Définition de RFUTATEUR

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : pa-trie

DÉFINITIONS

1
Pays où l'on a pris naissance.
Mourir pour sa patrie est un sort plein d'appas Pour quiconque à des fers préfère le trépas
de Pierre CORNEILLE dans Oedipe, II, 3
Chacun songe comment il s'acquittera de sa condition ; mais, pour le choix de la condition et de la patrie, le sort nous le donne
de Blaise PASCAL dans Pens. XXV, 80, édit. HAVET.
Une reine fugitive qui ne trouve aucune retraite dans trois royaumes, et à qui sa propre patrie n'est plus qu'un triste lieu d'exil
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Reine d'Anglet.
Homère est encore et sera toujours ; les receveurs de droits, les publicains ne sont plus ; ont-ils été ? leur patrie, leurs noms sont-ils connus ?
de Jean de LA BRUYÈRE dans VI
À tous les coeurs bien nés que la patrie est chère !
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Tancr. III, 1
Le premier qui a écrit que la patrie est partout où l'on se trouve bien est, je crois, Euripide dans son Phaéton
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Patrie.
Un républicain est toujours plus attaché à sa patrie qu'un sujet à la sienne, par la raison qu'on aime mieux son bien que celui de son maître
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pensées sur le gouvernement, 1752
Il y a dans tous les hommes un penchant à aimer leur patrie, qui tient plus à des causes morales qu'à des principes physiques
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. v, 9
La patrie nous donne mille plaisirs habituels que nous ne connaissons pas nous-mêmes avant de les avoir perdus
de Anne Staël-Holstein, dite Mme DE STAËL dans Corinne, XIV, 3
Reine du monde, ô France, ô ma patrie, Soulève enfin ton front cicatrisé ; Sans qu'à tes yeux leur gloire en soit flétrie, De tes enfants l'étendard s'est brisé
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Enf. de la Fr.
C'est un si grand malheur de pleurer la patrie !
de P. LEBRUN dans Cid d'Andal. II, 2
Sémantique : Fig.
Pour moi point de patrie, où vous ne serez pas
de Pierre CORNEILLE dans Toison d'or, II, 2
L'univers est la patrie d'un grand homme
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. philos. V, 10
2
Sémantique : Particulièrement. Province, ville où l'on est né. Marseille est sa patrie.
La petite patrie, la localité où l'on est né, et aussi la famille.
Comme si ce n'était point par la petite patrie, qui est la famille, que le coeur s'attache à la grande
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. V
3
Sémantique : Fig. La nation dont on fait partie, la société politique dont on est membre.
J'aurais mauvaise grâce de chercher de la gloire et des avantages par des choses qui ne sont pas de ma profession ; mais je suis Français très affectionné à ma patrie....
de VAUBAN dans Dîme, p. 2
Il n'y a point de patrie dans le despotique ; d'autres choses y suppléent, l'intérêt, la gloire, le service du prince
de Jean de LA BRUYÈRE dans X.
Que me servirait, comme à tout le peuple.... que ma patrie fût puissante et formidable, si, triste et inquiet, j'y vivais dans l'oppression ?...
de Jean de LA BRUYÈRE dans X.
L'ambassadeur [du roi de Sicile].... avait ordre de faire tous ses efforts pour l'engager [M. Delisle] à passer dans les États de ce prince.... l'amour de la patrie le retint, et peut-être aussi l'espérance qu'elle n'aurait pas l'ingratitude assez ordinaire à toute patrie
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Delisle.
Une patrie est un composé de plusieurs familles ; et, comme on soutient communément sa famille par amour-propre, lorsqu'on n'a pas un intérêt contraire, on soutient par le même amour-propre sa ville ou son village qu'on appelle sa patrie
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Patrie.
Ce ne sont ni les murs ni les hommes qui font la patrie ; ce sont les lois, les moeurs, les coutumes, le gouvernement, la constitution, la manière d'être qui résulte de tout cela
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lett. à Pictet, Corresp t. VI, p. 91
Vaut-il mieux avoir éclairé le genre humain qui durera toujours, que d'avoir ou sauvé ou bien ordonné une patrie qui doit finir ?
de Denis DIDEROT dans Claude et Nér. II, 75
L'État n'est plus un corps, et l'on n'a pas vu qu'il fallait des siècles pour y rétablir cette unité qu'on appelle patrie, et qui est l'ouvrage insensible et lent de l'habitude et de l'opinion
de Jean-François MARMONTEL dans Bélisaire, ch. 11
Patrie commune, l'État dans lequel on possède des droits politiques.
4
La mère patrie, voy. MÈRE, n° 25.
5
Sémantique : Par extension, contrée, climat propre à certains animaux. Les régions arctiques sont la patrie de l'ours blanc. La patrie des palmiers.
6
Sémantique : Fig. Il se dit des contrées, des villes où fleurissent, où sont en abondance certaines espèces d'hommes ou de choses. Athènes fut la patrie des philosophes. Ce pays est la patrie des sciences et des lettres.
7
La céleste patrie, le ciel, le séjour des bienheureux.

HISTORIQUE

1
XVe s.
Suivant le proverbe qui porte qu'il est licite à un chacun et louable de combatre pour sa patrie
de J. CHARTIER dans Hist. de Charles VII, p. 147
2
XVIe s.
Le devoir en quoi je suis obligé à la patrie
de Joachim DU BELLAY dans Défense et illust. de la langue fr. II, 1
Qui me faict supplier V. M. de me honorer d'un aultre departement et bien esloigné de ma patrie [de la province où je suis né]
de Vincent CARLOIX dans IX, 1
Pour la patrie, c'est un beau mot
de BAÏF dans les Sciences et enseignements, II

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, patreie ; du lat. patria, patrie, de pater, père. Ménage dit que patrie n'était pas usité du temps de Henri II, vu que Charles Fontaine le reproche comme un néologisme à du Bellay : " Qui a païs, n'a que faire de patrie ....le nom de patrie est obliquement entré et venu en France nouvellement et les autres corruptions italiques, " Quintil Horatian, p. 185. D'un autre côté on a dit que patrie datait de François Ier. François Ier était un roi vraiment national ; c'est sous son règne, c'est au XVIe siècle que le mot patrie fut transporté de la langue latine dans la nôtre, A. DE ST-PRIEST, les Guise, Revue des DeuxMondes, 1er mars 1850, p. 825. Mais le mot est plus ancien ; l'historique le montre.

Synonymes de PATRIE

Termes proches de PATRIE