Définition de VAINQUEUR
Prononciation : vin-keur
DÉFINITIONS
1
Celui qui a vaincu.La fortune se plaît à faire de ces coups ; Tout vainqueur insolent à sa perte travaille
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 13
Tu céderas, ou tu tomberas sous ce vainqueur [Louis XIV], Alger, riche des dépouilles de la chrétienté
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
Ni les chevaux ne sont vites, ni les hommes ne sont adroits que pour fuir devant le vainqueur
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Les Romains ne firent jamais la paix qu'en vainqueurs
Du temps de la république romaine, ce désir d'être honoré par des statues, des couronnes de laurier et des triomphes, rendit les Romains vainqueurs d'une grande partie du monde
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pol. et lég. Pensées adm. publ. 24
Le vainqueur de Pharsale, de Rocroy, d'Austerlitz, etc. celui qui a vaincu à Pharsale, à Rocroy, à Austerlitz, etc.
Nature : Absolument.
Ce peu que mes vieux ans m'ont laissé de vigueur Se consume sans fruit à chercher ce vainqueur [Rodrigue]
de Pierre CORNEILLE dans Cid, III, 5
2
Celui qui a remporté un avantage sur ses concurrents, ses rivaux. Il sortit vainqueur de la discussion. Être vainqueur à la course, à la lutte.Les vainqueurs, se dit quelquefois des jeunes garçons qui ont remporté les prix dans les colléges.
3
Celui qui a surmonté des difficultés, dompté des passions. Le sage est vainqueur de ses passions. Vainqueur de tous les obstacles.Il se dit au féminin. La femme demeura vainqueur.
4
Dans le langage de la galanterie, l'objet aimé.Garde-toi de nommer mon vainqueur
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. I, 7
Tous les discours [au théâtre] où une personne de son sexe parle de ses combats, où elle avoue sa défaite, et l'avoue à son vainqueur même, comme elle l'appelle
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Comédie, 4
Il se dit aussi d'une femme.
Aurais-je pour vainqueur dû choisir Aricie ?
de Jean RACINE dans Phèdre, I, 1
5
Adj. m. Qui remporte la victoire.Fasse le ciel qu'Amphitryon vainqueur Avec plaisir soit revu de sa femme !
Comme il n'a jamais refusé ce qui était raisonnable étant vainqueur, il a toujours rejeté ce qui était faible et injuste étant captif
[Les Germains] peuples vainqueurs de l'empire romain dans sa décadence, et qui eussent été exterminés, s'ils avaient eu à combattre les anciennes légions romaines disciplinées
Sémantique : Fig.
Par un ouvrage enfin, des critiques vainqueur
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épître v.
6
En poésie et en termes de galanterie, il se dit de ce qui captive le coeur. Vos yeux vainqueurs. Vos charmes vainqueurs. Objet vainqueur.On dit aussi : un air vainqueur.
Il s'était mis sur son air vainqueur pour achever cette conquête
de Antoine HAMILTON dans Gram. 6
En un autre sens, un air vainqueur, des airs vainqueurs, un air de suffisance, de confiance extrême.
HISTORIQUE
1
XIIe s.Se la victoire nen est lor, E se il ne sont venqueor
de Benoît de Sainte-Maure dans V. 37260
2
XIIIe s.Li vainquieres gaaigne, fors que....
de Philippe de BEAUMANOIR dans LXI, 17
3
XVe s.Et volt [voulut] le roi que la simplece du juif fust vainqueresse de la malice du chrestien
de Christine de PISAN dans Charles V, I, 23
ÉTYMOLOGIE
1
Vaincre ; prov. venceire, vensedor ; esp. vencedor ; ital. vincitore. Dans l'ancien français, vainquiere est le nominatif, vainqueor, le régime.