Définition de ODEUR

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : o-deur ; la prononciation usuelle allonge l'o : ô-deur

DÉFINITIONS

1
Impression particulière que certains corps produisent sur l'organe de l'odorat par leurs émanations volatiles.
Puissent jusques au ciel vos soupirs innocents Monter comme l'odeur d'un agréable encens !
de Jean RACINE dans Esth. I, 2
Notre odorat fut saisi tout à coup d'une senteur agréable, nous nous tournâmes du côté de l'orient d'où nous venait cette odeur
de Alain René LESAGE dans Gil Blas, dans LAFAYE, Synonymes
Je ne sais s'il faut féliciter ou plaindre l'homme sage et peu sensible, que l'odeur des fleurs qu'a sa maîtresse ne fit jamais palpiter
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Émile, II
Oh ! laissez, laissez-moi m'enfuir sur le rivage ! Laissez-moi respirer l'odeur du flot sauvage !
de Victor HUGO dans Éblouissements
Impression que les corps laissent dans l'air et que flairent les animaux d'un odorat exquis. Le loup sent l'odeur de la poudre.
Mon chien bondit, s'écarte et suit avec ardeur L'oiseau dont les zéphirs vont lui porter l'odeur
de ST-LAMB. dans Saisons, III
Odeur de meule, odeur que la farine contracte par des meules neuves.
Odeur électrique, odeur que l'on sent à l'approche d'un corps actuellement électrisé.
Odeur de sainteté, odeur agréable que l'on dit que répandaient les sépultures des saints.
Sémantique : Fig. En odeur de sainteté, se dit des personnes assez pieuses pour être regardées, de leur vivant, comme de saints personnages.
Il passe pour constant qu'une religieuse qui est en odeur de sainteté a prédit, il y a deux ans, que la messe se dirait publiquement cette année à Utrecht
de Paul PELLISSON dans Lett. hist. t. I, p. 131, dans POUGENS
Mourir en odeur de sainteté, mourir en état de grâce.
Sémantique : Familièrement. Il n'est pas en odeur de sainteté auprès de moi, c'est-à-dire il n'est pas bien dans mon esprit.
2
Sémantique : Fig. Impression faite sur l'âme, sur l'esprit, et comparée à l'impression faite sur le sens de l'odorat.
Je serais bien fâché d'avoir touché à la réputation de la reine.... ni d'avoir voulu corrompre une mémoire de si excellente odeur que la sienne
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans livre VII, lett. 5
Les Pays-Bas doivent au P. Bourgoing l'établissement de tant de maisons qui ont répandu au loin la bonne odeur de l'Évangile
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Bourgoing
Aussi était-ce du fond de ses sentiments que se répandait sur ses principaux écrits une certaine odeur de vertu délicieuse pour ceux qui en peuvent être frappés
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Rép. év. Luç. Oeuvr. t. III, p. 363, dans POUGENS
Vous répandez la bonne odeur de Jésus-Christ
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Pet. carême, Vices
L'innocence de leurs moeurs répandait déjà une odeur de vie
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Panégyr. St Bern.
Tout son extérieur [d'Harlay] était gêné, contraint, affecté, l'odeur hypocrite, le maintien faux et cynique
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 193,47
Votre nom répandra toujours une odeur de suavité dans les nations
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. à la Duch. de Choiseul, 13 mars 1771
Cela a une odeur d'antiquité qui plaît
de Denis DIDEROT dans Salon de 1765, Oeuv. t. XIII, p. 348, dans POUGENS
Être en bonne, en mauvaise odeur, avoir une bonne, une mauvaise réputation.
Vous nous avez mis en mauvaise odeur devant Pharaon et devant ses serviteurs
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Exode, V, 21
3
Nature : Au pl. Parfums. Cet homme craint les odeurs.
La chose du monde la plus malsaine c'est de dormir parmi les odeurs
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 142
L'usage des odeurs produit ces affections spasmodiques
de Pierre Augustin Caron de BEAUMARCHAIS dans Barb. de Sév. II, 15

SYNONYME

1
ODEUR, SENTEUR. Odeur est le terme général ; elle est bonne ou mauvaise. La senteur est une odeur agréable. De plus l'odeur est dans les objets qui l'exhalent ; la senteur est ce qui est senti par le sujet, l'impression qu'il reçoit.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Ce est cil [le basilic] qui de son odor ocist les oisiaus volans
de Brunetto LATINI dans Trésor, p. 192
2
XVIe s.
L'odeur du vin o combien plus est friant, riant, priant, plus celeste et delitieux que d'huyle !
de François RABELAIS dans Garg. I, Prol.
Ils leur font perdre leur mauvaise odeur par la mixtion des choses odorantes et parfums
de Ambroise PARÉ dans XXIII, 7
L'odeur vineux des grands banquets
de BOUCHET dans Serées, livre I, p. 32, dans LACURNE
Son nom retint toujours quelque bonne odeur envers aucuns gentilhommes et la commune
dans Nuits de Straparole, t. II, p. 219, dans LACURNE
Il est dict d'aulcuns, comme Alexandre le grand, que leur sueur espandoit une odeur souefve, par quelque rare et extraordinaire complexion
de Michel de MONTAIGNE dans I, 391

ÉTYMOLOGIE

1
Bourg. odou ; prov. et portug. odor ; ital. odore ; du lat. odorem. Les latinistes du XVIe siècle tentèrent de faire odeur du masculin. Au reste Brunetto Latini, Italien écrivant en français, l'avait fait masculin au XIIIe siècle.

Synonymes de ODEUR

Termes proches de ODEUR