Définition de MIEL

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : mièl

DÉFINITIONS

1
Substance sucrée que les abeilles forment avec le suc des fleurs et qu'elles déposent dans les alvéoles de leurs ruches comme réserve alimentaire. Miel d'été. Miel de printemps. Miel blanc. Miel jaune.
Le refus des frelons fit voir Que cet art passait leur savoir, Et la guêpe adjugea le miel à leurs parties
Comme on voit les frelons, troupe lâche et stérile, Aller piller le miel que l'abeille distille
Aaron adore le veau d'or avec la foule, et Jonathas ne peut se défendre de goûter, du moins en passant, le miel funeste qu'il trouve sur son chemin
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Panég. St Bernard.
Le miel n'est autre chose que le nectar ou le suc sucré et aromatique que les abeilles ramassent dans les fleurs, et qu'elles portent dans leurs rayons pour leur propre nourriture dans la saison froide et pour celle de leurs petits
de FOURCROY dans Connaiss. chim. t. VII, p. 170, dans POUGENS
Le miel est la seule matière sucrée connue et employée dans l'antiquité, qui en faisait beaucoup de cas ; on a prétendu que les anciens savaient, par des procédés de purification analogues à ceux qu'on pratique pour le sucre, en extraire une matière solide et concrète susceptible de se conserver
de ID. dans ib. p. 169
Miel vierge, miel blanc qui a été tiré des ruches sans feu, et aussi miel qu'on recueille des jeunes abeilles.
La manière d'extraire le miel est fort simple : après avoir enlevé avec un couteau les petites lames de cire qui ferment les alvéoles, on expose les gâteaux sur des claies à une chaleur douce : bientôt la partie la plus pure du miel s'écoule goutte à goutte, on l'appelle miel vierge
de THENARD dans Traité de chimie, t. III, p. 178, dans POUGENS
On dit dans le même sens : miel de goutte.
Dans le commerce, miel vierge, nom du miel le plus pur.
Sémantique : Fig. et familièrement. Être tout sucre et tout miel, être plein de douceur, avoir la douceur qu'ont le sucre et le miel.
Hé ! qu'il est doucereux ! c'est tout sucre et tout miel
Le croyant sur la parole de Brancas tout sucre et tout miel ; mais.... le temps se brouilla
Parlons un peu de Pauline, ....je n'eusse jamais cru qu'elle eût été farouche, je la croyais toute de miel
Voilà, pour la duchesse de Noailles, une lettre toute pleine de miel et de sucre
Doux comme miel, plus doux que miel, extrêmement doux.
Tant bien sut dire et prêcher, que la dame, Séchant ses yeux, rassérénant son âme, Plus doux que miel à la fin écouta
de Jean de LA FONTAINE dans Richard.
Avec des mots choisis aussi doux que le miel, Sur les gens d'un mérite à craindre, On répand à grands flots le fiel
de DESHOULIÉRES dans Épître chagrine.
Sémantique : Fig. Cet orateur a toujours le miel sur les lèvres, ses paroles sont douces et flatteuses.
Un parler de miel, un langage doux et flatteur.
Et d'un parler de miel se va préconisant
2
Sémantique : Fig. et poétiquement. Extrême douceur d'une chose.
C'est sans doute, madame, une douceur extrême Que d'entendre ces mots d'une bouche qu'on aime ; Leur miel dans tous mes sens fait couler à longs traits Une suavité qu'on ne goûta jamais
Le miel qu'ici l'abeille eut soin de déposer, Ne vaut pas à mon coeur le miel de son baiser
Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie Ce calice mêlé de nectar et de fiel ; Au fond de cette coupe où je buvais la vie, Peut-être restait-il une goutte de miel
3
La lune de miel, le premier mois du mariage (voy. LUNE, n° 5).
Ils sont encore dans la lune de miel, ils ne connaissent du mariage que le plaisir.
4
Sémantique : Terme de pharmacie. Miel mercurial, médicament composé de parties égales de suc de mercuriale et de miel.
Miel rosat, médicament préparé avec des pétales secs de roses rouges que l'on fait infuser dans de l'eau bouillante.
5
Miel indien, miel de roseau, noms donnés primitivement au sucre.
Miel aérien, voy. MANNE 1, n° 4.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
[Je ferai] La char oindre de miel et lecher à mes ours
dans Sax. XXVII
2
XIIIe s.
Miel en tonnel li muiz doit trois oboles, la some un denier
dans Liv. des mét. 292
De la roche leur venoit li mieus
dans Psautier, f° 100
3
XVe s.
Qu'ils ne faisoient compte des menaces d'un varlet [Artevelle], fils d'un brasseur de miel
4
XVIe s.
Voici nager vers nous les syrenes riantes.... Et, contre les vaisseaux commençant les doux sons, Elles jetoient vers nous le miel de leurs chansons
de CERTON dans Odyssée, ch. XI
J'ay veu secher mes fleurs en leur prime saison, Le doux miel de mes jours se changer en poison
Puisque le miel d'amour, si comblé d'amertume, N'altere plus mon coeur comme il fit autrefois
Celuy gouverne bien mal le miel qui n'en taste
de Randle COTGRAVE dans
Qui n'a argent en bourse ait du moins du miel en bouche
de Randle COTGRAVE dans
Trop achepte le miel, qui sur espines le leche
de Randle COTGRAVE dans
Une abeille morte ne fait plus de miel
de Randle COTGRAVE dans
Nul miel sans fiel
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 357
Les flatteurs de l'amour ne chantent que leurs vices, Que vocables choisis à peindre les delices, Que miel, que ris, que jeux, amours et passe-temps, Une heureuse folie à consommer son temps

ÉTYMOLOGIE

1
Bourg. mié, mier ; pic. mié ; provenç. mel ; espagn. miel ; portug. mel ; ital. mele ; du lat. mel, mellis ; grec, goth. milith ; basbret. mél ; gaél. mil.