Définition de PITOYABLE
Prononciation : pi-to-ia-bl' ; plusieurs disent pi-toiia-bl'
DÉFINITIONS
1
Qui est naturellement enclin à la pitié.Qu'à la fin mes ennuis la rendent pitoyable [ma dame], Pourvu que je la serve à son contentement
de François de MALHERBE dans V, 23
Si le ciel pitoyable eût écouté ma voix
de Pierre CORNEILLE dans Hor. III, 5
La femme du meunier, pitoyable comme une femme, lui fit dresser un lit et le fit coucher
de Paul SCARRON dans Rom. com. II, 16
Le missionnaire rendait les maîtres plus pitoyables et les esclaves plus vertueux
Il se dit en ce sens des sentiments, des regards, etc.
Il n'y eut jamais une tristesse pareille à la mienne ; et, si j'osais écrire des lettres pitoyables, je dirais des choses qui vous feraient fendre le coeur
de Vincent VOITURE dans Lett. XI
J'entre en des sentiments qui ne sont pas croyables, J'en ai de violents, j'en ai de pitoyables.... J'aime ce malheureux....
de Pierre CORNEILLE dans Poly. III, 5
....Allez, je vous fais grâce, Je jette encore un oeil pitoyable sur vous
Il vieillit en cet emploi, et pour l'employer il faut en bien choisir la place.
En style d'anciennes ordonnances, lieux pitoyables, les hôpitaux, maladreries, etc.
2
Qui excite la pitié.Je jure donc par vous, ô pitoyable reste [cendres de Pompée]...
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. v, 1
Je voudrais pouvoir me dispenser de vous représenter un si pitoyable spectacle
de Esprit FLÉCHIER dans Panég. II, 363
Nature : Substantivement.
Est-il moins dans la nature de s'attendrir sur le pitoyable que d'éclater sur le ridicule ?
de Jean de LA BRUYÈRE dans I
3
Sémantique : Par dénigrement. Méprisable, mauvais dans son genre.Quels pitoyables vers ! quel style languissant !
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. X
Je ne m'amuserai point à prouver ici combien sont pitoyables tous ces raisonnements
Cela est pitoyable, se dit d'un acte, d'une parole qui ne mérite aucune attention sérieuse.
On m'a bien reproché cet embrasement du temple d'Éphèse ; toute la Grèce en a fait beaucoup de bruit ; mais en vérité cela est pitoyable ; on ne juge guère sainement des choses
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Dial. 1, Morts anc.
Il se dit aussi des personnes. Un poëte pitoyable.
Il [le duc de Montmouth] paraît partout tel qu'il était dans sa conduite, téméraire dans ses entreprises, incertain dans l'exécution, et pitoyable dans les extrémités où beaucoup de fermeté doit au moins répondre à la grandeur de l'attentat
de Antoine HAMILTON dans Gramm. X
HISTORIQUE
1
XIIIe s.Ele ot le cuer si piteable, Et si dous et si amiable...
dans la Rose, 1211
2
XVe s.[Sa grâce] n'estoit pas trop difficile de conquerre, tant estoit douce et pitiable
de LOUIS XI dans Nouv. XXXIV
3
XVIe s.Le pape ne peut convertir aucuns legs, ores qu'ils fussent pitoyables [pieux], en autre usage contre la volonté des deffunts
de P. PITHOU dans 25
Chelonys, fille et femme de roys de Sparte.... n'ayant aultre choix que de se jecter au party où elle faisoit le plus de besoing, et où elle se montroit plus pitoyable
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 284
Les gestes et mouvements pitoyables.... d'un homme mourant en angoisse
de Michel de MONTAIGNE dans II, 131
Les grimaces de la vieillesse, ces grimaces difformes et pitoyables
de Michel de MONTAIGNE dans III, 382
ÉTYMOLOGIE
1
Pitoyer, qui se trouve dans a-pitoyer, et qui vient de piteux ; prov. piatable.