueil de contes arabes. Les Mille et un jours, titre d'un recueil de contes orientaux.Sémantique : Par extension. Mille et une, s'est dit pour un très grand nombre.
Vous avez vu apparemment cette phrase dans une des mille et une brochures qu'on a faites contre mon ami, et vous la répétez au hasard : je vous jure, monsieur, qu'elle n'est pas de lui
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Un chrét. contre 6 juifs, ch. 17
4
Pris substantivement. Mille multiplié par vingt, par cent donne tant.On dit aussi le nombre mille, le numéro mille.
5
Nature : S. m. Un mille, mille objets d'une certaine nature. Un mille de fagots. Cela se vend tant le mille.Sémantique : En termes de paveur, grand mille, onze cent-vingt-deux pavés que l'on vend pour mille. Cette manière de compter se nomme usage de rivière ; le mille ordinaire est de mille vingt, MORISOT.
Sémantique : Populairement, des mille et des cents, une grande quantité.
REMARQUE
1
1. Dans la supputation ordinaire des années, quand mille est suivi d'un ou de plusieurs autres nombres, on retranche la dernière syllabe : l'an mil huit cent soixante deux, et non pas mille. On n'emploie mil que quand la date commence par cet adjectif numéral et Mercier a donné pour titre à son ouvrage : L'an deux mille quatre cent quarante. Mais Béranger a écrit par licence : Bénissons Dieu, Qui met chaque chose en son lieu : Celles-ci sont pour l'an trois mil ; Ainsi soit-il, Ainsi soit-il !2
2. L'adjectif bon et peut-être aussi l'adjectif beau se placent au féminin pluriel devant mille livres (monnaie), dans le langage familier :Quarante bonnes mille livres de rente sont quelque chose de bon
HISTORIQUE
1
XIe s.Set cenz chameauz et mil autours muez
dans Ch. de Rol. 111
2
XIIe s.De l'or d'Espegne vaut dis mille mangons
dans Ronc. 29
Cil devant sont cent milie o [avec] escuz
dans ib. 45
De mil souspirs que je li doi par dete
dans Couci, VI
Bien aurons cent mile homes dedans quarante jours
dans Sax. XXVII
3
XIIIe s.Seigneur, sachiés que mil et cent et quatre-vins et dis huit ans après l'incarnation Jhesu-Crist ot un saint home....
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans I
Et sont en sa compaigne plus de mil et sept cent
dans Berte, IX
[Je] Ne vous feroie mal pour mil mars d'or pesé
dans ib. CXIV
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. espagn. et portug. mil ; ital. mille ; du lat. mille, que Corssen rattache à un radical sanscrit mil, réunir, rassembler.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
Sémantique : Populairement, mettre dans le mille, réussir en plein ; locution tirée du jeu de tonneau, où le palet qui tombe dans la gueule de la grenouille figurée sur la table du jeu, amène le mille, qui est le plus fort numéro.2
Arbre de mille ans, le baobab, adansonia digitata, L., BAILLON, Dict. de botan. p. 257.