Définition de GAIN

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ghin ; l'n ne se lie pas : un ghin excessif ; au pluriel, l's se lie : des ghin-z excessifs

DÉFINITIONS

1
Ce que l'on gagne, ce que l'on obtient en fait d'argent ou de valeurs. Mettre en commun le gain et la perte.
Il risque de nouveau le gain qu'il avait fait ; Mais rien, pour cette fois, ne lui vint à souhait
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 14
L'espérance du gain n'est pas ce qui me flatte
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Ét. I, 10
Travaillez pour la gloire, et qu'un sordide gain Ne soit jamais l'objet d'un illustre écrivain
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art. p. IV
Un vil amour du gain, infectant les esprits, De mensonges grossiers souilla tous les écrits
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib. IV
2
Sémantique : Fig. Avantage, succès, réussite dans une entreprise, une affaire.
Je tire un double gain d'un si petit dommage
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Élég. II
Il [Dieu] nous assure en notre peur, Et nous donne gain de nos pertes
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Hymne.
Mourir c'était un gain selon son estime, parce que c'était passer dans le sein de Dieu et arriver au terme du salut
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. I, p. 46
Comme si sauver son âme ne valait pas mieux que le gain du monde entier
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Panég. St-Benoît.
3
Sémantique : Terme de droit. Gains nuptiaux ou mieux gains de survie, avantages qui se font entre époux en faveur du survivant.
Gains et épargnes, acquisitions que font les enfants en dehors des biens paternels et maternels.
4
Le gain d'une bataille, l'action de remporter une victoire.
Montrez-lui comme il faut s'endurcir à la peine.... Et ne devoir qu'à soi le gain d'une bataille
de Pierre CORNEILLE dans Cid, I, 3
5
Gain d'un procès, avantage dans un procès obtenu par sentence des juges.
Gain de cause, l'avantage que l'on obtient dans un procès, et, par extension, dans un débat quelconque.
Vous venez d'entendre ses propres paroles [de Jurieu], et il donne gain de cause aux tolérants, qui ne sont que des sociniens déguisés
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 1er avert. 46
Un jour, Louis XIV jouant au trictrac, il y eut un coup douteux.... Eh sire [dit le comte de Grammont qui donna trot au roi, sans avoir vu le coup], ne voyez-vous pas que, pour peu que la chose eût été seulement douteuse, tous ces messieurs vous auraient donné gain de cause ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans S. de Louis XIV, 28
6
Le gain d'une partie, l'avantage obtenu dans une partie de jeu.
Se retirer sur son gain, quitter le jeu lorsqu'on a gagné.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
De tout vostre gaaing ne vous demant-je mie
dans Sax. VII
Al jour del jugement, quant Dex tiendra ses plais, Or ont li pecheor grant gaain de lor fais [actions]
dans ib. X
2
XIIIe s.
Et li empereres Henris ot rassemblés ses os [armées] qui orent amené leur guains à garison tresques en l'ost [qui avaient ramené leur butin en sûreté jusqu'à l'armée]
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans CLXVI
À meschief l'ai nourry [un cheval] cest yver de mon gain
dans Berte, LXXIII
Fui laid gaaing comme perte
de Brunetto LATINI dans Trésor, p. 362
Plusors gaains et plusors pertes avienent souvent par compaignie [association], selonc nostre coustume
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXI, 1
Li autre oir n'emporteront point gaaing du plet
de Philippe de BEAUMANOIR dans XII, 24
3
XIVe s.
Le gaaing doit estre appellé perte, qui sa bonne fame [réputation] ne garde.
dans Ménagier, I, 9
4
XVe s.
Nous defendons que nul creancier ne face renouveler lettres de creance et obligations de sa debte, par quoy le gain se convertisse en sort ni en autre maniere d'usure ou interest
dans Ordonn. des rois, t. II, p. 311
5
XVIe s.
Un hardi cueur aymeroit mieux mourir, Quand ennemy il voit en la campaigne, Qu'il n'y allast, soit à perte ou à gaigne
de Jean des Mares ou Des Marets, dit Jean MAROT dans V, 108
Elle feit si bien qu'elle gaigna [une partie de jeu], et demanda Mesabates pour son gaaing
de Jacques AMYOT dans Artax. 21
Ce qui est donné par forme de gain nuptial (qu'on appelle au pays de Lognes), en traicté de mariage ne gist point en restitution
dans Coust. gén. t. II, p. 518
D'injuste gain, juste daim [dommage]
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 131
Du gain l'odeur a bonne saveur
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans ib.

ÉTYMOLOGIE

1
Voy. GAGNER ; wallon, wâgn ; provenç. gazanh, guazanh, gazainh, guazaing, gaanh, gaaing ; anc. catal. gazagn, guadagn ; ital. guadagno. Il y a dans l'ancien français gaaing, et gaing ou vain, qui signifie herbe de pâturage, et, par extension, automne, qui est en italien guaime, en wallon wayen, en lorrain veyen, en normand vouin, et qui se trouve dans le français re-gain (voy. REGAIN) ; c'est le sens propre du mot, correspondant au sens propre de gagner ou gaagner.

Synonymes de GAIN