Définition de AIDE

DÉFINITIONS - PROVERBES - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ê-d'

DÉFINITIONS

1
Secours, protection. Demander de l'aide à quelqu'un. Leur aide nous fut très utile. Il recourra, dans le besoin, à notre aide. Ils appelèrent le temps à leur aide. Il fit cela avec l'aide de ses amis. Vous êtes toute son aide. Il n'a pas eu d'autre aide que les livres qui étaient sous sa main.
Pompée a besoin d'aide, il vient chercher la votre
Tu t'es vengé sans aide et tu veux m'en donner
de Pierre CORNEILLE dans ib. III, 4
Et puisqu'il faut en faire une aide à ma faiblesse
Ce monsieur, son pédant à son aide réclame
Reposez-vous : usez du peu que nous avons ; L'aide des dieux a fait que nous le conservons
de Jean de LA FONTAINE dans Phil. et Bau.
2
Donner aide, assister.
... je puis vous donner aide En ce besoin
de Jean de LA FONTAINE dans Fais.
3
Être, venir en aide, seconder, secourir.
Dieu vous soit en aide ! locution dont on se sert quand quelqu'un éternue.
Toute ma conversation se passe à dire grand merci à ceux qui me disent : Dieu vous soit en aide
D'un Dieu vous soit en aide alors qu'on éternue
Ainsi Dieu me soit en aide, espèce de serment pour affirmer solennellement une chose. Je le ferai, ainsi Dieu me soit en aide.
4
À l'aide ! loc. adv. ellipt. venez au secours, à l'aide.
Aïe ! aïe ! à l'aide ! au meurtre ! au secours ! on m'assomme !
5
À l'aide de, loc. prépos. Par le moyen de. À l'aide d'un temps favorable il débarqua dans l'île. À l'aide de cette erreur.
Que tu sais bien, Racine, à l'aide d'un acteur, Émouvoir, étonner, ravir un spectateur !
6
Église, chapelle, succursale d'une église paroissiale dont les habitants sont trop éloignés. Sainte Marguerite était une des aides de la paroisse Saint-Paul.
7
Nature : S. f. plur. Se disait des subsides, des levées de deniers qui se faisaient sur le peuple, pour aider à soutenir les dépenses de l'État. Octroi des aides, fermier des aides. Les aides montent à tant. Les contributions indirectes ont remplacé les aides.
Il me fit entendre qu'il cachait son vin à cause des aides
Entrerai-je dans le huitième denier ou dans les aides ?
de Jean de LA BRUYÈRE dans 14
Cour des aides, compagnie supérieure, qui jugeait des affaires concernant ces sortes de subsides. Président, conseiller à la cour des aides.
Le président Amelot fut désavoué publiquement par la cour des aides
Il se disait aussi du lieu où cette compagnie s'assemblait. Vous le trouverez à la cour des aides.
Au figuré et par plaisanterie, aller à la cour des aides, aller aux emprunts, faire faire une partie de son travail par un autre.
8
Sémantique : En termes de manége, aide s'entend des moyens par lesquels le cavalier agit sur son cheval. Les aides supérieures sont celles des mains ; elles agissent par l'intermédiaire des rênes. Les aides inférieures sont celles des jambes ; elles agissent par les cuisses, les jarrets, le gras des jambes, l'éperon et l'étrier. Le cavalier a les aides fines quand il les emploie avec méthode et précision. Le cheval a les aides fines lorsqu'il est très sensible aux aides. On le dit quelquefois au singulier : Le cheval sans aucune aide.... Donner les aides extrêmement fines, bien manier un cheval.

PROVERBES

1
Exemple : Un peu d'aide fait grand bien.
2
Exemple : Bon droit a besoin d'aide, c'est-à-dire quelque évident que soit un droit, il est bon de le faire appuyer.

SYNONYME

1
AIDE, ASSISTANCE, SECOURS. Aide est le terme le plus général : on aide quelqu'un quand on lui rend un service dont il a besoin ; il ne peut faire une chose, il n'est pas assez fort ; on lui vient en aide. On lui vient en aide encore par de l'argent. Secours est plus particulier ; il indique non pas seulement que la personne a besoin de quelque chose, mais qu'elle est précisément dans un péril, dans une situation pénible, embarrassée. Celui qu'on aide fait quelque chose qu'il ne peut terminer seul ; celui qu'on secourt a besoin qu'on le tire de gêne, d'embarras, de péril. Assistance se rapproche beaucoup d'aide, sauf en un point, c'est que assistance rappelle à l'esprit son étymologie qui est assister, être présent à, être auprès de ; cela limite beaucoup l'emploi de ce mot. À plus forte raison faut-il écarter de la synonymie appui, que quelques-uns font entrer ici : appui a toujours avec lui son sens étymologique qui indique en quelles circonstances on peut le préférer à aide, à secours, à assistance.

HISTORIQUE

1
IXe s.
E in adjudha
dans Serment
2
XIe s.
De Mahomet jà n'i aurez aiude
dans Ch. de Rol. CII
Chevauche, reis, besoin [nous] avons d'aïe
dans ib. CXXIV
3
XIIe s.
Dex me soit en aïe....
dans Ronc. p. 28
Mais comandez qu'il ait aïue grant
dans ib. p. 35
Tres dout [je crains fort] qu'il faillit d'aïe [qu'il manquât à secourir] Au roi où il fut alés
de HUES DE LA FERTÉ dans Romancero, p. 126
Car bien doit losangier qui mestier [besoin] a d'aïe....
dans Sax. VII
Nos forces, nos aïes [nous] lui metons en defois [refus]
dans ib. XVIII
Si me feront aïde, se Deu plait, bonement
dans ib. XX
4
XIIIe s.
À l'aide de Dieu sa voie [elle] a rassenée [reprise]
dans Berte, XLVI
Bien a Diex et sa mere bui esté en m'aïue
dans ib. LII
Là [elle] remest [demeure] toute seule, Diex lui soit en aïe
dans ib. CIX
Si vraiement me fasse Diex à la fin aïue
dans ib. CXXIV
Et li autre s'en alerent à Gienes et à Pise, pour savoir quel aïe il vouldroient faire à la terre d'outre-mer
Biel signor, se vous voliés, je entreprendroie ceste besoigne et le [la] meneroie à fin à l'aiuwe de Dieu et le [la] vostre
dans Chr. de Rains, p. 155
Et li papes li remanda que, s'il ne le faisoit, il l'escumenieroit et lui et toutes ses aydes
dans ib. 157
Quant Eve vit qu'ele a perdue Sa brebiz, s'ele n'a aïue, Bret et crie forment, ha ! ha !
dans Ren. 68
Chasteé, qui dame doit estre Et des roses et des boutons, Iert assaillie des gloutons, Si qu'el avoit mestiers [besoin] d'aïe, Car Venus l'avoit envaïe
dans la Rose, 2861
... car quant il vodront, Lor aïdes au roi toldront, Et li rois tous seus demorra Si tost com li pueple vorra
dans ib. 5324
Porce ne doit il pas aler à l'aide de l'autre partie
de Philippe de BEAUMANOIR dans V, 12
Il est grans besoins que cascune juridictions mete s'ayde en fere tenir les testamens qui sont à droit fet
de Philippe de BEAUMANOIR dans XII, 1
Qui fet ayde au bani du segneur, ne le recete, il quiet en l'amende du segneur à se [sa] volenté
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXIV, 32
L'aide que Dieu li fist fu tele
Et disait li rois que le conte de la Marche l'avoit envoyé querre ; car il disoit que il trouverait grant aide en France
5
XVe s.
Le duc d'Anjou avoit en Languedoc cueilli une aide si grande et si grosse qu'elle avoit bien monté à deux cent mille francs
Et si avoit [le duc de Normandie] son partage en bonne valleur, car il prenoit tailles et aydes, et n'y avoit le roy riens que son hommage et ressort
de Philippe de COMMINES dans II, 15
Les hommes fievés font à leur seigneur cinq droites aides
Tailles ne sont mie aydes ; car tailles sont levées par cas de necessité et de volenté de prince ; mais celles aydes nul ne peut lever, si ce n'est au cas pour quoy elles sont deues
Aydes chevels sont dits chevels pour ce que l'on les doit rendre as seigneurs chevels
Aide de relief est deue quand le seigneur meurt et son hoir releve vers celui de qui il tenoit son fief
6
XVIe s.
En cela nous avons une bonne aide pour conformer nos consciences à la foi que nous devons avoir en luy
Je vous prie bien affectueusement luy donner en son dict affaire le meilleur ayde que vous pourrez
J'ay grant peur que sans vostre bonne aide et celle de Dieu, nous aurons bien affaire à sa fille
L'on doit venir par action [en justice, non par saisie] pour loyaux aides ou chevels
de Antoine LOYSEL dans 604
Loyaux aides (ou aides en 4 cas) sont coutumierement dus pour chevalerie du seigneur ou de son fils ainé ; pour mariage de fille ainée ; pour rançon et voyage en la terre sainte
de Antoine LOYSEL dans 605
Les catholiques qui pensaient avoir aide [part] à la prise, qui mesmes venoient avec armes pour vanter leur assistance, furent traittez de mesme
Car l'esprit ne sent rien que par l'ayde du corps
de Pierre de RONSARD dans 238

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, aïde ; picard, ayude, eyude ; provenç. ajudha, ajuda, ahia ; espagn. ayuda ; ital. aita ; d'un bas-latin adjuta, du supin adjutum, de adjuvare, de ad, à (voy. à), et juvare, aider, plaire. Les anciennes formes françaises sont aïude, aïue, aïde, aïe. Les formes ahia, aita, aïde, aïe, qui sont congénères, ne s'expliquent qu'en supposant qu'à côté d'adjutum avec u long, il y a eu un adjutum avec u bref, d'où un déplacement de l'accent et par suite, aïde. À Paris, dans le peuple on dit souvent aïde. On prononçait ainsi dans le XVIe siècle, comme l'indique Palsgrave, p. 11. Dans le XVIIe s. Chifflet, Gramm. p. 197, recommande de ne séparer jamais l'i, ainsi que quelques-uns qui prononcent mal.

Synonymes de AIDE

Phonétiquement proche de AIDE