Définition de MAUDIT, ITE

DÉFINITIONS -

Prononciation : mô-di, di-t'

DÉFINITIONS

1
Frappé de malédiction. Caïn maudit de Dieu.
Et le sang répandu de mille conjurés Rend mes jours plus maudits et non plus assurés
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, IV, 3
Le mérite et l'esprit ne sont plus à la mode ; Un poëte.... s'y voit [à Paris] maudit de Dieu
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. I
Substantivement, un maudit, une maudite, celui, celle contre qui une malédiction a été prononcée.
Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Évang. saint Math. 25, 41
Je suis un fugitif, un profane, un maudit
de Casimir DELAVIGNE dans Paria, I, 1
Par ses propres fureurs le maudit se dévoile ; Dans le démon vainqueur on voit l'ange proscrit
de Victor HUGO dans Od. I, 4
2
Digne de malédiction, en parlant des choses.
Et l'ingrat a pu faire un acte si maudit
de Jean de MAIRET dans Soliman, II, 4
Dis-nous les compagnons de tes maudites trames
de DU RYER dans Scévole, V, 4
Maudite ambition, détestable manie
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 3
Ces maudites maximes [des casuistes]
de Blaise PASCAL dans Lett. à Mlle de Roannez, 6
3
Dont on se plaint avec impatience ou colère.
Ce maudit tailleur me fait bien attendre pour un jour où j'ai tant d'affaires
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Bourg. gent. II, 7
Ô ciel ! que l'heure de manger Pour être mis dehors est une maudite heure !
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Amphitr. III, 7
J'ai su faire des vers avant que de connaître Les chagrins attachés à ce maudit talent
de DESHOUL. dans Poés. t. I, p. 42
Une école maudite Me coûte, en un moment, douze trous tout de suite ; Que je suis un grand chien ! parbleu, je te saurai, Maudit jeu de trictrac, ou bien je ne pourrai
de Jean-François REGNARD dans le Joueur, I, 4
J'ai été très fâché qu'on ait poussé trop loin la philosophie ; ce maudit livre du Système de la nature est un péché contre nature
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. en vers et en prose, 170
J'ai cruellement souffert de ma maudite vessie durant une assez grande partie du mois de novembre
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. au roi de Pr. 13 déc. 1782
4
Très mauvais.
Le style de la Calprenède est maudit en mille endroits
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 67
J'ai vu Ariane [tragédie de Th. Corneille] pour elle seule [la Champmeslé] ; cette comédie est fade, les comédiens sont maudits ; mais, quand la Champmeslé arrive, on entend un murmure ; tout le monde est ravi, et l'on pleure de son désespoir
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 1er avr. 1672
5
Sémantique : Par imprécation.
Maudit soit le butor, le maladroit ! Que maudit soit l'amour, et les filles maudites Qui veulent en tâter, puis font les chattemites !
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Dép. amour. V, 4
Martine : Que maudits soient l'heure et le jour où je m'avisai d'aller dire oui ! - Sganarelle : Que maudit soit le bec cornu de notaire qui me fit signer ma ruine !
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Méd. malgré lui, I, 1
Maudit soit l'auteur dur, dont l'âpre et rude verve, Son cerveau tenaillant, rima malgré Minerve....
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épigr. XI

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