Définition de CRNUL, E

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : to-nê-r' ; d'après Palsgrave, p. 7, au XVIe siècle, la première syllabe se prononçait ton, comme dan

DÉFINITIONS

1
Bruit plus ou moins fort et plus ou moins prolongé qui accompagne la foudre.
Un jour, un jour viendra que par toute la terre Rome se fera craindre à l'égal du tonnerre
de Pierre CORNEILLE dans Hor. III, 5
Je veux suivre l'Écriture de mot à mot et de parole à parole ; il ne faut point que l'homme parle, et je ne veux pas ici contrefaire la voix de Dieu, ni imiter le tonnerre
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 3e sermon pour le premier dimanche de l'Avent, Préambule
Ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte !
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Ma voix ferait sur eux les effets du tonnerre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mahom. II, 5
[à l'Opéra] le tonnerre est une lourde charrette qu'on promène sur le cintre, et qui n'est pas le moins touchant instrument de cette agréable musique
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. II, 23
La voix du tonnerre lointain
de P. LEBRUN dans Voy. de Grèce, III, 1
Sémantique : Fig. Voix de tonnerre, voix très forte, très éclatante.
N'allez pas dès l'abord.... Crier à vos lecteurs d'une voix de tonnerre : Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. III
Il a un teint basané, une voix de tonnerre
de A. DUVAL dans les Héritiers, SC. 17
Sémantique : Fig. C'est un tonnerre, se dit d'un homme dont la voix est assourdissante.
Sémantique : Fig. Un coup de tonnerre, coup fatal.
Trône, à t'abandonner je ne puis consentir ; Par un coup de tonnerre il vaut mieux en sortir
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. v, 1
M. de Pompone demanda s'il ne pourrait point avoir l'honneur de parler au roi, et savoir de sa bouche quelle faute avait attiré ce coup de tonnerre [la disgrâce]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 22 nov. 1679
En un autre sens, événement étonnant.
Quand je vois des gens fort heureux, je suis au désespoir : cela n'est pas d'une belle âme ; mais le moyen aussi de souffrir des coups de tonnerre de bonheur comme il y en a, dit-on, pour les inclinations ?
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Bussy, 19 déc. 1670
Sémantique : Familièrement. Il est fait en coup de tonnerre, il est mal bâti, tout de travers, par allusion à la forme en zigzag des traits de la foudre qui éclate.
2
Sémantique : Par extension, la foudre. Le tonnerre est tombé sur l'église.
[Dans la Fable] Ce n'est plus la vapeur qui produit le tonnerre, C'est Jupiter armé pour effrayer la terre
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. III
Dieu fit choix de Cyrus avant qu'il vît le jour.... Le fit naître et soudain l'arma de son tonnerre
de Jean RACINE dans Esth. III, 4
Le tonnerre n'est qu'un grand phénomène électrique ; Franklin le force à descendre tranquillement sur la terre ; et, s'il foudroya Ajax Oïlée, ce n'est pas assurément parce que Minerve était irritée contre lui
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Tonnerre, 1
Il y a des grands seigneurs dont il ne faut approcher qu'avec d'extrêmes précautions ; le tonnerre est de ce nombre ; on sait que le professeur de mathématiques Richman fut tué à Pétersbourg, en 1753, par la foudre qu'il avait attirée dans sa Chambre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans ib. 2
Avant les expériences de Franklin sur l'électricité, on se faisait des idées bien fausses du tonnerre
de SENNEBIER dans Ess. art d'obs. t. III, p. 7, dans POUGENS
Sémantique : Fig. Attirer le tonnerre, attirer les malheurs, et, en particulier, ceux de la guerre.
Seigneur, n'attirez point le tonnerre en ces lieux ; Rangez-vous du parti du destin et des dieux
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. I, 1
3
Image du tonnerre.
Il sera dieu ; même je veux Qu'il ait en sa main un tonnerre
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IX, 6
Les anciens peignaient Jupiter prenant le tonnerre composé de trois flèches brûlantes dans la patte de son aigle, et le lançant sur ceux à qui il en voulait ; la saine raison n'est pas d'accord avec ces idées poétiques
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Tonnerre, 1
4
Sémantique : Poétiquement, le séjour, la région du tonnerre, le ciel.
Le maître du tonnerre, le dieu qui lance le tonnerre, Jupiter.
C'est le pur sang du dieu qui lance le tonnerre
de Jean RACINE dans Iphig. v, 4
J'ai vu [à l'Opéra] le maître du tonnerre, Attentif au coup de sifflet, Pour lancer les feux sur la terre, Attendre l'ordre d'un valet
de PANARD dans Description de l'Opéra.
L'oiseau qui porte le tonnerre, l'aigle, oiseau de Jupiter.
Regardez dans Denain l'audacieux Villars Disputant le tonnerre à l'aigle des Césars
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Henr. VII
5
Sémantique : Par analogie et poétiquement, canon.
Cent/tonnerres de bronze ont donné le signal
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Fontenoi.
6
Sémantique : Fig. Il se dit de tout ce qui renverse comme la foudre.
Mélanchthon l'avait pris du beau côté, et voulait croire au commencement que, pour réveiller le monde, il ne fallait rien moins que les violences et le tonnerre de Luther
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. v, 3
Et sur le couple pâle et déjà demi-mort Fait tomber à deux mains l'effroyable tonnerre [un énorme in-folio]
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. v.
Ah ! c'est ici seulement, au milieu de tant de scandales, qu'il fallait faire retentir la parole sainte dans toute la force de son tonnerre
de BRIDAINE dans cité par MAURY, Éloq. de la chaire, XX
7
Partie renforcée du canon des armes à feu portatives, qui correspond à l'emplacement de la charge.
Dans certains obusiers, la partie qui est autour de la chambre.
8
Pierre de tonnerre, sorte de pierre qu'on croyait tomber avec le tonnerre, et qu'au XVIIe siècle on appelait carreau.
9
Un des noms du malapterurus electricus, poisson électrique.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Orez [orages] i ad de tuneire e de vent
dans Ch. de Rol. CIX
2
XIIIe s.
Cel jour [il] fist moult mal temps de tonnoirre et d'ecliste
dans Berte, XCII
N'il ne cort mie doucement, Ains descent si hideusement, Qu'il tempeste l'air en son oire [sa marche] Plus que nul orrible tonnoire
dans la Rose, 6054
Et quant espar [éclair] vient en tonnoire, Si repuet l'en sovent veoir Des vapeurs les pierres cheoir, Qui ne monterent mie pierres
dans ib. 16304
Chascun de ces deux anemis A l'un de cels sur son col mis ; D'iluec s'en tornerent grant oire ; Lor petit pas sanble tonoirre
de RUTEBEUF dans 322
3
XVe s.
Lors, comme se le tonnoire cheist du ciel....
de CHASTEL. dans Expos. sur verité mal prise.

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, tonîr, bourg. tonnarre ; namur. tonoire ; prov. toneire, tonedre ; du lat. tonitru.

Synonymes de TONNERRE

Termes proches de TONNERRE

Phonétiquement proche de TONNERRE